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Tom Nides veut soutenir l’économie de la Cisjordanie avec la 4G et la technologie

L'ambassadeur américain dit qu'il va "taper du poing sur la table" pour que la 4G soit étendue à tous les Palestiniens et souhaite que l'AP soit représentée au passage d'Allenby

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

L'ambassadeur américain Tom Nides interviewé par le Times of Israel à l'ambassade américaine à Jérusalem, le 7 janvier 2022. (Crédit : David Azagury/ambassade des États-Unis)
L'ambassadeur américain Tom Nides interviewé par le Times of Israel à l'ambassade américaine à Jérusalem, le 7 janvier 2022. (Crédit : David Azagury/ambassade des États-Unis)

L’ambassadeur des États-Unis en Israël, Tom Nides, a révélé mardi plusieurs de ses initiatives visant à améliorer l’économie de la Cisjordanie, tout en insistant sur le fait que les Palestiniens sont avant tout intéressés par l’autodétermination et qu’ils ne peuvent pas être « achetés » avec des plans exigeant qu’ils renoncent à leur souveraineté politique.

S’exprimant lors d’un événement virtuel organisé par l’organisation de gauche Americans for Peace Now, M. Nides a parlé avec franchise, et parfois même sans diplomatie, de son travail et de ses objectifs en tant qu’ambassadeur depuis son arrivée à Jérusalem à la fin de l’année dernière.

Il a déclaré que ses projets consistaient notamment à garantir l’accès aux réseaux mobiles 4G à tous les Palestiniens, à accorder à l’Autorité palestinienne (AP) une juridiction au passage d’Allenby entre la Cisjordanie et la Jordanie et à convaincre les grandes entreprises technologiques d’ouvrir des bureaux en Cisjordanie.

M. Nides s’est montré particulièrement critique à l’égard des constructions israéliennes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Il s’est également exprimé sur la politique d’aide sociale de l’AP, qui comprend le versement d’allocations aux prisonniers sécuritaires condamnés pour avoir tué des Israéliens ainsi qu’aux familles de Palestiniens tués alors qu’ils commettaient des attentats.

Il a réitéré sa promesse de ne visiter aucune implantation et a indiqué que cette politique s’étendait aux tunnels du Mur occidental, qui se trouvent sous le quartier musulman de la Vieille Ville.

L’ambassadeur américain en Israël Thomas Nides, à gauche, rencontre le Premier ministre Naftali Bennett au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 5 décembre 2021. (Crédit : GPO/Amos Ben-Gershom)

Nides a assuré que l’administration Biden avait encore l’intention de rouvrir le consulat américain à Jérusalem. Celui-ci servait de mission de facto auprès des Palestiniens avant d’être fermé par l’ancien président Donald Trump en 2019. L’envoyé a néanmoins ajouté que l’enjeu avait été exagéré, tant par les Israéliens que par les Palestiniens, et qu’il ne voulait pas investir tout son capital politique dans la réalisation de promesses de campagne de Biden si cela empêchait l’obtention d’améliorations plus tangibles pour les Palestiniens.

L’envoyé a déclaré avoir averti ses collègues à Washington de la période potentiellement dangereuse qui s’annonce le mois prochain, marquée par une rare confluence du mois sacré musulman du Ramadan, de la fête juive de Pessah et de la fête chrétienne de Pâques. M. Nides a déclaré que le département d’État avait réagi à l’appel et avait pris contact avec les parties de la région afin d’apaiser les tensions.

Il a également salué les efforts d’Israël pour ses efforts de médiation entre la Russie et l’Ukraine, tout en reconnaissant qu’ils n’étaient pas « sans risque » pour le Premier ministre Naftali Bennett, qui, précise-t-il, travaille en étroite collaboration avec l’administration Biden sur cette question.

Initiatives en Cisjordanie

M. Nides a déclaré avoir rencontré quelqu’un d’important en Cisjordanie, identifié par un fonctionnaire américain comme étant un éminent chef d’entreprise palestinien, et qu’il lui avait exposé « quatre ou cinq initiatives que nous devons prendre pour faire avancer notre programme visant à améliorer la vie des Palestiniens ».

« J’ai une série de projets que j’essaie de mettre en œuvre en Cisjordanie », a déclaré M. Nides lors de l’événement.

Parmi ces priorités figure la sécurisation du service de téléphonie cellulaire 4G pour les Palestiniens.

M. Nides a déclaré qu’il avait récemment visité des zones palestiniennes de Cisjordanie et qu’il avait été consterné de voir qu’il n’y avait pas de service 4G.

Un vendeur propose des contrats de téléphonie mobile depuis un stand situé dans une rue de Naplouse en Cisjordanie, le 15 novembre 2016. (Crédit : Sebi Berens/Flash90)

« Qui diable a la 3G ? C’est ridicule », a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’il allait « taper du poing sur la table pour souligner l’importance que chaque Palestinien ait la même 4G ou 5G sur son téléphone un peu plus tard dans la soirée » lors d’un dîner avec le ministre israélien des Communications Yoaz Hendel.

En novembre dernier, Israël a provisoirement accepté d’autoriser les entreprises cellulaires palestiniennes à mettre en place des réseaux 4G dans le cadre d’une série de mesures destinées à renforcer l’AP.

Mais l’approbation doit encore être finalisée et Jérusalem traîne les pieds depuis, à la grande frustration de l’AP et de l’ONU.

Les Palestiniens de Cisjordanie n’ont été autorisés à bénéficier de télécommunications de troisième génération qu’en 2018, quatre ans après qu’Israël soit déjà passé à la 4G. Et à Gaza, où Israël n’a pas autorisé l’entrée d’équipements 3G, les opérateurs palestiniens ne proposent que la 2G – un service initialement introduit dans les années 1990.

Selon les observateurs, le manque d’accès à des vitesses de service cellulaire plus rapides constitue un sérieux obstacle au développement économique palestinien.

M. Nides a indiqué qu’il avait rencontré lundi des représentants de grandes entreprises américaines, dont Google, Microsoft et Intel, pour les inciter à développer des opportunités pour les Palestiniens.

 » Je leur ai dit en substance : ‘il faut que vous ouvriez des bureaux en Cisjordanie. Vous devez le faire… et je travaille avec eux pour trouver un moyen de le faire », a-t-il déclaré.

« Aucune de ces choses n’est magique en soi, mais si nous ne les faisons pas, nous allons nous réveiller… avec une catastrophe », a déclaré M. Nides.

Il a toutefois précisé que les initiatives économiques en faveur des Palestiniens ne peuvent se faire dans le vide.

Le passage Allenby, principale voie d’accès de la Cisjordanie palestinienne à la Jordanie voisine, après avoir été partiellement fermé par crainte du coronavirus, est photographié le 10 mars 2020. (Crédit : ABBAS MOMANI/AFP)

« Vous ne pouvez pas acheter les Palestiniens. Cela ne marchera pas », a déclaré M. Nides, faisant référence au plan de paix de l’administration Trump, qui offrait aux Palestiniens des milliards d’euros d’aide économique de la part de pays étrangers, en prélude à un plan politique qui envisageait pour eux un État sous-souverain, non contigu, délimité de telle sorte qu’aucune implantation israélienne ne puisse être évacuée.

Les responsables de l’AP ont jusqu’à présent évité les réunions publiques avec Nides et ont, tant que possible, boycotté l’ambassade américaine depuis que Trump l’a déplacée à Jérusalem en 2018. Jusqu’à son intégration à l’ambassade en 2019, Ramallah travaillait en étroite collaboration avec le consulat, mais a pratiquement rompu tout contact depuis.

« Je ne dis pas que l’argent n’est pas important, mais ce n’est pas exactement la seule chose que les Palestiniens veulent, bien au contraire. Ils veulent contrôler leur propre destin. Ils veulent contrôler leur propre avenir. Ils ne sont pas à acheter, a déclaré M. Nides. « Si nous pensons que nous pouvons simplement diriger avec notre chéquier, cela ne fonctionnera pas ».

M. Nides a déclaré qu’il souhaitait que Ramallah se voie accorder l’autorité sur le passage Allenby entre la Jordanie et la Cisjordanie, qui est actuellement exploité exclusivement par Israël et la Jordanie, bien qu’il serve principalement aux Palestiniens.

Dans le cadre des accords d’Oslo, Israël a accepté d’accorder à l’Autorité palestinienne une certaine juridiction sur ce point de passage, mais ces dispositions n’ont jamais été appliquées.

« J’essaie de convaincre le Premier ministre et les Israéliens de leur accorder plus de contrôle au pont Allenby », a déclaré Nides.

« Que signifie l’égalité ? Avoir la 4G ! C’est ça l’égalité », a-t-il ajouté plus tard. « Qu’est-ce que l’égalité signifie ? C’est pouvoir aller au pont Allenby et sentir qu’il y a un lien avec le peuple palestinien. [C’est] aller à Ramallah et voir l’Apple Store, ou voir Google dans les environs. »

Il ne faut pas faire de bêtises

Nides ne s’est pas retenu lorsqu’il a été interrogé sur l’expansion des implantations israéliennes, affirmant qu’elles « l’enrageaient. »

« Nous ne pouvons pas faire de bêtises qui nous empêcheraient de concrétiser la solution des deux États. Ce que je veux dire par là, c’est que nous ne pouvons pas laisser les Israéliens étendre leurs implantations à Jérusalem-Est ou en Cisjordanie », a-t-il déclaré.

L’ambassadeur a admis qu’il « ne peut pas tout régler » et qu’il doit « choisir ses batailles ». L’une d’entre elles concerne un projet israélien de construction de milliers d’unités de logement dans le corridor E1 entre Jérusalem-Est et l’implantation de Maale Adumim.

Les opposants affirment qu’autoriser la construction des implantations à cet endroit sonnerait le glas de la solution à deux États en empêchant la contigüité palestinienne à l’endroit même où ils comptent placer leur future capitale en Cisjordanie.

« E1 a été un désastre. J’ai travaillé d’arrache-pied sur le projet E1 », a déclaré M. Nides, révélant le rôle joué par les États-Unis dans la décision d’Israël d’abandonner le projet au début de l’année.

Une photo prise depuis le corridor controversé E1 en Cisjordanie montre l’implantation de Maale Adumim à l’arrière plan, le 25 février 2020 (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Interrogé sur sa promesse, peu après son arrivée en Israël, de ne pas visiter les implantations de Cisjordanie, Nides a reconnu qu’il ne s’attendait pas à ce que la remarque ait l’impact qu’elle a eu.

« Ce n’est pas comme si j’y avais réfléchi. Ce n’était pas [censé être] ma priorité initiale. Mais j’ai juste pensé que… dire que je n’irai pas dans les implantations était un acte juste. Pourquoi contrarier tout le monde », a-t-il déclaré, précisant qu’il est heureux de rencontrer les habitants des implantations dans d’autres localités.

Il a toutefois noté qu’il avait visité le mur Occidental, situé à Jérusalem-Est, des dizaines de fois depuis son arrivée l’année dernière, mais qu’il ne rendait pas ces visites publiques.

« Je ne vais pas en faire toute une histoire. Je ne vais pas faire venir les caméras », a-t-il déclaré.

Les membres de l’administration de l’ancien président américain Donald Trump ont rompu avec des décennies de politique américaine en effectuant des visites d’État officielles au lieu saint, considéré comme le lieu le plus sacré où les Juifs peuvent prier. Par le passé, les responsables américains n’avaient visité le site qu’à titre privé, sans escorte israélienne.

M. Nides a déclaré qu’il avait refusé une offre de visite des tunnels situés sous la vieille ville, qui longent le Mur occidental, car cela aurait « exaspéré les gens ».

L’ouverture des tunnels excavés en 1996 avait déclenché des émeutes meurtrières qui avaient duré plusieurs jours à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza.

Malgré son désaccord sur la politique de colonisation, M. Nides a déclaré qu’il était émerveillé par la diversité du nouveau gouvernement israélien.

« Oui, il y a une majorité d’un seul siège, et il y a certaines personnes dans le gouvernement avec lesquelles je préférerais probablement ne pas dîner, mais c’est une démocratie assez impressionnante qui existe ici », a-t-il déclaré. « Nous pouvons nous plaindre (…) de différentes personnes et des différents propos qu’elles tiennent, mais nous avons la possibilité, avec ce gouvernement, de faire quelque chose en ce qui concerne la Cisjordanie et le peuple palestinien pour que ces paroles soient suivies par des actes, et c’est ce sur quoi je me concentre. »

« Quand ils font quelque chose qui m’exaspère – prenons l’exemple des implantations que je considère comme une erreur. J’essaie d’abord de [répondre] calmement. Je prends le téléphone et j’appelle le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères ou le ministre de la Défense. Mais si cela ne fonctionne pas, je deviens alors un peu plus créatif et j’utilise la pression publique », a déclaré Nides.

M. Nides a également critiqué l’AP et sa politique d’assistance sociale – les salaires des prisonniers , qui, selon ses détracteurs, encourage le terrorisme et est qualifiée de « pay-to-slay » (payer pour tuer).

Pour de nombreux Palestiniens, cependant, la solidarité avec les personnes emprisonnées pour divers actes d’opposition au régime israélien, y compris la violence, est un principe clé du mouvement national. Ces paiements sont également considérés comme une forme cruciale d’assistance sociale pour les familles dont le principal gagne-pain est emprisonné dans ce qu’elles considèrent comme un système militaire injuste.

« Ces paiements aux martyrs… ont causé une quantité énorme de problèmes », a déclaré l’envoyé, ajoutant qu’il travaillait avec les responsables israéliens et palestiniens pour réformer cette politique. Ramallah s’est engagé à le faire, mais n’a encore rien changé à cet effet.

La Palestinienne Fatema Taha, 40 ans, mère de Maram, 24 ans, et d’Ibrahim Taha, 16 ans, montrant l’affiche en leur honneur et une inscription en arabe qui dit : « Le Jihad islamique en Palestine célèbre les martyrs du soulèvement de Jérusalem », dans la maison familiale, dans le village cisjordanien de Qatana, près de Ramallah, jeudi 28 avril 2016. (Crédit : Nasser Nasser /AP Photo)

Faire une montagne d’un bâtiment

Pressé de savoir où en était la promesse de l’administration Biden de rouvrir le consulat américain, Nides a donné une réponse peu engageante.

« Nous voulons l’ouvrir. Et les gens disent : ‘Eh bien, pourquoi ne l’ouvrez-vous pas’. Comme vous le savez, ce n’est pas aussi simple que cela. C’est un gouvernement qui a [une] majorité d’un siège. Je préférerais ne pas faire basculer le gouvernement », a-t-il déclaré.

Il a reconnu l’importance symbolique d’une telle démarche pour les Palestiniens qui cherchent à faire valider leurs aspirations politiques et a indiqué que cela avait suscité une opposition farouche de la part du gouvernement israélien.

« Aussi bien les Palestiniens qu’Israël ont accordé beaucoup trop d’importance à ce bâtiment particulier… Je ne veux pas que cela m’empêche de rencontrer les Palestiniens de Jérusalem-Est et de Cisjordanie, ou [de] poursuivre mes efforts pour que la solution à deux États reste vivante et viable « , a déclaré M. Nides. « Nous voulons ouvrir le consulat. [Mais je ne veux pas dépenser toute mon énergie jour après jour à essayer d’ouvrir un consulat et [voir] tout le reste partir en fumée. »

L’ambassadeur a déclaré que le seul câble qu’il a renvoyé au département d’État depuis qu’il a pris ses fonctions concernait le risque de violence sur le mont du Temple, lié à la confluence des fêtes religieuses le mois prochain, après avoir été informé de cette menace par Danny Seidemann, expert modéré de Jérusalem.

La police utilise des canons à eau lors d’affrontements avec des manifestants arabes à Jérusalem pendant le Ramadan, le 10 mai 2021. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

« J’ai quitté cette réunion et j’ai (…) dit ‘réveillez-vous tous. C’est un vrai risque potentiel », a déclaré Nides, confirmant un reportage du Times of Israël du mois dernier sur les responsables américains qui auraient exhorté leurs homologues israéliens à prendre des mesures pour faire baisser les tensions à l’approche des fêtes.

« Grâce au Département d’État, tout le monde est maintenant fixé sur ce qui pourrait potentiellement être un problème très grave », a déclaré Nides. « L’espoir est que [en en parlant] les Jordaniens, les Égyptiens et les Israéliens [tenteront] d’essayer de calmer les choses et de faire en sorte que cela ne prenne pas de proportions démesurées. »

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