Tandis que le Hamas se gausse, Israël se concentre sur sa sécurité
Opinion : Les tueurs islamistes qui gouvernent Gaza ont malheureusement beaucoup de raisons de crier victoire. Mais les prétentions du Hamas importent beaucoup moins que l’impératif d’Israël d’assurer sa sécurité
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Le Hamas, sans surprise, clame à qui veut l’entendre qu’il « remporte » le conflit actuel avec Israël. Malheureusement, pas toutes ses déclarations ne peuvent être accueillies d’un haussement d’épaules, grâce à sa brutalité, son utilisation cynique du peuple palestinien, et en grande partie grâce à l’aveuglement volontaire de la communauté internationale, si ce n’est pire.
En fin de compte, cependant, les vantardises du Hamas importent beaucoup moins que les accomplissements d’Israël dans ce recours à la force. Et la plupart des Israéliens en sont bien conscients.
Hamas « gagne », pour commencer, car il ne se soucie pas de ses victimes dans la foulée de son objectif déclaré de détruire Israël. S’il se plait surtout à tuer des Israéliens, il n’hésite pas à assassiner des Palestiniens aussi. Il en a d’ailleurs tué un paquet dans sa prise de pouvoir à Gaza des mains de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas en 2007.
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Et, cyniquement, des centaines de Gazaouis sont victimes du conflit actuel, conséquence directe de son stockage de roquettes dans des écoles de Gaza, de ses tirs depuis l’intérieur d’hôpitaux, ainsi que de sa construction de magasins de munitions, de lance-roquettes et de centres de commandement au cœur des quartiers résidentiels.
Ses dirigeants – tout en envoyant leurs recrues à la mort, leur garantissant qu’ils font le travail d’Allah et qui sont en bonne route vers le paradis – préfèrent ne pas mourir, pourtant, et s’en sortent raisonnablement bien sur ce chapitre. En 2002, le Shin Bet avait publié des extraits de conversations téléphoniques dans lesquelles la femme du gros bonnet du Hamas (assassiné depuis) Abdel Aziz Rantissi disait « merci mais non merci » à une invitation au martyr destinée à son fils. « Il est occupé avec ses études », avait-elle dit de l’enfant.
Aujourd’hui aussi, les dirigeants du Hamas sont en train de faire leur possible pour ne pas se faire tuer parmi les Gazaouis ordinaires qu’ils mettent en danger. Ils se cachent dans les bunkers renforcés qu’ils ont construits ces dernières années à grand renfort de béton que l’empathique communauté internationale a supplié Israël d’autoriser à introduire à Gaza.
Ou, comme le chef « politique » du Hamas Khaled Meshaal, ils fréquentent des hôtels de luxe qataris à près de 2 000 km, jurant de se battre jusqu’à la dernière goutte de sang (de quelqu’un d’autre).
Hamas « gagne », aussi, parce que tandis que les sources militaires israéliennes annoncent que des centaines d’hommes armés du mouvement ont été tués, un plus grand nombre est encore en vie. Le Hamas tire toujours des roquettes profondément à l’intérieur d’Israël. Il est capable de le faire parce que nombre de ses lanceurs sont placés profondément à l’intérieur de Gaza, où les soldats de Tsahal ne se sont pas encore aventurés.
Comme dans le cas du Hezbollah, qui tirait toujours sur Israël à la fin de la deuxième guerre du Liban en 2006, cela est considéré comme un grand succès même si Dôme de fer a intercepté la quasi-totalité des 2 000 roquettes et plus, dirigées sur des zones résidentielles. Le Hamas cherchera sans doute à remédier à cet « échec » lorsque les combats se termineront.
Le Hamas est étourdi par le succès, également, parce qu’il a tué, au moment de la rédaction de ces lignes, 40 soldats. Il n’est que trop facile pour les hommes armés du Hamas d’abattre les troupes affluant, tandis que les Israéliens s’efforcent de ne pas tuer les civils qui les entourent, et que Hamas s’est préparé à ce moment depuis des années – bâtiments piégés, snipers déployés, adolescents sanglés de ceintures explosives, bombes parsemées ça et là, et, plus pertinemment, quand il sait où les soldats se dirigent : les embouchures des tunnels creusés et dans lesquels ses hommes armés se cachent.
Le fait que le nombre de soldats tués n’est pas beaucoup plus élevé est la preuve des capacités de l’armée israélienne. Mais chaque perte israélienne reste une victoire pour le Hamas.
Le Hamas a réussi à obtenir des trois quarts des compagnies aériennes internationales qui volent régulièrement en Israël d’interrompre temporairement leur utilisation de l’aéroport Ben Gourion, grâce à l’initiative pusillanime des autorités américaines. En dépit des dispositifs sécuritaires israéliens des plus rigoureux pour les vols entrants et sortants, le fait qu’une seule des 2 000 roquettes ait atteint sa cible, près de Tel Aviv, ne constituant aucunement de menace pour l’espace aérien, a suffi à déclencher une capitulation internationale lamentable devant le terrorisme.
Sans surprise, le Hamas parvient à noircir encore le nom d’Israël là où ce conflit est représenté, en injectant des termes opposés à la réalité un peu partout. Soyons clairs : Israël est attaqué par le gouvernement terroriste de l’Etat voisin, qui est ouvertement engagé à le détruire, conformément à une idéologie islamiste pervertie, en partenariat avec l’Iran, le Qatar, le Hezbollah et le reste des gouvernements les plus pernicieux de cette région, et avec des organisations terroristes.
Année après année, le Hamas améliore sa capacité à nuire à Israël. Pas d’attaque ou de préparation d’attentats contre Israël ? Aucune souffrance à Gaza. C’est aussi simple que cela. Pour le plus grand plaisir du Hamas, cette simple vérité échappe à beaucoup de monde.
Sans doute, a-t-il souvent été répété, Israël gagnerait davantage de sympathie internationale si seulement plus d’Israéliens mouraient. Eh bien, davantage d’Israéliens meurent maintenant – sauf que, puisque ce sont des soldats du côté largement diabolisé de l’agresseur, même cela joue en faveur du Hamas.
Le gouvernement terroriste de Gaza fait de son mieux pour tuer des civils israéliens. Il s’efforce d’abattre des soldats israéliens, les attirant dans les zones résidentielles où des civils seront également tués. Israël traite dans ses hôpitaux des terroristes blessés capturés à la sortie des tunnels du Hamas. Et toujours, dans chaque tournant de ce conflit, la présomption de responsabilité internationale retombe sur Israël.
Les dangers pour Israël sont minimisés. Les tirs de roquettes sont qualifiés d’inconséquents (sauf, comme mentionné, quand ils impliquent d’abandonner l’aéroport Ben Gourion) et les tunnels offensifs transfrontaliers ne sont souvent même pas signalés du tout. Suite à la manipulation faite sur ceux qui veulent bien se laisser manipuler, tout est la faute d’Israël. D’excellentes nouvelles pour les islamistes.
Que les habitants de Gaza détestent Israël chaque jour davantage est inévitable. Qu’ils ne blâment pas le Hamas de leur avoir apporté la destruction est surprenant. Mais le Hamas encourage progressivement de grandes manifestations contre Israël en Cisjordanie, affaiblissant Abbas. Son partenaire en Israël, le Mouvement islamique, et les dirigeants arabes israéliens extrémistes que l’lsraël démocratique tient à autoriser à siéger à la Knesset, font tout leur possible pour attiser le sentiment anti-israélien et protester aux côtés de la minorité arabe de 23 %.
Le Hamas creuse également les frictions entre Israël et son allié le plus important, les États-Unis.
Le président Barack Obama a exprimé sa préoccupation au sujet des victimes civiles de Gaza, a demandé un cessez-le-feu et envoyé son Secrétaire d’État, alors même qu’Israël a clairement besoin de temps pour s’attaquer au réseau terrifiant de tunnels terroristes du Hamas creusé sous la frontière israélienne. Ce secrétaire a cyniquement balayé les efforts d’Israël à cibler « ponctuellement » des sites terroristes à Gaza, et engagé le Qatar – défenseur et financeur du Hamas – dans des contacts de cessez-le-feu, ignorant l’initiative égyptienne.
Ce moment rare et triste, où la direction israélienne se voit contrainte de rejeter un cessez-le-feu proposé par les Américains, met au jour un décalage profond entre Jérusalem et Washington. Il soulève la question de savoir pourquoi les Etats-Unis veulent limiter la capacité de l’Etat juif de démolir les tunnels à travers lesquels le Hamas envoie des assassins sur son territoire. Et la direction du Hamas doit être absolument ravie.
Et pourtant, en fin de compte, les allégations de « victoire » du Hamas ne sont pas la question clé ici. Ce qui importe est qu’Israël obtienne de ce conflit le « calme durable » tant souhaité par ses forces armées et son leadership.
Sur la voie de ce résultat nécessaire, les Israéliens sont anormalement unis.
Les Israéliens sont largement en faveur de l’armée. Ils sont aussi largement convaincus que Tsahal essaye réellement de minimiser les victimes civiles à Gaza.
Ils se révèlent très résistants, malgré les attaques ininterrompues de roquettes, et très disciplinés, respectueux des étapes recommandées pour réduire la probabilité qu’ils soient touchés par les roquettes, ou par leurs débris après l’interception de Dôme de fer.
Le taux de motivation dans l’armée israélienne est très élevé. Les réservistes ont massivement répondu aux appels de renfort. Ceux qui n’ont pas été appelés cherchent d’autres façons de servir. On entend de nombreux témoignages de soldats ayant récemment terminé leurs trois années dans l’armée permanente, qui insistent pour être autorisés à retourner dans leurs unités.
Le Hamas exige la « levée du siège » de la bande de Gaza. Mais les Israéliens reconnaissent plus que jamais l’imminence du danger en l’absence de ce blocus, qui a au moins partiellement réduit la quantité et la qualité des armes que le Hamas a pu réunir contre Israël.
Mais les murmures de critiques sur l’incapacité du gouvernement à avoir lutté plus tôt contre la menace des tunnels vont certainement se transformer en critiques plus acerbes le lendemain du conflit.
Lorsque les armes se tairont, les luttes intestines renaîtront sans aucun doute. L’Israël uni par la guerre reviendra rapidement à un Israël divisé sur la façon dont ce conflit aurait pu être évité, la gestion du processus de paix, les avantages et les inconvénients des implantations, les plus et les moins du retrait de Gaza en 2005, et bien davantage.
Israël aura approfondi les failles pour répondre à ses Juifs et à ses Arabes. Sa réputation internationale aura subi une incidence à long terme. Il ne sera pas plus possible de colmater les brèches dans sa relation avec le gouvernement américain. Les Juifs européens réfléchiront bien à leur voisinage.
Mais pour l’instant, en essayant d’éviter au possible le nombre de ses pertes, d’apporter une protection crédible à ses habitants et de s’attaquer aux menaces du Hamas, que la majorité du public sous-estime certainement, ce pays se concentre sur son impératif majeur : faire en sorte que , tandis que le Hamas criera toujours victoire, Israël sorte de ce conflit plus fort et plus sûr.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel