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Syrie: six mois après sa prise du pouvoir, les défis d’Ahmad al-Chareh

Le nouveau dirigeant a hérité d'un pays épuisé par près de 14 ans de guerre civile, à l'économie exsangue, aux infrastructures détruites, où la majorité des citoyens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU

Le président par intérim de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, lors d'une conférence de presse conjointe avec le président français Emmanuel Macron après une réunion à l'Élysée, à Paris, le 7 mai 2025. (Crédit : Stephanie Lecocq/Pool via AP)
Le président par intérim de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, lors d'une conférence de presse conjointe avec le président français Emmanuel Macron après une réunion à l'Élysée, à Paris, le 7 mai 2025. (Crédit : Stephanie Lecocq/Pool via AP)

En six mois, le nouvel homme fort de Syrie Ahmad al-Chareh a réussi à se positionner sur la scène internationale et obtenir la levée des sanctions, mais il doit encore instaurer un système de gouvernance fiable et redresser l’économie, en maintenant l’unité du pays.

Quels sont les principaux défis du président intérimaire qui a renversé, à la tête d’une coalition islamiste, Bachar al-Assad le 8 décembre?

L’édification de l’Etat

Lorsqu’il a pris le pouvoir, Ahmad al-Chareh s’est retrouvé avec un gouvernement central à Damas, un autre en charge du bastion rebelle d’Idleb qu’il contrôlait, et un troisième supervisant les zones des groupes proturcs et l’administration autonome kurde.

Pour Radwan Ziadeh, directeur exécutif du Centre syrien d’études politiques et stratégiques à Washington, « instaurer la stabilité dans un pays aussi fragile politiquement et dans une période aussi difficile est une réalisation importante ». Mais il doit encore « réussir la transition ».

Les violences début mars contre la communauté alaouite, qui ont fait plus de 1 700 morts, puis contre les druzes en avril, ont ébranlé la confiance dans la capacité des autorités à protéger les minorités.

« Le traitement réservé aux minorités est l’un des défis internes les plus importants, et bâtir la confiance entre les différentes composantes nécessite un effort politique plus grand (…) », explique le chercheur.

La volonté de M. Chareh d’étendre son autorité sur le territoire national se heurte à l’exigence par les Kurdes d’un Etat décentralisé, ce que Damas rejette.

Les autorités « doivent s’éloigner des solutions sécuritaires et militaires (…) et impliquer les composantes syriennes dans le processus politique », affirme à l’AFP Badran Ciya Kurd, un responsable de l’administration autonome.

Le 20 mai, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio avait averti que la Syrie pourrait être au bord d’une nouvelle « guerre civile à grande échelle » qui provoquerait « l’éclatement du pays ».

« Le plus grand défi de Chareh est de tracer une voie vers l’avenir dans laquelle tous les Syriens voudront s’engager, et de le faire assez vite, mais sans agir de manière irréfléchie », estime Neil Quilliam, expert de Chatham House.

Les autorités sont appelées à promulguer une Constitution garantissant les droits des minorités, sur la base de laquelle se tiendraient des élections.

Or la déclaration constitutionnelle proclamée par Damas en mars ne prévoit pas d’élections et concentre les pouvoirs aux mains de Chareh pour cinq ans.

Sécurité

M. Chareh a dissous les anciens services de sécurité et l’armée et instauré une stabilité relative. Mais des ONG et des témoins rapportent enlèvements, arrestations et assassinats fréquents.

Les violences confessionnelles, notamment contre les alaouites, ont mis en question la capacité d’Ahmad al-Chareh à contrôler les différentes factions, y compris des groupes jihadistes radicaux qui inquiètent la communauté internationale.

La promotion de six jihadistes étrangers au ministère de la Défense a suscité de vives critiques. Une source syrienne a confié à l’AFP que les autorités avaient assuré à Washington qu’elles allaient « geler ces promotions ».

Mais le dossier des combattants étrangers reste délicat: M. Chareh ne peut pas les abandonner alors qu’ils ont combattu à ses côtés pendant des années, et leurs pays respectifs refusent leur retour.

S’ajoute le problème des milliers de jihadistes du groupe Etat islamique, détenus avec leurs familles par les forces kurdes, que l’autorité actuelle n’a pas les moyens de transférer sous son contrôle.

Le président américain Donald Trump (à gauche), le secrétaire d’État Marco Rubio (2ᵉ à gauche), le président par intérim syrien Ahmed al-Sharaa (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (au centre) et le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan (2ᵉ à droite) lors d’une réunion à Ryad le 14 mai 2025. (Crédit : Bandar al-Jaloud/Palais royal saoudien/AFP)

Economie et diplomatie

Le nouveau dirigeant a hérité d’un pays épuisé par près de 14 ans de guerre civile, à l’économie exsangue, aux infrastructures détruites, où la majorité des citoyens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.

Sa priorité, après la levée des sanctions, notamment américaines, est de combattre la pauvreté, affirme une source proche de M. Chareh.

Les produits importés sont désormais en vente libre et les devises échangées au grand jour.

Parmi les autres obstacles à la relance de l’économie figurent « les lois nécessaires pour l’investissement, qui restent floues », souligne l’expert économique Karam Chaar.

La réhabilitation des infrastructures est aussi essentielle au retour des millions de réfugiés, une demande des voisins de la Syrie qui les abritent –Turquie, Jordanie ou Liban– et des Européens.

Et le soutien à la Syrie ne passe pas sans des exigences: Washington a notamment appelé la Syrie à rejoindre les accords de normalisation avec Israël, qui a mené des centaines de frappes aériennes contre son voisin depuis la chute d’Assad.

Si Damas a reconnu des négociations indirectes avec Israël, l’ennemi de toujours, Neil Quilliam estime que « le nouveau gouvernement est à des années-lumière de considérer une normalisation, même s’il subit une pression significative des Etats-Unis ou de la communauté internationale ».

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