Shaked vient en aide au fils de Chiune Sugihara, « un héros pour les Juifs »
Suite à un article du ToI, Ayelet Shaked est intervenue pour permettre au fils de l'envoyé japonais qui a sauvé 10 000 Juifs des nazis d'entrer en Israël pour une cérémonie
La ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked est personnellement intervenue jeudi dernier pour obtenir un visa d’entrée pour le fils d’un envoyé japonais qui a sauvé des milliers de Juifs des nazis, après que sa demande ait été initialement refusée en raison de l’absence de documents concernant la COVID-19.
Vendredi matin, Israël a fait volte-face et a accordé au fils de Chiune Sugihara un visa d’entrée pour assister à une cérémonie le 11 octobre au cours de laquelle le nom du diplomate japonais sera donné à une place de Jérusalem.
Après avoir lu l’article du Times of Israel sur ce problème bureaucratique, Mme Shaked a demandé aux fonctionnaires de son ministère de faire le nécessaire pour permettre à Nobuki Sugihara, le fils de Chiune, âgé de 72 ans, et à quatre autres membres de sa famille et amis d’entrer en Israël.
« Sugihara est l’un des Justes parmi les nations qui a sauvé des milliers de Juifs », a déclaré Mme Shaked au Times of Israel. « L’État d’Israël a une grande dette envers lui. J’ai vu l’article et j’ai immédiatement agi pour permettre à son fils et aux membres de sa délégation de se rendre en Israël. C’est un grand honneur pour nous. »
Shaked a été la première ministre israélienne à visiter le musée Port of Humanity Tsuruga au Japon, qui se concentre sur les efforts de Sugihara pour sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Nobuki Sugihara avait demandé un visa d’entrée le 28 septembre par l’intermédiaire de l’ambassade d’Israël à Bruxelles.
« L’examen de votre demande montre qu’elle ne répond pas aux critères permettant d’obtenir un permis d’entrée en Israël pendant cette période de pandémie de COVID-19 », pouvait-on lire dans la réponse.
Il a fallu l’intervention de fonctionnaires israéliens compatissants, jeudi, pour surmonter les obstacles bureaucratiques.
En fin de compte, Eyal Siso – qui siège au comité d’exception interagences créé pour traiter les appels aux restrictions COVID-19 – a signé le document d’entrée.
Altea Steinherz, une résidente de Jérusalem dont le grand-père Itche Topola a été sauvé par Sugihara, a déclaré vendredi au Times of Israel qu’elle était soulagée que « l’injustice et l’embarras soient maintenant derrière nous ».
Mme Steinherz a passé toute la journée de jeudi au téléphone après avoir été informée par Sugihara que sa demande avait été initialement refusée. Certains des bureaucrates avec lesquels elle a parlé n’ont pas vu la situation dans son ensemble, a-t-elle dit, en demandant si Sugihara avait un parent au premier degré dans le pays, un critère d’entrée clé pour un voyageur standard.
Quatre autres membres de la famille et amis – Esin Ayirtman, Haruka Sugihara, Oliver Van Loo et Philippe Bergonzo – qui ont tous reçu deux injections de COVID-19 et soumis leurs papiers de vaccination, avaient initialement vu leurs demandes d’entrée rejetées, mais ont ensuite été acceptées.
La cérémonie, organisée par la municipalité, est prévue le 11 octobre à 16 heures et se déroulera en présence du maire de Jérusalem, Moshe Lion, et de l’ambassadeur du Japon en Israël, Koichi Aiboshi. L’intersection de la route Kolitz et de la rue Panama dans le quartier Ir Ganim deviendra la place Chiune Sugihara.
Le rejet initial provenait d’un désaccord sur qui devait s’occuper des documents de quarantaine et d’assurance maladie de Sugihara.
Avraham Cimerring, un homme d’affaires de Jérusalem dont le père a été sauvé par Sugihara, a déclaré jeudi que Nobuki avait tout simplement refusé de soumettre les documents nécessaires et refusé les efforts répétés de Cimerring pour l’aider à le faire.
Sugihara n’a pas contesté que des documents manquaient, mais a insisté sur le fait que la municipalité devait gérer son entrée en tant qu’invité.
« Je lui ai envoyé tous les documents, sauf deux choses », a expliqué Sugihara. « La première concerne l’endroit où je serais mis en quarantaine au cas où je serais infecté. C’est l’hôte qui doit se porter garant, pas moi. »
Sugihara a souligné qu’il n’avait pas d’amis ou de famille en Israël chez qui il pourrait se mettre en quarantaine, et a considéré que c’était un problème à gérer entièrement par la ville de Jérusalem.
L’autre formulaire manquant était un document d’assurance maladie.
« L’hôte de la cérémonie devrait faire la demande pour nous », a insisté Sugihara.
Durant son court séjour en 1939-40 en tant que vice-consul japonais à Kovno (aujourd’hui Kaunas), en Lituanie, Sugihara a délivré jusqu’à 3 500 visas de transit à des réfugiés juifs et à des familles qui avaient fui la Pologne occupée par les nazis avant l’invasion par l’Allemagne de la Lituanie alors indépendante.
Grâce à ces visas et à un mécanisme complexe d’aide provenant d’autres consuls, d’entreprises et de particuliers, jusqu’à 10 000 Juifs européens ont été sauvés de la Shoah.
Les actes de Sugihara ont été reconnus en 1984 par Israël, qui lui a décerné le titre de Juste parmi les nations, et à titre posthume par le Japon, en 2000.
Aujourd’hui, Sugihara est salué dans le monde entier comme une figure anti-establishment qui est allé à l’encontre des ordres du Japon pour sauver les Juifs, bien que les historiens et Nobuki affirment que cette partie de l’histoire soit en partie mythifié.