Soupçonné de falsification de comptes-rendus, le chef de cabinet du Premier ministre est interrogé
Braverman est soupçonné d'avoir modifié la date et l’heure des transcriptions téléphoniques du Premier ministre, le matin du 7 octobre ; Le principal suspect dans l'affaire des fuites de Tsahal bientôt en résidence surveillée
Tzachi Braverman, chef de cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu, est soupçonné de falsification de comptes-rendus au sein du cabinet du Premier ministre, a-t-il été confirmé jeudi, suite à la levée par la justice de l’embargo de communication sur l’affaire.
Braverman a été interrogé par la police pendant plus de cinq heures jeudi, dans l’après-midi et jusqu’au soir.
Braverman est soupçonné d’avoir modifié l’heure à laquelle Netanyahu a reçu la première information concernant l’attaque du Hamas, le 7 octobre, par un appel téléphonique de son secrétaire militaire de l’époque, le major général Avi Gil. Il aurait avancé cette heure de 6h40 à 6h29.
Selon les informations données par la chaine N12, jeudi soir, Braverman aurait commencé par tenter de persuader une sténographe de changer l’heure de la transcription – 6h40 du matin – en lui disant qu’elle était incorrecte, avant, suite à son refus, de le faire lui-même.
Selon le quotidien Haaretz, Gil aurait appelé Netanyahu à 6h29, dès le début de l’attaque du Hamas, mais Netanyahu ne lui aurait donné aucune instruction et lui aurait dit de rappeler dans dix minutes, à 6h40. C’est lors de ce deuxième appel téléphonique – que Braverman aurait modifié pour faire croire qu’il s’agissait du premier – que Netanyahu aurait demandé à Gil un briefing sur l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël, explique Haaretz.
Une enquête a été ouverte lorsque Gil a fait part de ses soupçons à la procureure générale, Gali Baharav-Miara, peu de temps avant de quitter ses fonctions en mai dernier.
Baharav-Miara a alors informé l’unité de la police israélienne chargée des infractions et crimes les plus graves, Lahav 433, qui a ouvert une enquête pour falsification par un agent public.
C’est sur cette base que Braverman a été interrogé jeudi par Lahav 433.
Selon les informations disponibles, le directeur général des services du Premier ministre, Yossi Shelley, aurait lui aussi été entendu jeudi par la police dans le cadre de l’enquête. Shelley n’est ni mis en examen ni suspect dans cette affaire.
Selon la chaîne N12, Gil aurait appelé l’attention de la procureure générale sur deux autres questions.
Il aurait dit à Baharav-Miara que Braverman avait demandé à plusieurs responsables du cabinet du Premier ministre de lui remettre les comptes-rendus des réunions de sécurité tenues par le gouvernement Bennett-Lapid en 2021 et par Netanyahu lors de ses précédents mandats.
On ignore à ce stade pour quelle raison Braverman aurait demandé à se faire remettre ces documents qu’il n’a pas transmis à Netanyahu, précise la chaine. Il les aurait restitués suite au rappel de la procureure générale concernant les modalités de détention des documents classifiés.
L’autre point sur lequel Gil a appelé l’attention porte sur des soupçons de chantage exercé par Braverman sur un officier de Tsahal afin qu’il modifie les protocoles des réunions du Conseil des ministres liées au 7 octobre, en menaçant de rendre publiques des images embarrassantes obtenues grâce aux caméras de sécurité des services du Premier ministre. C’est Kan qui a donné le premier les détails de cette affaire de chantage présumé en début de semaine.
D’après les médias israéliens, la police aurait exclu la possibilité que Braverman se soit livré à un chantage et, à l’issue de l’enquête, a conclu que les accusations étaient infondées.
Le cabinet de Netanyahu aurait nié les accusations d’inconduite de Braverman, qualifiées de « dossier monté de toute pièce, signe d’un acharnement médiatique sans précédent contre le cabinet du Premier ministre en pleine guerre, destiné à faire oublier les graves échecs des autres dans la nuit du 7 octobre ».
Braverman a lui aussi nié les accusations qui pesaient sur lui, qu’il a qualifiées de « graves calomnies » et de « brutales provocations », et menacé de porter plainte contre Kan s’il ne retirait pas ses propos et ne lui présentait pas d’excuses publiques après avoir associé son nom, dimanche, à l’affaire de chantage. Kan n’a rien retiré de ses propos.
Jeudi toujours, un juge a statué qu’Eli Feldstein, ex-porte-parole de Netanyahu et suspect dans une autre affaire liée à des questions de sécurité au sein des services du Premier ministre, serait remis en liberté et assigné à résidence, trois semaines après son arrestation.
Principal suspect dans le scandale de la fuite de documents classifiés des services du Premier ministre, il sera remis en liberté et assigné à résidence vendredi après-midi, a décidé le tribunal de district de Rishon Lezion. La police et le Shin Bet ont fait appel de cette décision vendredi matin.
Il est soupçonné d’avoir travaillé avec quatre soldats membres des services de renseignement pour mettre la main sur des renseignements classifiés de Tsahal et en divulguer certains à des organes de presse étrangers. L’un de ces documents aurait été remis par Feldstein au journal allemand Bild dans une version altérée, pour correspondre aux points de vue du Premier ministre contre la perspective d’un accord avec le Hamas concernant les otages israéliens.
Feldstein a été arrêté le 27 octobre dernier car il est soupçonné d’avoir divulgué des documents classifiés à la presse étrangère.
Deux des quatre autres suspects, tous membres de l’armée israélienne, se trouvent toujours en détention et sont soupçonnés d’avoir soustrait des documents classifiés d’une base de données de Tsahal. Les deux autres ont été remis en liberté et assignés à résidence. L’identité de ces personnes reste secrète.
Le cabinet de Netanyahu a avancé que Feldstein avait subi des pressions pour accuser le Premier ministre et qu’il avait été maintenu en détention sans raison.
« Nous sommes très peinés de les voir détruire la vie de jeunes hommes sur la base d’accusations infondées, dans le seul but de nuire au gouvernement du pays par la droite », a déclaré dans un communiqué le cabinet du Premier ministre en début de semaine.
« Dans un régime démocratique, on ne détient des gens 20 jours durant dans un sous-sol pour des histoires de fuites, sans possibilité de voir un avocat pendant des jours, tout ç pour leur soutirer de fausses accusations contre le Premier ministre. »
Netanyahu n’est suspect dans aucune de ces enquêtes.