Smotrich évoque le gel des subventions avec le leader des maires arabes
Smotrich a redit qu'il ne débloquerait pas les 200 millions NIS sans une meilleure surveillance des fonds - qu'il craint de voir finir entre les mains des organisations criminelles
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich s’est entretenu jeudi avec le président de la commission des autorités arabes au sujet de sa décision de bloquer 200 millions de shekels de subventions pour le développement des villes arabes.
Après sa rencontre avec Mudar Younes, qui est par ailleurs maire de Wadi Arara, Smotrich a répété qu’il ne débloquerait pas ces fonds tant que des mécanismes de surveillance ne seraient pas mis en place pour s’assurer que l’argent ne va pas à des organisations criminelles, comme il le pense.
« C’est l’argent public qui alimente cette industrie du racket et les groupes criminels. C’est ce contre quoi j’entends lutter », a déclaré Smotrich, qui dirige le parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit. « Ce qui se passe aujourd’hui dans les villages et villes arabes est opaque. Ne comptez pas sur moi pour laisser faire. »
Il a défendu sa décision de geler les fonds jusqu’à la mise en place d’une surveillance stricte – une décision qui a été critiquée par certains de ses collègues ministres et qui lui a valu des accusations de racisme de la part de députés de l’opposition.
« Surveiller le transfert des fonds publics afin de s’assurer qu’ils bénéficient effectivement aux citoyens arabes israéliens et non aux organisations criminelles est juste, moral et incontestable », a ajouté Smotrich.
Younes a réagi en demandant le déblocage immédiat des fonds et des actions concrètes contre une criminalité galopante.
« Nous ne laisserons pas le gouvernement ou la police ignorer leurs responsabilités en matière de lutte contre la criminalité. Nous exigeons des budgets sans mise sous surveillance », a déclaré le maire.
Younes a également réagi aux propos de Smotrich selon lesquels ces subventions finiraient entre les mains d’organisations criminelles, en affirmant que le ministre n’était « pas vraiment au courant de ce qui se passait ». Il a fait valoir qu’il existait deux poids, deux mesures, les subventions des municipalités à prédominance juive entachées de cas de corruption n’étant, elles, pas gelées.
« La réponse aux tentatives criminelles de prise de contrôle des autorités locales doit venir de la police, à travers le maintien de l’ordre et les sanctions. Il est inimaginable que l’on punisse les victimes des tentatives de prise de contrôle criminel en lieu et place des vrais coupables», a-t-il ajouté.
La rencontre entre Younes et Smotrich a eu lieu au lendemain d’une altercation avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu survenue lors d’une récente réunion du groupe interministériel de lutte contre la criminalité dans les villes arabes, une criminalité qui empire d’année en année.
Au titre de 2023, 159 membres de la communauté arabe ont d’ores et déjà trouvé la mort dans des circonstances violentes, que la police impute à des organisations criminelles en conflit. Ce chiffre est plus de deux fois plus élevé que pour la même période de 2022.
A notamment eu lieu un quadruple homicide particulièrement violent, mardi soir, à Abu Snan, dans le nord, le lendemain de l’assassinat du chef de la municipalité de Tira. L’une des victimes du quadruple homicide de mardi, Ghazi Saab, était candidat aux prochaines élections municipales et avait annoncé le lancement de sa campagne quelques heures plus tôt.
Saab et ses proches – Zohair al-Din Sa’ab et Amir Saab – également tués dans la fusillade, ont été inhumés jeudi à Abu Snan. La quatrième victime, Salman Halabi, a été enterrée mercredi dans la ville voisine de Yarka.
La police a annoncé l’arrestation à Dir Al Assad, dans le nord, de deux suspects de la fusillade d’Abu Snan, en plus du suspect interpelé à l’aéroport Ben Gurion alors qu’il tentait de quitter le pays.
Le tribunal ayant mis la quasi-totalité des éléments de l’enquête sous embargo, on ignore tout de ce suspect, si ce n’est qu’il vit dans le nord d’Israël. Il devait être présenté devant un tribunal, dans le cadre d’une procédure à huis clos, afin de statuer sur son maintien en détention provisoire.