Selon son président, l’existence de la Bibliothèque nationale menacée par la coalition
Le ministre de l’Éducation Yoav Kisch souhaite mettre fin à l’indépendance de la Bibliothèque Nationale, pour que le gouvernement puisse en nommer le directeur

Le président du conseil d’administration de la Bibliothèque nationale d’Israël, Sallai Meridor, a fait savoir que les projets gouvernementaux pour la Bibliothèque nationale faisaient peser une menace réelle sur l’institution.
« Le premier atout de la Bibliothèque nationale est la fiducie publique, qui permet à des particuliers d’y déposer leurs œuvres et collections au profit de la population et des générations futures. La perte de confiance du public ne pourra que compromettre la remise de trésors nationaux à Jérusalem », a déclaré jeudi Meridor, ex-ambassadeur d’Israël aux États-Unis.
Cette mise en garde fait suite aux informations selon lesquelles le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, souhaiterait que le gouvernement lui donne la majorité des voix dans le choix des membres du conseil d’administration chargés de nommer la direction de l’établissement.
« En ces jours de division, très préjudiciables à la réputation d’Israël, il est stupéfiant qu’ils envisagent de revenir sur un principe fondateur, au risque de porter un sérieux coup à ce qui est, à bien des égards pour la population, un véritable trésor national », a déclaré Meridor, ajoutant que cette décision placerait la bibliothèque dans le giron des politiciens.
Jeudi, le quotidien Haaretz a publié une ébauche de la proposition de Kisch, rappelant que la droite s’en prenait à la bibliothèque depuis la nomination de l’ex-procureur de l’État, Shai Nitzan, au poste de président de la bibliothèque.
Nitzan a été très actif dans la mise en accusation du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour des faits de corruption.
Nitzan a été vivement critiqué par Netanyahu et ses alliés tout au long de l’enquête pour corruption envers le Premier ministre, en particulier depuis le dépôt des accusations (pots-de-vin, abus de confiance et fraude).

Les soutiens du Premier ministre accusent Nitzan d’avoir comploté en vue de destituer illégalement le Premier ministre, pour des motifs politiciens.
La Bibliothèque nationale d’Israël a été fondée en 1892 pour devenir le centre mondial de conservation des trésors spirituels du peuple juif.
En 2007, la Knesset a promulgué une loi sur la Bibliothèque nationale, lui accordant un statut d’indépendance afin de documenter la création culturelle dans l’État d’Israël et fournir au grand public un accès gratuit à ses extraordinaires collections.
« La volonté de revenir sur cette loi, prise à dessein et avec un large consensus, mais cette fois sans consulter les responsables de la bibliothèque ou leurs partenaires, est un acte d’ingérence grossier qui met en péril l’existence de la Bibliothèque nationale, trésor du peuple juif depuis des générations, dépositaire de la culture israélienne », a déclaré Meridor.
Vendredi, le site d’information Walla a indiqué que la procureure générale, Gali Baharav-Miara, avait fait savoir à Kisch qu’il ne pouvait pas inclure cette proposition au projet de loi sur les arrangements économiques précisant les modalités de mise en œuvre du budget de l’État.
Le gouvernement votait vendredi sur le projet de loi de finances et les arrangements correspondants.
Baharav-Miara aurait expliqué à Kisch qu’il ne pouvait pas inclure sa motion car elle avait court-circuité les procédures professionnelles et juridiques appropriées. En outre, elle a été soumise sans annexes, alors même qu’elle « soulève des questions importantes concernant l’indépendance de la Bibliothèque nationale ».
Par le passé, Netanyahu a souligné l’importance de disposer d’une bibliothèque indépendante.
S’exprimant lors de la cérémonie de pose de la première pierre du nouveau bâtiment de la bibliothèque, en 2016, Netanyahu avait déclaré qu’elle était un « lieu de culture, de liberté intellectuelle, de compréhension et de progrès, une rareté au Moyen-Orient ».

« La Bibliothèque nationale est un des piliers d’une société pluraliste. Là où les fanatiques islamistes détruisent des trésors culturels, nous cultivons la culture de l’esprit », avait-il ajouté.
Les décisions gouvernementales tendant à prendre le contrôle de la bibliothèque s’inscrivent dans un contexte de manifestations de grande ampleur contre le projet de réforme judiciaire, qui comprend notamment une nomination des juges par le pouvoir politique.
Ses opposants assurent que ces mesures auront pour effet de saper les fondements de la démocratie israélienne et de porter un coup sévère à son économie et sa sécurité.