Témoin de l’histoire et ancienne Première dame, Reuma Weizman meurt à 99 ans
L’épouse du 7ᵉ président d'Israël avait aidé des enfants rescapés orphelins de la Shoah en Allemagne et avait ouvert la résidence présidentielle aux Israéliens défavorisés

Reuma Weizman, épouse du septième président d’Israël, Ezer Weizman, est décédée à l’âge de 99 ans, a-t-on appris mardi.
Mme Weizman avait une longue expérience du service public, avant, pendant et après le mandat de son époux, même si son image publique a été largement éclipsée par celle de son mari, connu pour son franc-parler acerbe.
L’ancienne Première dame a consacré des décennies à des actions de bénévolat auprès d’enfants dans le besoin. Pendant le mandat de son mari à la présidence, elle a accueilli de nombreux dignitaires en visite et l’a également accompagné lors de plusieurs déplacements à l’étranger. Elle a également utilisé sa position pour ouvrir la résidence présidentielle à des organisations venant en aide aux enfants malades et aux personnes ayant des besoins particuliers, pour défendre les droits des femmes et lutter contre l’illettrisme des adultes.
M. Weizman est décédé en 2005 à l’âge de 80 ans. Après une longue carrière dans l’armée et la politique, il avait été élu président en 1993, puis réélu en 1998, avant de démissionner en 2000 dans le cadre d’un scandale concernant des fonds indûment perçus lorsqu’il était membre de la Knesset.
Mme Weizman est née Reuma Schwartz à Londres en 1925. Ses parents, Zvi et Rachel, étaient originaires d’Europe de l’Est et avaient émigré en Palestine sous mandat britannique pour que Zvi puisse poursuivre ses études. Lorsque Mme Weizman était enfant, sa famille est retournée à Jérusalem, puis elle a été envoyée dans un pensionnat du kibboutz Mishmar HaEmek, dans la vallée de Jezréel. Sa sœur, Ruth, qui est décédée en 2021 à l’âge de 103 ans, a été la première épouse du ministre de la Défense Moshe Dayan et une militante de premier plan.
En 1946, grâce à son passeport britannique, Mme Weizman se rendit à Londres et commença des études dans le domaine de l’éducation. En 1993, elle raconta à des chercheurs de l’Université hébraïque qu’elle avait été brièvement envoyée comme journaliste pour couvrir les procès de Nuremberg pour un organe de presse juif londonien.

Puis, en 1947, Mme Weizman, alors âgée de 22 ans, fut envoyée par l’Agence juive pour travailler dans un orphelinat pour enfants rescapés de la Shoah dans la zone d’occupation britannique en Allemagne.
Lors d’un témoignage à Yad Vashem en 1995, elle avait raconté avoir menti aux autorités sur l’identité de certains enfants afin de leur permettre de rejoindre Israël, où les Britanniques limitaient l’immigration.
« Nous avons dû cacher aux Britanniques que les enfants n’étaient pas originaires de la zone britannique », avait-elle relaté.
« Le gouvernement britannique, qui contrôlait Israël à l’époque, avait un quota mensuel d’immigration, très faible, réservé aux enfants, aux orphelins et aux personnes originaires de la zone britannique… Nous avons donc menti. »

En 1948, elle retourne dans l’État d’Israël naissant et se porte volontaire pour l’armée israélienne. Elle est affectée au bureau de presse du gouvernement à Jérusalem. Un an plus tard, elle rencontre Ezer Weizman, qui dirigeait déjà le Département des opérations de l’armée de l’air israélienne. Ils se marient en 1950 devant le grand rabbin Yitzhak HaLevi Herzog, le grand-père de l’actuel président israélien Isaac Herzog.
Durant les dix années qui suivirent, ils déménagèrent souvent entre les différentes bases de l’armée de l’air israélienne. Leur fils Shaul et leur fille Michal sont alors nés. En 1962, Mme Weizman commença à faire du bénévolat pour l’organisation Beit Micha, qui vient en aide aux enfants malentendants, et à laquelle elle resta étroitement liée pendant plusieurs décennies.
Elle est ensuite devenue membre du conseil d’administration du centre culturel pour la jeunesse d’Or Akiva et de l’association SOS Villages d’enfants pour les jeunes sans-abri.
En 1970, le fils des Weizman, Shaul, a été grièvement blessé par une balle dans la tête tirée par un tireur d’élite égyptien alors qu’il servait dans les rangs de Tsahal, près du canal de Suez. Il a dû recevoir des soins médicaux et des traitements intensifs. D’après des proches de la famille Weizman, les fonds non divulgués qu’Ezer a reçus et qui ont finalement conduit à sa démission étaient en grande partie destinés à financer ces soins.

Mme Weizman a consacré une grande partie de son temps à la convalescence de Shaul après sa blessure. En 1991, un an et demi seulement après son mariage, Shaul, alors âgé de 40 ans, et son épouse ont trouvé la mort dans un accident de voiture.
Deux ans plus tard, Ezer et elle ont quitté leur domicile de Césarée pour s’installer à la résidence présidentielle de Jérusalem, après l’élection de ce dernier. En tant que Première dame, elle a accueilli des groupes de femmes arabes et druzes, rendu visite aux malades et aux blessés, reçu des dizaines de dignitaires étrangers et ouvert sa maison aux enfants de tout Israël.

Elle a également été témoin de nombreux moments historiques emblématiques. En 1994, Leah Rabin et elle se tenaient aux côtés de la reine Noor de Jordanie et d’Hillary Clinton, alors Première dame des États-Unis, lorsque la Jordanie et Israël ont signé un traité de paix.
Quelques mois plus tôt, la famille Weizman, ainsi que Yasser et Suha Arafat, avaient assisté à l’investiture de Nelson Mandela en tant que président de l’Afrique du Sud. En 1997, ils avaient été reçus par la reine Elizabeth II lors d’un dîner royal au palais de Buckingham. Deux ans plus tard, ils avaient assisté aux funérailles du roi Hussein de Jordanie.

Mme Weizman laisse derrière elle sa fille Michal et plusieurs petits-enfants.
Elle sera enterrée à Or Akiva, aux côtés de son époux, de son fils et de sa belle-fille. De manière inhabituelle, le président Weizman avait demandé à être enterré à côté de son fils, et non sur le mont des Oliviers à Jérusalem où les présidents et les Premiers ministres sont habituellement enterrés.