Shaked réclame la peine de mort pour le suspect du meurtre de Jérusalem
La ministre de la Justice et d'autres sont certains du caractère nationaliste du meurtre d'Ori Ansbacher, dans une zone boisée de la capitale ; l'enquête continue
Une ministre de premier plan a demandé aux procureurs, samedi, de réclamer la peine de mort contre un suspect palestinien arrêté dans l’affaire du meurtre d’une jeune israélienne à Jérusalem, la semaine dernière.
Arafat Irfayia, 29 ans, a été appréhendé vendredi, soupçonné d’avoir tué Ori Ansbacher, 19 ans, dans une zone boisée du sud de Jérusalem, jeudi – une affaire qui a suscité l’indignation dans tout le pays.
Selon les autorités, le crime d’Irfayia pourrait avoir un mobile nationaliste, ont fait savoir les médias en hébreu. Elles s’intéressent aussi à un éventuel caractère purement sexuel de l’attaque.
La ministre de la Justice Ayelet Shaked a déclaré à la Treizième chaîne samedi que « les procureurs militaires doivent demander la peine de mort ».
Shaked et d’autres ministres ont insisté sur le fait que ce meurtre représentait un attentat terroriste, malgré l’embargo de la plus grande partie des détails du crime.
« Nous ne devons pas dissimuler la vérité », a-t-elle déclaré à la chaîne d’information. « Il a tué Ori parce qu’elle était juive ».
Le corps sans vie d’Ansbacher, originaire de l’implantation de Tekoa, en Cisjordanie, dans le sud de Jérusalem, avait été retrouvé dans les bois d’Ein Yael jeudi dans la soirée. La police a précisé que la dépouille présentait des « traces de violences ». La jeune femme avait disparu dans la matinée.
Citant le récit livré par le suspect pendant son interrogatoire, la police et le Shin Bet ont indiqué, dans un communiqué samedi dans la soirée, qu’Irfaiya avait quitté son domicile de Hébron, jeudi, armé d’un couteau et qu’il s’était rendu à Jérusalem où il avait remarqué Ansbacher dans les bois, avant de l’attaquer mortellement.
Il a été arrêté vendredi au cours d’un raid mené à Ramallah, mais n’a pas encore été inculpé. Irfayia avait été emprisonné dans l’Etat juif par le passé pour être entré illégalement en Israël et pour possession d’un couteau, a noté la Treizième chaîne.
Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a pour sa part expliqué samedi que les autorités devaient aborder l’affaire comme un acte de terrorisme, quoi qu’il arrive.
« Quand un Palestinien assassine une Juive au sein de l’Etat d’Israël, il est indubitable qu’il faut considérer cet acte comme un meurtre nationaliste », a-t-il dit devant les caméras de la Treizième chaîne. « Peu importe ce qu’il dit ou ce qu’il tait durant l’interrogatoire. J’espère que les autorités concernées comprendreront cela et si ce n’est pas le cas, nous devrons alors légiférer ».
Même si la peine capitale existe officiellement dans la loi israélienne, elle n’a été prononcée qu’à une seule occasion – en 1962, lors du procès de l’officier nazi Adolf Eichmann, l’un des architectes de la Shoah. Elle est techniquement autorisée dans les affaires de haute-trahison, ainsi que dans certaines circonstances sous les termes de la loi martiale qui s’applique au sein de l’armée en Cisjordanie. Elle nécessite une décision à l’unanimité de la part de trois juges et n’a jamais été mise en œuvre.
La législation aurait pu s’élargir aux terroristes mais n’était pas parvenue à convaincre les parlementaires à la fin de l’année dernière, dans un contexte de querelles politiques après le départ de la coalition du leader de la formation Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, qui avait défendu le texte.
Au mois d’avril, Shaked avait expliqué au site d’information Ynet qu’elle était favorable à la peine de mort dans des cas extrêmes mais qu’elle estimait qu’une nouvelle loi ne s’imposait pas, les procureurs militaires jouissant d’ores et déjà de cette option.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui supervise en tant que ministre de la Défense les procureurs militaires, avait soutenu le texte sur la peine de mort au mois de novembre. Il avait déjà réclamé la peine capitale après un attentat terroriste survenu en 2017, au cours duquel plusieurs membres d’une même famille avaient été mortellement poignardés dans leur habitation de l’implantation de Halamish, en Cisjordanie.
La législation avait toutefois rencontré l’opposition des responsables de la sécurité et notamment celle du chef du Shin Bet, Nadav Argaman, qui l’avait qualifiée « d’inutile » lors d’une audition devant un comité de la Knesset au mois de novembre.
Samedi, Liberman et le chef du parti de l’Union nationale Bezalel Smotrich ont vivement recommandé aux députés de reconsidérer le texte sur la peine capitale suite à la mort d’Ansbacher. D’autres ont appelé à réfléchir à d’autres mesures radicales.
Le ministre de l’Education Naftali Bennett, qui a fondé le parti HaYamin HaHadash aux côtés de Shaked en vue des élections du mois d’avril, a demandé à Netanyahu de mettre en œuvre une législation adoptée au mois de juillet qui permet de réduire le montant des fonds versés à Ramallah de la somme qu’elle octroie aux terroristes condamnés et aux familles de Palestiniens tués en commettant des attentats.
« Les terroristes n’ont plus peur. En cet instant même, ils préparent le prochain meurtre terrible de Juifs », a dit Bennett dans une déclaration.
Le ministre de l’Education ainsi que Shaked ont promis de soutenir la mise en œuvre de la loi, qui aurait dû prendre effet au mois de janvier.
Les responsables de la sécurité se seraient opposés à cette législation, craignant qu’elle n’entraîne l’effondrement de l’AP – dont les forces de sécurité coopèrent avec l’Etat juif pour limiter les actes terroristes en Cisjordanie.
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