Thornberry : le Royaume-Uni devrait commémorer Balfour en reconnaissant l’état palestinien
Critiquant Israël, qui a “perdu la tête”, l’élue du Labour estime que le pays ne devrait pas célébrer le centenaire du document promettant le soutien britannique à un foyer national juif
Une importante députée britannique, du parti du Labour, a déclaré que « la manière la plus importante » de commémorer le centenaire de la Déclaration Balfour était que le Royaume-Uni « reconnaisse la Palestine. »
Dans un entretien publié lundi sur le site internet de Middle East Eye, Emily Thornberry, chargée des Affaires étrangères du cabinet fantôme, a déclaré que le Royaume-Uni ne devait pas célébrer la déclaration, qui promet le soutien du pays à un foyer national juif, puisqu’il n’existe pas encore d’état palestinien.
« Je ne pense pas que nous devrions célébrer la Déclaration Balfour, mais je pense que nous devons la commémorer parce que je pense qu’elle a été un tournant historique pour cette région, et je pense que, la manière la plus importante de la commémorer est probablement de reconnaître la Palestine, a dit Thornberry. Le gouvernement britannique a dit qu’il le ferait, ce n’est qu’une question de bon moment, et il me semble que c’est le bon moment. »
« Il faut qu’il y ait deux états, deux états viables, deux états viables et sûrs. Nous ne devons pas oublier qu’au final, c’est la seule solution, a-t-elle ajouté. Nous devons mesurer tout ce que nous faisons à cette échelle. »
Thornberry a vivement critiqué la politique d’implantation israélienne en Cisjordanie, affirmant que le gouvernement de l’Etat juif a « perdu la tête » et compromet la solution à deux états.
« Qu’est-ce qu’ils font maintenant ? Est-ce qu’ils vont vers [une réalité à] un état ? », a-t-elle dit.
« Et de cette manière, ils abandonnent le peuple israélien parce que vous ne pouvez pas avoir un état juif et démocratique dans cette région. Ils devront donc choisir, a ajouté Thornberry. Ils vont simplement contre la vision [du premier Premier ministre israélien, David] Ben Gurion, d’un état juif démocratique, et il est nécessaire d’avoir à ses côtés un état palestinien viable et sûr. »
Thornberry doit se rendre en Israël en novembre.
Elle doit également assister cette semaine à un dîner organisé à Londres avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour célébrer le centenaire de la Déclaration Balfour. Elle a indiqué qu’elle se rendrait également à un évènement palestinien qui commémore l’anniversaire.
C’est Jeremy Corbyn, le dirigeant du Labour, qui a demandé à la députée travailliste d’assister au dîner à sa place, après avoir refusé l’invitation.
Même si aucune raison n’a été donnée à la décision de Corbyn, annoncée par l’édition du Times de dimanche, le dirigeant travailliste est un fervent critique d’Israël, et a été accusé de tolérer l’antisémitisme dans les rangs de son parti.
Tout en refusant de s’exprimer en particulier sur la décision de Corbyn, l’ambassadeur d’Israël au Royaume-Uni a déclaré que les opposants à la Déclaration Balfour étaient des « extrémistes. »
« Ceux qui s’opposent à la Déclaration Balfour se montrent comme les extrémistes qu’ils sont », a dit Mark Regev au Times.
Dans la Déclaration Balfour signée le 2 novembre 1917, Arthur Balfour, alors secrétaire aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, dit au dirigeant britannique juif Walter Rothschild que le gouvernement de Sa Majesté « voit favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif. »
Alors que le Labour s’est montré ambivalent sur son soutien à la déclaration, Boris Johnson, successeur de Balfour, a déclaré dimanche qu’il était « fier du rôle de la Grande-Bretagne dans la création d’Israël », faisant écho aux propos de la Première ministre britannique, Theresa May, qui a dit la semaine dernière qu’elle célébrerait « fièrement » le centenaire.
Johnson a également répété le soutien du Royaume-Uni à la solution à deux états, rappelant que cette solution au conflit israélo-palestinien est depuis longtemps la position britannique.
« Je n’ai aucun doute que la seule solution viable au conflit ressemble à celle qui a été initialement mise sur le papier par un autre Britannique, Lord Peel, dans le rapport de la Commission royale sur la Palestine en 1937, c’est-à-dire la vision de deux états pour deux peuples », a écrit Johnson.
La position de la Grande-Bretagne est celle de « deux états indépendants et souverains » avec Jérusalem comme « capitale partagée », a rappelé Johnson.
« Les frontières devraient être basées sur les lignes [d’armistice, ndlr] telles qu’elles étaient le 4 juin 1967 – veille de la guerre des Six Jours, avec des échanges de terres équitables, pour refléter les intérêts nationaux, sécuritaires et religieux des peuples israélien et palestinien », a détaillé le secrétaire au Foreign Office dans The Telegraph.
Alors qu’Israël et le Royaume-Uni se sont préparés à célébrer l’anniversaire, les responsables palestiniens ont renforcé leurs appels à Londres pour que le gouvernement britannique retire son soutien à un foyer juif dans la région de l’ancien mandat, affirmant que la terre n’appartenait pas au Royaume-Uni et qu’il n’avait par conséquent pas le droit de la promettre au mouvement sioniste.
Raphael Ahren et l’AFP ont contribué à cet article.