Avec ses ascenseurs, le musée de la Tour de David devient accessible à tous
Le personnel du musée, l’Autorité des antiquités et les architectes ont travaillé ensemble pour adapter le musée aux besoins des personnes handicapées
La Tour de David de Jérusalem n’a pas été conçue dans un souci d’accessibilité.
L’ancienne citadelle, située près de la porte de Jaffa de la Vieille Ville, date des périodes mamelouke et ottomane, avec des tours parfois plus anciennes encore, construites par Hérode, les premiers musulmans ou les Croisés, conçues pour protéger la ville.
Ses cinq tours de garde, tout comme ses sentiers étroits et sinueux, ses escaliers raides et étroits, ses pierres inégales et ses tunnels étroits, conçus à des fins défensives, se sont avérés incompatibles avec la circulation des personnes à mobilité réduite lorsque le site s’est mué en musée.
Mais la citadelle, dont on a fait un musée en 1989, fait actuellement l’objet d’importants travaux de rénovation qui vont la rendre totalement accessible.
Hérode lui-même, pas davantage que ses successeurs, le sultan Saladin ou Soliman le Magnifique, ne reconnaîtraient pas l’ancienne forteresse.
Entre autres nouveautés conçues pour faciliter la visite du musée, quelle que soient les difficultés de ses visiteurs, deux ascenseurs ont été ajoutés, permettant d’accéder aux parties supérieures de la citadelle.
Rendre accessible l’un des principaux et plus anciens sites archéologiques d’Israël est un projet qui mobilise la directrice du musée, Eilat Lieber, depuis une bonne dizaine d’annees.
Ce n’était en rien une obligation, car les sites historiques sont exemptés de l’obligation légale d’être accessibles aux personnes handicapées, qui prévaut pour tous les autres lieux publics en Israël.
Eilat Lieber savait qu’un site archéologique comme la citadelle serait particulièrement complexe à modifier, compte tenu de sa taille et de son importance.
« Notre priorité a été de préserver le site, et non de créer des accès à des sites importants », explique Lieber.
« Nous n’avions pas l’obligation d’être accessibles, mais j’ai décidé de le faire. Il ne nous restait plus qu’à trouver des solutions créatives. »
Le Musée de la Tour de David a toujours été très créatif. Il a accueilli des concerts de rock nocturnes, un spectacle son et lumière très apprécié, projeté sur les murs de la citadelle, un parcours de tyroliennes et murs d’escalade et même des expériences immersives de réalité virtuelle dans le cadre de récentes expositions.
Pour autant, installer des ascenseurs et organiser l’accès aux étages de la citadelle, fort anciens, avait tout d’une mission impossible.
Lieber s’est inspirée de ce qui s’était fait de par le monde, dans des environnements similaires, en matière d’accessibilité.
L’Autorité des antiquités d’Israël, l’un des partenaires les plus importants du musée, a été particulièrement exigeant.
« Ils sont très, très conservateurs », explique Lieber.
« L’architecte avait beau proposer plusieurs options, le plus important, aux yeux de l’Autorité des antiquités, était la préservation de la physionomie du site. »
La citadelle n’est pas seulement un musée, commente Amit Reem, archéologue de l’Autorité des antiquités d’Israël responsable de la région de Jérusalem.
« C’est d’abord et avant tout l’une des découvertes archéologiques les plus importantes : toucher à la moindre pierre a un impact important », explique Reem.
« Malgré tout, nous nous sommes montrés ouverts au sujet et à la discussion qui a mené à ces adaptations. »
Les modalités d’installation des deux ascenseurs ont focalisé l’attention des décideurs.
Le premier, bâti en verre et situé à l’extérieur, dans la cour intérieure de la citadelle, n’est pas en contact avec les vieilles pierres du site. Il donne accès aux niveaux supérieurs du musée. L’autre se trouve de l’autre côté de la forteresse, à proximité de l’entrée principale, et mène aux galeries situées à l’étage supérieur.
Chaque préoccupation archéologique a été prise en compte, souligne Lieber. L’ascenseur en verre flottant, par exemple, peut être retiré, si nécessaire, sans impact pour les structures environnantes.
L’ascenseur situé de l’autre côté se trouve, lui, à l’intérieur du musée, car un ascenseur extérieur aurait, à cet endroit, été visible de l’extérieur des murs de la citadelle, aux détriments de la ligne emblématique de la Vieille Ville et de ses toits.
Pour l’installer, un plafond voûté ancien a dû être démonté et réinstallé.
Le projet initial prévoyait l’installation de trois ascenseurs – le troisième pour conduire les visiteurs au point de vue le plus élevé de la citadelle – mais le musée n’a pas été autorisé à le faire.
À la place, le musée, qui a déjà une longue expérience des outils technologiques destinés à recréer d’anciennes structures, a déployé un outil de visualisation à 360 degrés pour permettre aux visiteurs incapables d’accéder aux escaliers menant au sommet de profiter malgré tout du panorama.
Dans l’ensemble, ces travaux étaient devenus nécessaires, rappelle Reem.
Le musée renvoyait une image un peu figée dans les années 1980, dit-il, fidèle à l’époque de son ouverture, que l’on a retravaillée pour répondre aux besoins des touristes et des visiteurs de ce siècle.
« Nous sommes heureux et fiers d’avoir rendu le musée plus accessible, ce qui va permettre à un plus large public d’admirer ces trésors archéologiques », ajoute-t-il.
La mise aux normes en matière d’accessibilité fait partie de travaux plus généraux opérés par le musée, sur la base d’un projet de quelque 50 millions de dollars dirigé par la Fondation Clore Israël avec le soutien de la ville de Jérusalem, du ministère de Jérusalem et du Patrimoine, du ministère du Tourisme, de la Fondation Patrick et Lina Drahi, des amis américains des musées en Israël et du Keren HaYesod.
Ce projet aura pour effet de doubler la superficie du musée pour la porter à 20 000 mètres carrés et de le doter d’un nouvel accès souterrain, d’un café, d’installations publiques supplémentaires, de 10 nouvelles galeries et d’espaces d’exposition supplémentaires.
Les travaux devraient être achevés cette année.
Cette mise aux normes a soulevé de nombreuses questions fonctionnelles et donné lieu à une intense activité, tant législative que politique, confie Yotam Cohen-Sagi, architecte principal du projet chez Kimmel Eshkolot Architects.
Les travaux, dans leur ensemble, ont été complexes, explique Cohen-Sagi.
« Souvent, à la fin d’un projet, on s’aperçoit que l’on a fait beaucoup de compromis, mais malgré tout, on a fait ce qu’il y avait à faire », déclare-t-il.
Il aura fallu pas moins de six ans pour aller au bout des travaux, ajoute Cohen-Sagi, mais le calendrier n’a jamais été le problème, surtout si on pense à l’âge de la citadelle.
« Si cela avait pris deux mois de plus, cela n’aurait pas été un gros problème », conclut-il.
« Notre propre pression est un peu vaine face à ce bâtiment qui sera là encore très, très longtemps. »
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