Tour de David de Jérusalem : 50 M de $ pour faire coexister le moderne et l’ancien
Après des travaux de rénovation qui auront duré six ans, le musée dans la citadelle séculaire devient la porte d'entrée officielle de la capitale dans la Vieille Ville
Il aura fallu six ans pour terminer les travaux de rénovation du musée de la Tour de David de Jérusalem, une ancienne citadelle adjacente à la porte de Jaffa de la Vieille Ville et datant des périodes mamelouke et ottomane.
Un aperçu avant la réouverture officielle le 1er juin prouve que l’attente en valait la peine.
Désormais qualifiée de musée officiel de la capitale par la mairie, la citadelle offre un accès à la Vieille Ville et propose aux visiteurs des outils novateurs et ingénieux pour découvrir les documents historiques et les légendes qui font partie des chroniques et des traditions de Jérusalem.
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Le projet de rénovation et de conservation, qui a coûté 50 millions de dollars, a été dirigé par Dame Vivien Duffield par l’intermédiaire de la Fondation Clore Israël, avec le soutien de la municipalité de Jérusalem, du ministère de Jérusalem et des traditions juives, du ministère du Patrimoine, du ministère du Tourisme, de la Fondation Patrick et Lina Drahi, du Keren Hayesod, de la Fondation de Jérusalem, des Amis américains des musées en Israël et de la Fondation P. Austin Family.
Technologies et artefacts originaux coexistent harmonieusement dans cette nouvelle version améliorée, qui fournit aux visiteurs une immersion chronologique dans le passé de la citadelle, depuis Hérode, en passant par les premiers musulmans et jusqu’aux croisés, qui ont tous utilisé la forteresse pour assurer la protection de la ville pendant leur règne.
Les divers médias numériques originaux dirigés par Yoav Cohen comprennent des films d’animation très imagés réalisés par des animateurs israéliens, dont Ari Folman, lauréat d’un Golden Globe, et David Polonsky, illustrateur de renom, ainsi que des cartes et un globe terrestres interactifs géants.
Le contenu numérique partage l’espace avec des objets anciens trouvés dans la citadelle qui n’ont jamais été exposés auparavant. Une partie de la rénovation comprenait de nouvelles fouilles dans différentes zones de la citadelle, ainsi qu’un programme de conservation complexe mené par l’Autorité israélienne des Antiquités.
Grâce aux deux nouveaux ascenseurs, aux allées élargies et aux rampes soigneusement construites pour le site archéologique, le musée est désormais presque entièrement accessible à tous. Les murs et le minaret ont été conservés, et le musée a été réaménagé pour s’intégrer à la ville et au paysage urbain, plutôt que d’être une forteresse refermée sur elle-même.
On accède au musée par un nouveau pavillon d’entrée couvert situé juste en face de la porte de Jaffa. Celui-ci comprend une billetterie et un café (pas encore ouvert) qui mène à la première galerie, où 12 écrans interactifs décomposent l’histoire de la citadelle en différentes périodes.
La ligne du temps, « Sands of Time« , est l’une des nouveautés préférées de la directrice Eilat Lieber, car elle permet de comprendre chaque période de l’histoire de Jérusalem en touchant simplement un écran. « C’est grand, beau, profond et intéressant », a déclaré Eilat Lieber.
En plus des écrans interactifs (et du globe) qui ont de quoi occuper le visiteur pendant une bonne heure, c’est ici qu’est projeté le court-métrage d’animation d’Ari Folman (« Valse avec Bashir », « Où est Anne Frank »).
Folman utilise l’un des anciens murs de pierre comme écran, pour illustrer les passages des différents règnes de Jérusalem dans un film de cinq minutes, en utilisant une technique d’imagerie astucieuse.
J’aurais pu le regarder plusieurs fois.
Ce n’est pas la seule animation intelligente ; les œuvres animées de l’artiste Dov Abramson sont installées dans une galerie à l’étage supérieur et projetées sur une vitre à travers laquelle les murs de pierre sont encore visibles.
David Polonsky, célèbre lui aussi pour « Valse avec Bachir » (ainsi que pour le film d’animation « Legend of Destruction » sur la fête du 9 Av), a investi le plafond voûté d’une autre galerie à l’étage, utilisant tous les coins et recoins pour son documentaire passionnant de sept minutes sur le cycle des fêtes à Jérusalem, incluant toutes les religions et toutes les saisons.
Le son est assuré par le musicien Amitai Cohen, qui a enregistré des sons authentiques, notamment une marche grecque orthodoxe le dimanche des Rameaux, des juifs pratiquants agitant des cédrats et des myrtes lors de la fête de Souccot, le clapotis des pluies hivernales et les embouteillages de la ville.
L’accent mis par le musée sur la technologie est contrebalancé par une exploration approfondie de ses collections. Mais il a d’abord fallu retrouver ses propres artefacts.
D’après les informations qui avaient été communiquées à Lieber, qui dirige le musée depuis 2012, la plupart des objets du musée avaient été détruits dans un incendie. Elle a donc entrepris une mission à Beit Shemesh, où des boîtes non identifiées contenaient un véritable trésor de pièces de musée.
« L’Histoire est racontée par les objets physiques », a déclaré Mme Lieber, en montrant les sceaux anciens, les poignards de l’époque des croisades et d’autres objets exposés avec parcimonie dans plusieurs galeries, à côté des supports numériques.
Une autre galerie située dans la partie supérieure du musée contient la maquette entièrement restaurée de la carte de Jérusalem réalisée par Illés pour l’exposition universelle de Vienne en 1873, qui détaille minutieusement la topographie de la ville à l’aide d’arbres en fil de cuivre et de bâtiments en zinc.
Elle a été découverte par hasard dans les années 1980, par deux étudiants de l’Université hébraïque, dans le grenier de la bibliothèque de l’Université de Genève.
Le mélange d’ancien et de nouveau apparaît tout au long des 20 000 mètres carrés de l’espace d’exposition agrandi du musée, sous la direction de Tal Kabo, avec des films de Yair Moss qui mêlent l’ancienne et la nouvelle ville, et dans la dernière galerie avec trois films documentaires de Ben Shani de « Ouvda« , l’émission télévisée d’investigation de Keshet, réalisés à partir d’images d’archives.
« Nous avons mis la citadelle sur un piédestal », a déclaré le designer Tal Roih de Lange, qui a veillé à ce que l’architecture rénovée reste aussi épurée que possible, malgré les différentes tailles et proportions de chaque pièce de la citadelle.
Le défi était de taille dans ce site vieux de 3 000 ans. Chaque galerie est désormais plus légère, plus aérée, avec des fenêtres nouvellement découvertes qui donnent sur les rues de la Vieille Ville et qui mélangent le moderne et l’ancien.
Aucun dispositif technologique n’est visible, aucun fil électrique exposé, et même les luminaires ont été réduits pour tenir compte du volume de l’espace, a déclaré Roih de Lange.
« Il doit y avoir un équilibre entre l’ancien et le nouveau », a déclaré Roih de Lange. « Cette citadelle était là avant nous et sera là après nous, et il est de notre devoir de la garder aussi nette que possible », et cela vaut même pour la police de caractères utilisée dans les rares textes, qui a un aspect moderne avec une touche de l’ancienne Jérusalem.
Le musée accueillera également des expositions temporaires, dont la première, réalisée par l’architecte David Kroyanker sur l’architecture et les rues de Jérusalem, sera présentée dans l’espace d’exposition situé sous le nouveau pavillon d’entrée.
« L’idée est de pouvoir régulièrement renouveler le musée », a déclaré M. Lieber. « Je souhaite que la Tour de David puisse servir de base au dialogue, à la tolérance et au respect, que ce soit pour un écolier israélien ou pour un visiteur étranger. C’est ce qui contribuera à rendre le monde meilleur et les visiteurs, qu’ils viennent de près ou de loin, quitteront le musée avec une meilleure compréhension de Jérusalem, cette ville éternelle ».
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