Tel Aviv : Le musée du peuple juif, un long voyage à travers l’Histoire juive
Ouvert après des travaux de rénovation de 100 millions de dollars, le musée du peuple juif-ANU présente des cultures juives vibrantes à travers des artéfacts ou des œuvres d'art
La guitare utilisée par Leonard Cohen lors de son dernier concert en Israël, en 2009 ; un collier en dentelles distinctif qu’aimait porter Ruth Bader Ginsburg et un rouleau du Livre d’Esther datant du 15e siècle, conçu dans l’Espagne pré-inquisition, se partagent une partie du vaste espace ouvert du musée du peuple juif-ANU, qui vient de rouvrir ses portes – musée dont la raison d’être est de présenter l’histoire vibrante du peuple juif à travers le monde.
Le musée, qui était connu sous le nom de musée de la Diaspora – ou Beit Hatfutsot – a ouvert mardi sur le campus de l’université de Tel Aviv après des travaux de rénovation qui ont coûté 100 millions de dollars. Le musée en a profité pour multiplier par trois sa surface, en passant à presque 7 000 mètres-carrés.
Les trois étages du nouveau musée présentent un mélange grisant d’artéfacts historiques saisissants, de présentations numériques interactives et d’œuvres d’art originales.
Le nom ANU – qui veut dire « nous » en hébreu – reflète la tentative ambitieuse de couvrir les plus de 4 000 années d’histoire du peuple juif, affirment les responsables du musée. Ce dernier veut être un foyer pour tous les Juifs et espère accueillir plus de 500 000 visiteurs par an.
« C’est le musée juif le plus complet au monde », explique Dan Tadmor, directeur-général de l’institution. « Il raconte toute notre histoire et c’est la raison pour laquelle dix ans ont été nécessaires pour le créer. »
Pour raconter ces riches récits, le musée utilise des types de média divers, des artéfacts et des présentations interactives.
Les visiteurs sont accueillis par une série de projections grandeur-nature présentant des famille juives du monde entier, avec des descriptions audio en six langues expliquant qui elles sont et la manière dont elles s’articulent dans le périple juif.
Le musée doit être représentatif de tous, indique la conservatrice en chef Orit Shaham-Gover.
« Nous avons voulu que les gens puissent se retrouver ici », dit-elle. « Nous avons voulu qu’ils puissent voir des créations de toutes sortes et voir que ces vies sont également les leurs. »
Une autre exposition s’intéresse aux réalisations juives dans les arts – de la fiction yiddish jusqu’à Hollywood. Les artéfacts comprennent la machine à écrire d’Isaac Bashevis Singer, une partition du compositeur Irving Berlin et une statue d’ET l’extraterrestre – qui, s’il n’est pas Juif, a été créé par le réalisateur juif Steven Spielberg en 1982 dans son film évoquant la relation entre un petit garçon et un extraterrestre, long-métrage devenu culte.
Les visiteurs peuvent aussi « cuisiner » dans le cadre d’une exposition numérique de cuisine juive réalisée avec l’aide de célèbres chefs, préparant ainsi des légumes farcis ou de la shakshuka. Ils peuvent déambuler entre des œuvres célèbres créées par des artistes juifs, ou découvrir des citations au hasard de l’exposition interactive de livres écrits par des auteurs juifs.
Il y a aussi des gravures en noir et blanc réalisées par l’illustrateur israélien Yirmi Pinkus, où des Juifs célèbres sont dessinés dans le pur esprit d’Al Hirschfeld, caricaturiste renommé dont les œuvres agrémentent la section arts et loisirs du the Sunday New York Times.
Avant les rénovations, le musée, qui a ouvert ses portes en 1978, était connu pour ses maquettes et ses modèles de synagogues du monde entier. Onze répliques sont encore présentées dans leur propre galerie après avoir été retravaillées.
À côté d’elles, des artéfacts variés venant du monde entier comme la jawza — le même instrument à corde qui était utilisé par les frères Al-Kuwaity, musiciens irakiens du 20e siècle.
Une autre exposition interactive permet au public d’écouter des chants et des poèmes séfarades interprétés par des musiciens israéliens, notamment par Etti Ankri, Berry Sakharov, Yonatan Razel, Meir Banai et Shai Tsabari. Des films montrent la révolte manquée des Israélites contre l’empire romain, il y a 2 000 ans, et révèlent ce qu’était la vie à l’époque de la rédaction du Talmud.
Des œuvres originales réalisées par des artistes actuels israéliens sont installées dans toutes les parties du musée, apportant une touche contemporaine aux écritures antiques.
Le graffeur israélien Nir Peled utilise son style emblématique en noir et blanc dans un portrait du Baal Shem Tov et du Gaon de Vilna, de la taille d’un mur, tandis qu’un enregistrement de la chanteuse Neta Elkayam diffuse des comptines juives qui ont traversé les siècles.
Une équipe de 50 conseillers académiques, conservateurs et experts a été impliquée dans la création de ce nouveau musée de manière à garantir que tous les sexes, les ethnies et les courants religieux seraient correctement représentés, dit Tadmor.
« On voulait parler à tous, de Tashkent à San Francisco », explique-t-il.
Si le musée évite d’aborder des questions politiques plus épineuses – comme qui est Juif – il se penche sur le judaïsme biblique en observant les concepts généraux de la Torah, le développement du calendrier juif ainsi que par le biais de toutes sortes d’œuvres d’artistes israéliens se référant au cycle de la vie juive. Parmi ces artistes, Arik Weiss, Ken Goldman et Hadassa Goldvicht.
Les visiteurs peuvent utiliser un bracelet numérique qui leur permet de marquer leurs présentations favorites ou les expériences vécues au musée qu’ils souhaiteraient approfondir, notamment les citations littéraires, les recettes et les arbres généalogiques – cet approfondissement étant ensuite rendu possible grâce aux enregistrements du bracelet, qui déclenchera l’envoi d’un courriel à l’issue de la visite.
Contrairement à de nombreux autres espaces culturels au sein de l’État juif, actuellement, les musées ne limitent pas l’entrée aux seules personnes vaccinées ou qui ont guéri du coronavirus, même si les billets doivent impérativement être réservées au préalable sur internet pour des tranches horaires prédéterminées et spécifiques. Ceux qui ne peuvent pas se rendre au musée peuvent effectuer une visite virtuelle en ligne.
Près d’un tiers du budget de cent millions de dollars, mis à disposition pour les travaux de rénovation, a été financé par la Fondation Nadav du magnat du pétrole israélo-russe Leonid Nevzlin. 52 millions de dollars ont été versés par des fondations et des philanthropes américains, et 18 millions de dollars par le gouvernement israélien. La fille de Nevzlin, Irina, qui est l’épouse du ministre israélien de la Santé Yuli Edelstein, est la présidente du conseil d’administration du musée.
Nevzlin, qui a grandi à Moscou et qui avait ignoré être Juive jusqu’à l’âge de 12 ans, explique que le musée « raconte une histoire à tous ».
« Que cela nous plaise ou non, nous sommes tous aux prises avec des questions d’identité », commente-t-elle. « Nous avons voulu raconter l’histoire de nos origines et afficher notre fierté de qui nous sommes. »
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