Suède : Une demande déposée pour brûler une Torah devant l’ambassade d’Israël
La police a confirmé avoir reçu une demande pour brûler des livres saints juifs et chrétiens le 15 juillet, en tant que "rassemblement symbolique au nom de la liberté d'expression"
La police de Stockholm a été saisie d’une demande visant à brûler une Torah devant l’ambassade d’Israël, après qu’un Irakien eut brûlé un Coran à l’extérieur d’une mosquée de la ville, un geste qui avait suscité une vive réaction dans le monde musulman, selon la chaîne de télévision publique suédoise SVT.
Les forces de police ont confirmé à SVT avoir reçu une demande d’un individu d’une trentaine d’années pour brûler les livres saints juifs et chrétiens devant l’ambassade le 15 juillet, en tant que « rassemblement symbolique au nom de la liberté d’expression ».
Une autre demande, visant à brûler un Coran « dès que possible » à Stockholm, a été soumise par une femme d’une cinquantaine d’années.
La police n’a pas immédiatement exclu l’une ou l’autre de ces demandes, affirmant qu’elles sont examinées au cas par cas.
L’ambassadeur d’Israël en Suède, Ziv Nevo Kulman, est horrifié. « Je suis choqué et horrifié par la perspective de voir brûler d’autres livres en Suède, qu’il s’agisse du Coran, de la Torah ou de tout autre livre saint. Il s’agit clairement d’un acte de haine qui doit être stoppé », a-t-il écrit sur Twitter.
Le 28 juin, un Irakien avait brûlé quelques pages d’un exemplaire du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm dans un « rassemblement » autorisé par la police suédoise mercredi, suscitant l’ire d’Ankara qui avait dénoncé un acte « inacceptable » et menacé l’adhésion de Stockholm à l’OTAN.
L’événement, qui coïncidait avec l’Aïd al-Adha, une fête célébrée par les musulmans à travers le monde, a rassemblé une centaine de badauds et de journalistes.
Vêtu d’un pantalon chino beige et d’une chemise claire, Salwan Momika, l’homme de 37 ans ayant fui son pays pour la Suède, avait piétiné le Coran à plusieurs reprises avant d’y glisser des tranches de bacon et d’en brûler quelques pages, selon les journalistes de l’AFP sur place.
Le Maroc avait de son côté dénoncé un acte « offensant et irresponsable », et rappelé son ambassadeur en Suède, selon un communiqué officiel publié dans la nuit suivant l’incident.
De nombreux autres pays musulmans avaient dénoncé une « incitation à la haine » et une « provocation ».
Le sujet est sensible dans le pays nordique. Une manifestation en janvier au cours de laquelle un Coran avait été brûlé devant l’ambassade de Turquie à Stockholm avait déjà suscité la colère d’Ankara et du monde musulman, débouchant sur des manifestations et appels au boycott de produits suédois.
Plus tôt dans cette journée, la police avait annoncé autoriser « le rassemblement », estimant que « les risques de sécurité » liés au fait de brûler le Coran n’étaient « pas de nature à l’interdire ». Mais en fin de journée, elle avait annoncé porter plainte contre l’organisateur, notamment pour incitation à la haine.
Dans sa demande d’autorisation préalable, l’organisateur de l’autodafé, Salwan Momika, avait dit vouloir « exprimer [son] opinion à propos du Coran ». « Je vais déchirer le Coran et le brûler », avait-il écrit.
Momika avait déjà fait une demande similaire en février, refusée par la police.
Selon un article du quotidien suédois Aftonbladet daté du 5 avril, Momika avait assuré que son intention n’était pas de compliquer l’adhésion suédoise à l’OTAN.
« Je ne veux pas nuire à ce pays qui m’a accueilli et qui a préservé ma dignité », avait-il dit au journal, précisant qu’il souhaitait voir le Coran interdit en Suède.
Troubles à l’ordre public
La police de Stockholm avait refusé deux rassemblements en février – dont l’un à l’initiative de Momika – où il était prévu que des exemplaires du livre sacré de l’islam soient brûlés, invoquant des risques de troubles à l’ordre public.
Dans la foulée, les manifestants avaient fait appel de la décision, estimant que leur droit constitutionnel de manifester avait été bafoué.
Un tribunal administratif leur avait donné raison début avril.
Mi-juin, la cour d’appel administrative a confirmé le jugement rendu en première instance, indiquant que les risques de sécurité avancés par la police « n’avaient pas de lien suffisamment clair » avec les rassemblements en question.
C’est sur cette base que la police suédoise avait pris sa décision le 28 juin, à seulement quelques jours du sommet de Vilnius, les 11 et 12 juillet, où Stockholm espérait des avancées pour son entrée dans l’Otan.
Ankara a bloqué la candidature de la Suède à l’Otan, qui nécessite un feu vert unanime des membres de l’Alliance, en raison de ce qu’elle considère comme l’incapacité de Stockholm à sévir contre les groupes kurdes installés en Suède, qu’elle considère comme « terroristes ».
Des pourparlers réuniront le 6 juillet à Bruxelles des représentants des deux pays, selon une annonce du secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg.
L’AFP a contribué à cet article.