Saar menace de quitter la coalition s’il ne siège pas rapidement au cabinet de guerre
Le chef de Tikva Hadasha explique sa scission avec Gantz par les désaccords idéologiques entre les deux hommes ; il dit qu'il ne rejoindra pas le Likud et fustige la gestion de la guerre
Le leader du parti Tikva Hadasha, Gidon Saar, a déclaré samedi qu’il démissionnerait du gouvernement si le Premier ministre ne le nommait pas au sein du cabinet de guerre dans un avenir proche, quelques jours après avoir rompu son alliance politique avec Benny Gantz.
Saar avait intégré le gouvernement en urgence dans le cadre de HaMahane HaMamlahti après le déclenchement de la guerre à Gaza – une guerre qui avait éclaté quand le Hamas avait commis son assaut meurtrier dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Mardi, Saar a annoncé que sa faction Tikva Hadasha mettait un terme à son alliance avec Kakhol lavan, la formation de Gantz, ajoutant qu’il était bien déterminé « à exprimer de manière claire notre vision du monde, nationale et civile dorénavant ».
Prenant la parole devant les caméras de la Douzième chaîne, Saar a expliqué qu’il avait fait part à Netanyahu de l’intention de Tikva Hadasha de démissionner et de rejoindre les rangs de l’opposition s’il ne devait pas occuper un siège au cabinet de guerre. Il a noté avoir donné « une échéance de quelques jours » au Premier ministre.
Trois membres du cabinet de guerre ont actuellement le droit de vote : Netanyahu, Gantz et le ministre de la Défense Yoav Gallant. Gadi Eisenkot, du parti Kakhol lavan, y siège en tant qu’observateur comme c’est le cas également de deux proches du Premier ministre, le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer et le chef de la faction ultra-orthodoxe Shas, Aryeh Deri.
« J’ai dit que je resterais au sein du gouvernement si je peux avoir une influence sur les choses et sur la bonne direction à prendre », a déclaré Saar. « Je veux avoir la chance d’essayer d’avoir une influence. Et je ne pourrais pas en avoir une hors du cabinet de guerre ».
Alors que les liens entre Netanyahu et Saar sont, depuis longtemps, teintés d’animosité, conserver Saar, l’ancien rival du Premier ministre au Likud, au gouvernement pourrait diluer l’influence des autres partenaires de coalition de ce dernier si Gantz et son parti devaient partir – ce départ étant une possibilité qui, à terme, est largement envisagée.
Expliquant sa demande de rejoindre le cabinet de guerre, Saar a dit ne pas être satisfait des décisions prises par ce dernier. Il a estimé que l’offensive militaire, dans la bande de Gaza, était tombée dans l’impasse.
« Chaque jour qui passe, nous nous éloignons un peu plus de la victoire », a expliqué Saar. « Il n’y a pas de plan concret, de ce que je peux constater, visant à détruire les capacités militaires et gouvernementales du Hamas ».
Alors qu’il lui était demandé pourquoi il avait rompu son alliance avec Gantz, Saar a évoqué des désaccords idéologiques irréconciliables, évoquant en particulier l’absence du responsable de Kakhol lavan lors d’un vote, à la Knesset, qui concernait l’exclusion du parlement d’un député d’extrême-gauche qui avait soutenu l’Afrique du sud dans sa requête contre Israël auprès de la Cour internationale de justice, une requête où Pretoria accuse l’État juif de génocide. Le vote avait échoué.
Saar, qui avait quitté le Likud au mois de décembre 2021 après avoir tenté, en vain, de prendre la tête du parti face à Netanyahu, a établi clairement qu’il était favorable à des élections anticipées, à la fin de la guerre, et qu’il ne prévoyait pas de réintégrer son ancien parti, avec ou sans Netanyahu.
« Le pays a besoin d’être réparé et je garde de la constance dans mes points de vue », a dit Saar.
Sa faction Tikva Hadasha, qui occupe quatre sièges au parlement, avait fusionné avec Kakhol lavan de Benny Gantz, qui a huit sièges à la Knesset. Un sondage réalisé après la scission de HaMahane HaMamlahti, cette semaine, a indiqué que Tikva Hadasha pourrait gagner quatre à huit fauteuils si des élections devaient avoir lieu aujourd’hui.
Sam Sokol a contribué à cet article.