Sharansky fustige la « perte de confiance en soi morale » de l’Amérique
Pour l'ancien dissident soviétique, l'Amérique aurait dû exiger que Téhéran change sa politique comme une condition préalable à un accord nucléaire
L’ancien dissident Natan Sharansky, qui avait été emprisonné dans les geôles soviétiques, a critiqué l’administration Obama dans une tribune publiée dans colonnes du Washington Post dénonçant ce qu’il considère comme les concessions de la Maison Blanche à l’Iran, qu’il a attribuées à « la tragique perte de confiance en soi morale » de l’Amérique.
Dans une tribune intitulée « Quand l’Amérique a-t-elle oublié qu’elle est l’Amérique ? », publié vendredi, Sharansky compare l’engagement des Etats-Unis face à l’Union soviétique pendant la guerre froide aux relations de Washington avec l’Iran au cours des dernières années.
Sharansky, qui préside actuellement l’Agence juive pour Israël, a critiqué ce qu’il a décrit comme l’engouement de Washington de parvenir à tout prix à un accord avec l’Iran, malgré l’atroce bilan de Téhéran en matière de droits de l’Homme et son agression régionale.
En l’absence de pression de Washington, Téhéran, écrit-il dans la tribune, « n’éprouve pas le besoin de modérer sa rhétorique appelant à la mort de l’Amérique et à rayer Israël de la carte ».
Pendant la guerre froide, affirme-t-il, les États-Unis n’auraient pas fait de telles concessions à l’Union soviétique.
Sharansky fut un militant des droits de l’homme en Union soviétique. Il a été emprisonné pendant neuf ans pour des accusations d’espionnage pour le compte des États-Unis. Après avoir immigré en Israël en 1986, il a siégé à la Knesset et occupé divers postes ministériels de 1996 à 2005.
« L’administration Obama croit apparemment qu’après la signature d’un accord sur le nucléaire, le monde libre peut s’attendre à ce que l’Iran mette fin à ses tentatives de domination régionale, améliore son bilan en matière de droits de l’Homme et, de façon générale, se comporte comme un État civilisé », a écrit Sharansky.
Il a reproché au président Barack Obama d’avoir déclaré que les Etats-Unis donnent la priorité à engager l’Iran à changer son régime théocratique après que les ayatollahs aient étouffé un soulèvement démocratique en 2009.
Sharansky a attribué le changement dans la volonté des Etats-Unis pour résister aux régimes voyous tels que l’Iran à « une tragique perte de confiance en soi morale » disant que ce changement « ne menace pas seulement les Etats-Unis et Israël mais aussi le peuple iranien et un nombre croissant d’autres personnes vivant sous le régime de Téhéran qui est de plus en plus encouragé ».
« Mais dans le monde post-moderne d’aujourd’hui, où revendiquer la supériorité de la démocratie libérale sur les autres régimes semble une relique d’un pittoresque passé colonialiste, même les États-Unis semblent avoir perdu le courage de leurs convictions. »