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Sandrine Kiberlain derrière la caméra pour traiter de l’antisémitisme qui la « hante »

Petite-fille de rescapés de la Shoah, la comédienne passe à la réalisation avec un film qui a pour décor le Paris de mai 1942, où les Juifs doivent désormais porter l'étoile jaune

Sandrine Kiberlain au Festival de Deauville en 2018. (Crédit : Georges Biard / CC BY-SA 4.0)
Sandrine Kiberlain au Festival de Deauville en 2018. (Crédit : Georges Biard / CC BY-SA 4.0)

« Être celle qui dirige plutôt que l’objet de désir d’un metteur en scène » : visage familier du cinéma français depuis trois décennies, Sandrine Kiberlain passe à la réalisation avec « Une jeune fille qui va bien », son premier long-métrage, qui sort en salles en France ce mercredi.

Maggie Gyllenhaal tout récemment avec « The Lost Daughter », Nicole Garcia depuis les années 1990, Mélanie Laurent ou Maïwenn dès l’aube de leurs 30 ans… A 53 ans, Sandrine Kiberlain rejoint la liste des actrices qui ont décidé de mettre en images leurs propres récits.

Un projet de longue date pour une comédienne à l’aise dans tous les registres (Césarisée en juge d’instruction psychorigide dans la comédie d’Albert Dupontel « 9 mois ferme » en 1994), qui attendait de « trouver le bon angle » pour aborder « une question qui (la) hante », celle de l’antisémitisme ».

Le film est un touchant portrait d’adolescente au bord du précipice, celui d’Irène (interprétée par la benjamine de la Comédie-Française, Rebecca Marder), qui ne vit que pour le théâtre, passe les auditions et découvre l’amour dans une certaine insouciance.

Mais la jeune Française juive ne peut ignorer l’orage qui s’annonce : l’étau de la collaboration et de l’antisémitisme se resserre dans le Paris de mai 1942, où les Juifs doivent désormais porter l’étoile jaune.

« On suit le quotidien d’une jeune fille ultra vivante qui ne peut pas soupçonner de quoi le lendemain sera fait », souligne la réalisatrice dans un entretien avec l’AFP. « Nous, on a de l’avance sur elle, on sait ce qui va se passer, donc bien sûr on a peur », et le film, qui évite tout pathos, « est comme une interaction entre elle et nous ».

Petite-fille de quatre grands-parents juifs polonais, arrivés en France en 1933, et rescapés de la Shoah, fille d’un expert-comptable qui a rencontré sa femme dans un atelier de théâtre, Sandrine Kiberlain explique avoir mis énormément d’elle-même dans le projet.

« Je voulais traiter cette époque, du pourquoi et du comment de l’antisémitisme, mais ne surtout pas refaire ce qui a déjà été fait. Traiter non pas le drame, mais la joie », d’avant la catastrophe : « raconter le meilleur, pour qu’on ait peur du pire ».

L’étoile jaune, que les Juifs étaient forcés de porter pendant le règne nazi, où l’on peut lire « Juif », est exposée dans une vitrine du mémorial de Wewelsburg à Bueren-Wewelsburg, en Allemagne, le 22 janvier 2015. (Photo par Caroline Seidel/picture alliance via Getty Images)

« Quand on écrit, on écrit sur soi, et bien sûr je me suis projetée au même âge, à mes débuts d’actrice et tout ce qu’on ose à cet âge-là », poursuit celle qui a joué dans plus de 60 films (« Mademoiselle Chambon », « Polisse », « En avoir ou pas »…) et dit n’avoir jamais oublié ses premiers compagnons du Conservatoire.

Au final, « le film me raconte plus que quand on va me voir dans les films des autres. Si les gens veulent me connaître, c’est ce film-là qu’ils doivent aller voir ! ».

Obsession pour les lacets

Sur le plateau, Sandrine Kiberlain « sait ce qui peut casser ou peut porter un acteur », et « prenait un soin incroyable à sacraliser le jeu, demandant un silence religieux », témoigne Rebecca Marder, qui a tenu là son premier rôle principal de cinéma. « Elle dirige avec un tact et une intelligence du jeu propres à ce métier de comédienne ».

« Je connaissais (le fonctionnement) d’un tournage », reconnaît la réalisatrice, « mais je ne savais pas ce que c’était de décider de tout, jusqu’aux lacets des chaussures. On devient très obsessionnel ! ».

Pour réaliser, il a fallu attendre d’avoir suffisamment « confiance » mais aussi, plus concrètement, de « pouvoir prendre le temps », celui que « les enfants grandissent ».

Suzanne, la fille qu’elle a eue avec son ex-mari Vincent Lindon, a sorti l’an dernier son premier film, « Seize Printemps », également un portrait d’adolescente ivre de théâtre et d’amour – une coïncidence, assure Sandrine Kiberlain.

Elle-même espère transformer l’essai avec d’autres films. Mais à deux conditions : « ressentir une nécessité, quelque chose qui fait qu’on ne pense qu’à ça, et pouvoir apporter quelque chose de nouveau ».

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