Royaume-Uni : Starmer promet des cours obligatoires et un mémorial de la Shoah
Évoquant le pic d'antisémitisme depuis le 7 octobre, le Premier ministre britannique a annoncé sa visite à Auschwitz et la construction d'un mémorial près du parlement, "fièrement, sans vergogne"
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé une nouvelle initiative destinée à renforcer l’enseignement de la Shoah dans les écoles britanniques et ajouté que le gouvernement allait faire édifier près du Parlement le mémorial de la Shoah attendu depuis longtemps.
Starmer s’exprimait lundi à l’occasion d’un événement de l’Holocaust Educational Trust du Royaume-Uni qui a réuni 500 invités, dont le grand rabbin britannique Ephraim Mirvis. Starmer a évoqué la moindre participation aux événements de la Journée de commémoration de la Shoah et le regain d’antisémitisme qui a suivi le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas l’an dernier.
Selon le Community Security Trust, qui surveille l’antisémitisme, les incidents antisémites dans le pays ont plus que doublé au premier semestre de cette année par rapport à la même période de 2023.
« Chaque année, nous disons ‘plus jamais’ », a rappelé Starmer. « Pourtant, le 7 octobre, plus d’un millier de personnes ont été massacrées par le Hamas pour une seule et même raison : parce qu’elles étaient juives. Nous disons plus jamais, et pourtant, l’an dernier, nous avons connu des niveaux records d’antisémitisme, ici même en Grande-Bretagne. La haine défile dans nos rues et c’est le pouls de la peur bat au sein de cette communauté. »
Starmer est Premier ministre depuis le mois de juillet, suite à la victoire écrasante du parti travailliste après 14 ans de règne conservateur. A la tête de ce parti, il a succédé à Jeremy Corbyn, accusé à plusieurs reprises d’antisémitisme. Starmer, dont l’épouse Victoria Alexander est juive, a fait le nécessaire pour débarrasser le parti de toute trace d’antisémitisme dès qu’il en a pris la tête.
« Nous nous battrons de toutes nos forces », a-t-il déclaré. « Tout comme je me suis battu pour sortir mon parti de l’abîme de l’antisémitisme, je vous promets que je ferai de même à la tête du pays. »
Cela fait maintenant une dizaine d’années qu’existe le projet de mémorial national de la Shoah. Mais à chaque fois, le projet a fait face à des objections allant de questions d’aménagement paysager à des inquiétudes quant à la surestimation du rôle de la Grande-Bretagne dans le sauvetage des Juifs d’Europe pendant la Shoah.
« Nous construirons ce mémorial national de la Shoah et lieu d’enseignement et nous le ferons à côté du Parlement, avec audace, fierté et sans vergogne », a déclaré Starmer.
« Non pas au titre d’une initiative de la communauté juive, mais d’une initiative nationale – une déclaration nationale en faveur de la vérité de la Shoah et de la place qu’elle occupe dans notre conscience nationale, rappel permanent de ce à quoi mènennt la haine et les préjugés. »
Starmer a déclaré que les cours sur la Shoah resteraient au programme des écoles britanniques et que le gouvernement s’assurerait qu’ils sont prodigués dans tous les établissements.
« Premièrement, la Shoah restera au programme quoi qu’il arrive », a déclaré Starmer. « Et deuxièmement, même les écoles qui ne sont pas actuellement tenues de suivre le programme officiel devront enseigner la Shoah lorsque le nouveau programme entrera en vigueur. Pour la première fois, l’étude de la Shoah va devenir un élément central et vital de l’identité des élèves. Il ne s’agira pas seulement de l’étudier, mais aussi d’en tirer des leçons. »
Dans le cadre de cette nouvelle initiative, les élèves « entendront des témoignages enregistrés de rescapés », a expliqué Starmer.
En plus du projet de construction du mémorial de la Shoah, Starmer a indiqué que son gouvernement continuerait de financer – à hauteur de près de 2.2 millions de Livres l’an prochain – le programme Lessons from Auschwitz de l’Holocaust Educational Trust, qui envoie des élèves en Pologne pour voir les camps de concentration.
Il a enfin invité les élèves à rencontrer des rescapés ou communiquer avec eux avec les utils technologiques à leur disposition et ajouté qu’il se rendrait lui-même à Auschwitz.
« Je sais qu’il n’y a rien de mieux que ce que l’on expérimente par soi-même », a-t-il conclu.