Près de Jabaliya, « il n’y a pas une maison sans armes ici », selon un officier de Tsahal
S’exprimant depuis une ville détruite dans le nord de la bande de Gaza, un commandant du bataillon de réserve affirme que le Hamas a violé la trêve dès le début
SALATIN, Bande de Gaza – Deux semaines se sont écoulées depuis le début de la trêve entre l’armée israélienne et le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, et une semaine jour pour jour depuis qu’elle a pris fin.
Peu de temps après que le groupe terroriste a clairement indiqué qu’il ne respectait plus l’accord de cessez-le-feu, le 1er décembre, l’armée a repris les combats dans l’enclave palestinienne.
Mais un officier supérieur révèle aujourd’hui que le Hamas avait violé la trêve bien plus tôt, à savoir 15 minutes après son début, le 24 novembre dernier.
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« Nous étions ici, bien préparés », explique au Times of Israël et à d’autres journalistes depuis la ville palestinienne de Salatin, non loin de Jabaliya, dans le nord de Gaza le lieutenant-colonel (réserviste) Yisrael — son nom de famille n’est pas divulgué par l’armée pour des raisons de sécurité —, commandant du 8717e bataillon « Alon » de la 261e brigade.
« La trêve a commencé à 7h du matin et, dès 7h15, des dizaines de terroristes se sont rués sur nous de toutes parts. Certains ont ouvert le feu et ont été tués par nos soldats. Entre 7h15 et 8h30, nous avons tué 20 terroristes. Ils ont réalisé qu’il ne fallait pas jouer avec nous, et l’agression a cessé », explique Yisrael.
Il ajoute que, vers 7h15, toujours le 24 novembre, une famille palestinienne a tenté de rentrer chez elle dans les environs. Alors que la famille s’approchait de son immeuble, des coups de feu ont été tirés sur les soldats israéliens depuis une maison voisine.
« Les troupes ont riposté, je ne sais pas si nous avons touché [le tireur], il s’est probablement enfui », précise Yisrael. « Le lendemain matin, nous sommes allés voir du côté du bâtiment et avons trouvé sa kalachnikov [fusil d’assaut] et son uniforme. Cela montre bien comment ils procèdent. Le terroriste était venu avec sa famille. Ils n’ont aucune pitié pour leurs proches, pour leurs enfants. »
Yisrael explique que les membres du Hamas se battent comme des « lâches ».
« Ils n’essaient pas vraiment de nous affronter, mais de piquer, ici ou là. Leur mode opératoire, c’est de se faire passer pour des civils pour prendre la fuite, en abandonnant leur uniforme, leurs fusils, leurs missiles antichars, leurs explosifs. Ils s’enfuient. Une fois que nous partons, ils reviennent et attaquent les soldats qui nous relaient. »
Pour Yisrael, les attaques du 24 novembre sont une « exploitation cynique » de la trêve.
L’armée israélienne a signalé d’autres violations de la trêve. Mais les violations survenues dans les premières minutes du cessez-le-feu n’ont pas été mentionnées par l’armée israélienne, sans doute dans le but de faire respecter l’accord, qui a permis que le Hamas libère au total 105 otages civils, en échange d’une accalmie dans les combats et de la libération par Israël de 240 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël. Le cessez-le-feu a pris fin tôt dans la journée du 1er décembre, lorsque le Hamas a refusé de remettre une nouvelle liste d’otages libérables et a tiré des roquettes sur Israël peu avant 7h du matin.
« Dans chaque maison, il y a des armes, des tunnels »
« Nous travaillons dur ici, chaque jour, pour nettoyer la zone. Partout où il y a des terroristes, nous les tuons. Partout où il y a des infrastructures, nous les détruisons. Nous retournons chaque pierre, nous nettoyons chaque maison », affirme Yisrael.
« Il n’y a pas une seule maison sans armes ici, pas une maison sans tunnels. C’est incroyable. Sur plusieurs dizaines de mètres, à l’intérieur des maisons, nous avons trouvé des dizaines de lance-roquettes. Nous avons trouvé des kalachnikovs sous les matelas, dans les placards. Ils ne sont pas apparus là par magie, on les a cachés dans ces maisons. »
Selon lui, le fait, pour le Hamas, de cacher des armes et des infrastructures au milieu des civils témoigne de la façon dont ils tentent de « profiter de la sensibilité que nous avions avant ».
« Écoles, cimetière, hôpital… C’est là qu’ils ont concentré les entrées de tunnels. Ils pensaient que nous ne frapperions pas là, mais c’est bien là que nous avons trouvé les principales infrastructures de l’ennemi. »
Il ajoute que son bataillon fait en sorte de « priver l’ennemi de ses capacités », lors de ses opérations lentes mais approfondies dans le nord de Gaza.
« L’ennemi n’a plus d’endroit où aller. Il n’a plus d’infrastructures pour s’abriter, plus d’armes dans les maisons qu’il pourrait utiliser contre nous. »
Alors que nous faisons un tour du secteur, Yisrael nous montre deux sites de tirs de roquettes, ainsi qu’un lance-mortier que les troupes ont trouvé tout près des habitations. L’un des postes de tirs de roquettes, partiellement détruit par les forces de l’ordre, a encore des câbles qui le relient au sous-sol de l’une des maisons.
Trois profonds cratères ont été creusés entre les habitations par des frappes de l’armée de l’air israélienne. Le lanceur de mortier, qui visait la communauté frontalière israélienne de Netiv Haasara, est intact. L’une des frappes de l’armée de l’air israélienne avait manqué sa cible d’un mètre, justifiant le besoin de Tsahal d’envoyer des troupes au sol.
Dans un autre quartier de Salatin, Yisrael nous montre une entrée de tunnel située juste devant une maison. Il est profond de 15 mètres, selon lui. Le tunnel sera détruit dans la journée.
Lorsqu’on lui demande s’il craint de ne pas voir de tunnels qui pourraient être utilisés pour attaquer les forces au moment où elles s’y attendent le moins, il répond : « Il y a des tunnels partout à Gaza, cela prend du temps. »
Réservistes de tous âges
La 261e brigade est composée de réservistes, pour la plupart d’anciens membres de la brigade d’infanterie Givati, ainsi que de cadets de l’école d’officiers de Bahad 1 de Tsahal. Le 8717e bataillon a perdu deux soldats au cours des batailles dans le nord de Gaza – le sergent-major (réserviste) Rani Tahan et le sergent-chef (réserviste) Yakir Biton – ainsi que deux autres réservistes tués lors de l’assaut du 7 octobre – Ariel Refael Guri et Orel Alon.
Yisraël a une femme et des enfants qui l’attendent à la maison, comme tous les membres de son bataillon.
« C’est difficile, complexe, très difficile : ces enfants n’ont pas vu leur père depuis deux mois… mais je crois que tout le monde comprend que nous n’avons pas le choix », confie Yisrael.
Yisraël se dit également conscient des difficultés de ses soldats. « Je ne vais pas dire que ce n’est pas difficile, c’est très difficile, les gens ont des difficultés à cause de leur travail, c’est complexe pour les familles. »
« Mais ceux qui sont là depuis 63 jours maintenant, ceux qui sont là et se battent, ont dépassé la douleur physique et la douleur morale. Ils sont là parce qu’ils le veulent, par amitié, par désir de remplir la mission. »
« Personne n’est ici parce que je leur demande », explique-t-il, rappelant qu’une soixantaine d’entre eux sont volontaires, car ils sont assez âgés pour être exemptés.
« Le bataillon est composé de réservistes, d’anciens combattants et de jeunes soldats. Certains ont presque la cinquantaine, un ou deux d’entre eux un peu plus même. Nous avons des soldats plus jeunes qui ont terminé leur service militaire il y a un an », explique Yisrael. « Ces gens sacrifient tout pour leur pays, ce sont les meilleures personnes du pays. Ils ont tout laissé derrière eux, leurs proches, leur travail, pour venir se battre ici. »
« J’ai l’impression que nous sommes enfin en train d’éradiquer le Hamas. Nous avons vu les horreurs du 7 octobre, mon bataillon a vu les corps. Nous ne plaisantons pas, nous savons exactement ce que nous faisons ici », assure-t-il.
« Notre équipement n’est peut-être pas aussi bon que celui des unités permanentes de l’armée, mais nous avons un bon mental, et nous sommes ici pour nous battre, tuer l’ennemi, gagner et rentrer chez nous », conclut Yisrael.
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