Steinmetz, magnat du diamant, arrêté dans une affaire de blanchiment d’argent
Le milliardaire est le suspect principal d’une affaire de faux documents pour des ventes immobilières à l’étranger ; 4 autres suspects sont interrogés, dont le conseiller du chancelier autrichien et un dirigeant de Bezeq
L’unité nationale de lutte contre la fraude de la police a arrêté lundi Beny Steinmetz, magnat israélien du diamant, et quatre autres personnes, qui sont interrogés dans le cadre d’une enquête sur des faits de blanchiment d’argent impliquant des ventes immobilières conclues à l’étranger, a annoncé la police dans un communiqué.
Les cinq individus ont été interrogés en tant que suspects.
Les interpellations, accompagnées de perquisitions aux domiciles et dans les bureaux de suspects, s’inscrivent dans le cadre d’enquêtes internationales, a indiqué la police dit.
Ils ont été questionnés depuis lundi matin sur des soupçons de blanchiment d’argent, de faux et usage de faux, de fausses déclarations, de fraude, d’abus de confiance, d’obstruction à la justice, et de corruption, a précisé la police.
Leurs domiciles et leurs bureaux ont également été perquisitionnés. L’identité des quatre autres suspects n’a pas été rendue publique, mais l’un d’eux serait Tal Zilberstein, un conseiller du chancelier autrichien Christian Kern, a rapporté le tabloïd autrichien Oesterreich.
Ils ont été conduits par des policiers à un tribunal de Rishon LeZion (centre) devant lequel se pressaient des journalistes.
יו"ר דירקטוריון בזק, דוד גרנות, נעצר לחקירה בפרשת הלבנת הון שבמסגרתה נעצר גם המיליארדר בני שטיינמץ pic.twitter.com/VKbMa4ZJFb
— ידיעות אחרונות (@YediotAhronot) August 14, 2017
Leur arrestation lundi matin a causé une onde de choc en Israël, mais aussi en Autriche, où la presse spéculait sur les conséquences politiques de l’affaire.
Quelques semaines avant les législatives anticipées d’octobre, le parti social-démocrate du chancelier Christian Kern a un « problème massif », écrivait sur internet le quotidien populaire à grand tirage Kronen Zeitung.
Tal Silberstein était un rouage important de la campagne électorale. Le parti social-démocrate a immédiatement annoncé dans un communiqué qu’il cessait de coopérer avec lui « à la suite des accusations judiciaires apparues (lundi) en Israël ».
Kern a publié un communiqué déclarant qu’il ne travaillerait plus avec lui « après les accusations qui sont arrivées d’Israël aujourd’hui. »
Zilberstein a également été le conseiller de l’ancien Premier ministre Ehud Olmert.
De plus, Bezeq a informé lundi la bourse de Tel Aviv que son président par intérim, David Granot, avait été arrêté lundi matin dans le cadre de cette enquête. Granot a auparavant dirigé la banque israélienne Discount, l’Union Bank of Israël et la First International Bank of Israël
La police suspecte le groupe d’avoir « agi systématiquement avec le suspect principal afin de créer et présenter des contrats et des transactions fictifs, dont des ventes immobilières dans un pays étranger, dans le but de blanchir de l’argent et de transférer de l’argent », selon un communiqué.
Une source policière a indiqué que Steinmetz est le suspect principal de l’affaire.
Steinmetz, qui a gagné des milliards dans l’industrie du diamant et des minerais, a été arrêté en décembre dernier. Il a été accusé d’avoir payé des millions de dollars de pots-de-vin en république de Guinée en échange de l’avancement de ses intérêts commerciaux dans le pays.
Il avait alors été placé en résidence surveillée avant d’être libéré.
Le nom de M. Steinmetz apparaît dans l’enquête sur une autre affaire de corruption et de blanchiment, menée en coopération avec les polices américaine, suisse et guinéenne. Il avait été entendu dans ce cadre en décembre 2016 puis assigné à résidence.
M. Steinmetz et d’autres Israéliens vivant à l’étranger sont soupçonnés d’être mêlés à une affaire portant sur « des pots de vin de plusieurs dizaines de millions de dollars donnés à des hauts fonctionnaires en Guinée en échange d’aide au développement de leurs affaires dans ce pays », avait à l’époque indiqué la police israélienne.
Le groupe de M. Steinmetz, BSGR, avait qualifié les accusations de pots-de-vin de « dénuées de tout fondement » et avait accusé le gouvernement guinéen de vouloir « priver (le groupe) de ses droits ».
Steinmetz, 61 ans, cofondateur de Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), groupe international de sociétés minières, est la 17e plus grosse fortune d’Israël, évaluée à plus d’un milliard de dollars, selon le classement du magazine Forbes.
Selon les médias, l’enquête actuelle est liée à celle sur l’Afrique.
En effet, un 2014, un rapport gouvernemental guinéen avait recommandé l’annulation de la concession minière accordée au milliardaire franco-israélien pour la mine de fer géante de Simandou, estimant qu’il l’avait obtenue par « corruption », ce qu’avait réfuté le groupe de M. Steinmetz.
Après sa prise de fonctions en décembre 2010, le président guinéen Alpha Condé avait lancé des enquêtes anticorruption pour récupérer le contrôle des richesses naturelles de son pays.
L’enquête est menée en coopération avec des agences internationales, ainsi qu’avec l’Autorité de lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent d’Israël, les autorités fiscales et l’unité de lutte contre le crime international du parquet, a indiqué la police.
Le tribunal a décidé d’accepter de prolonger la garde à vue de Steinmetz et Silberstein jusqu’à jeudi, a indiqué la police israélienne.
Steinmetz est inculpé en Roumanie depuis mai 2016 pour « constitution d’un groupe criminel organisé, complicité de trafics d’influence et de blanchiment d’argent » dans une affaire de restitution frauduleuse de propriétés ayant coûté à l’Etat roumain 145 millions d’euros. Le parquet national roumain a ordonné son renvoi devant un tribunal.
L’AFP a contribué à cet article.