Sécheresse : L’Iran veut prendre des mesures pour capter l’eau d’une rivière afghane
Pour tenter de résoudre leur différend, Téhéran et Kaboul avaient signé en 1973 un traité qui donne à l'Iran le droit d'utiliser 22 mètres cubes des eaux par seconde
L’Iran a déclaré vendredi qu’il se « réservait » le droit de prendre des mesures dans le cadre d’un conflit sur la distribution de l’eau avec l’Afghanistan, un barrage sur une rivière limitant le débit d’eau dans le pays frappé par la sécheresse.
La répartition de l’eau de la rivière Helmand, longue de 1 150 km, qui prend sa source dans le centre de l’Afghanistan et permet d’irriguer de larges terres agricoles dans la province du Sistan-Balouchistan, dans le sud-est de l’Iran, est source de tension depuis des dizaines d’années.
Pour tenter de résoudre leur différend, Téhéran et Kaboul ont signé en 1973 un traité qui donne à l’Iran le droit d’utiliser 22 mètres cubes des eaux par seconde, plus éventuellement quatre mètres cubes supplémentaires.
Mais l’Iran accuse l’Afghanistan de ne pas respecter cet accord, reprochant notamment au barrage Kajaki, l’un des principaux barrages hydroélectriques d’Afghanistan, de limiter leur approvisionnement en eau.
« La République islamique d’Iran se réserve le droit de prendre les mesures nécessaires et souligne l’entière responsabilité de l’Afghanistan à cet égard », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Dans la pratique, les dirigeants afghans n’ont pas honoré les engagements pris dans le cadre du traité et n’ont pas offert la coopération nécessaire pour fournir à l’Iran ses droits légaux en matière d’eau », a ajouté le ministère, qui estime que la situation est « inacceptable ».
Il a également qualifié de « contradictoire et fausse » une déclaration faite jeudi par les autorités afghanes au pouvoir, selon laquelle le manque de précipitations et une grave sécheresse serait à l’origine de l’arrêt de l’acheminement de l’eau vers l’Iran, le niveau du fleuve ayant baissé.
Le porte-parole du gouvernement afghan, Zabihullah Mujahid, a toutefois déclaré sur Twitter que l’Afghanistan était « déterminé à remplir ses obligations » mais que les « déclarations inappropriées » faites par l’Iran à cet égard pouvaient nuire aux liens entre les deux pays.
Mujahid fait référence à une mise en garde du président, iranien Ebrahim Raïssi, qui a demandé jeudi à l’Afghanistan de laisser couler l’eau de la rivière Helmand pour son pays, appelant Kaboul à considérer « sérieusement » son avertissement pour « ne pas se plaindre ensuite ».
Pays aride, l’Iran connaît depuis des années des épisodes de sécheresse à répétition, notamment dans le sud-est, où le lac Hamoun, alimenté par l’Helmand, est désormais tari alors qu’il était auparavant au cœur de la septième zone humide au monde.