Trois des 13 soldats soupçonnés d’avoir attaqué des Bédouins libérés
Une audience de prolongation de détention est prévue pour les dix militaires restants ; leur avocat réclame leur libération

Les procureurs militaires ont décidé dimanche de libérer trois des 13 soldats issus du bataillon religieux Netzah Yehuda qui sont soupçonnés de s’être battus avec de jeunes Bédouins dans une station-service du sud d’Israël, au début du mois.
Les dix autres soldats se trouvent encore en état d’arrestation. Une audience de prolongation de leur détention aura lieu lundi à la cour militaire de Jaffa.
L’avocat Itamar Ben Gvir, candidat déchu d’Otzma Yehudit qui représente deux des soldats encore incarcérés, a appelé à la libération de tous les militaires incriminés.
« Nous ne pouvons pas avoir une situation dans laquelle des militaires continuent à se trouver emprisonnés dans des conditions impossibles, où ils ont été obligés de subir des enquêtes de la police militaire tandis que les Bédouins qui ont violé la loi sont encore en liberté », a-t-il dit.
« Nous demandons la libération des dix soldats », a-t-il ajouté.
Samedi soir, les parents des soldats appréhendés ont écrit au chef d’Etat-major Aviv Kochavi, disant : « De manière incroyable, les Bédouins impliqués n’ont pas du tout été interrogés sur les menaces d’attaques au couteau et sur leur tentative de se saisir d’une arme à feu – des faits qui ont été rapportés par les soldats ».
« Qu’attendre de vos soldats quand ils entendent que l’un de leur camarade a été attaqué ? Est-ce qu’ils doivent ne rien faire, par crainte d’être accusés d’agression en bande, ou doivent-ils intervenir pour protéger leur camarade qui est en difficulté ? », ont écrit les parents.

La police militaire a arrêté, la semaine dernière, 14 soldats suite à l’incident qui fait encore l’objet d’une enquête.
« Les soldats sont soupçonnés des crimes d’agression en bande, de menaces et d’usage illégal de leurs armes », a noté l’armée dans un communiqué émis mercredi.
L’un des militaires a été libéré au cours du week-end.
La confrontation avait eu lieu le 17 octobre, avant l’aube, au carrefour Dvira, aux abords de la ville à majorité bédouine de Rahat.
Une vidéo de la station-service montre les militaires se querellant avec les hommes – l’un d’entre eux étant un employé des lieux. Quelques instants plus tard, un soldat marche vers l’un des Bédouins et le pousse.
Ce dernier lui donne alors une gifle.
Les militaires, qui étaient tous armés de fusils d’assaut Tavor, et les hommes non-armés commencent alors à se battre, se bousculant. Dans la plainte que les Bédouins ont déposée auprès de la police, ils affirment que certains militaires les ont également frappés avec la crosse de leurs fusils.
Dans la mesure où l’incident a impliqué des soldats, la police israélienne a transféré la plainte à la police militaire qui a lancé une enquête, a indiqué l’armée.
« S’il s’avère qu’un seul soldat a violé les règles mises en oeuvre au sein de l’armée israélienne ou contrevenu à la loi, il sera traité avec toute la sévérité requise », a indiqué Tsahal dans un communiqué.
L’affaire semble principalement porter sur le groupe initiateur de l’altercation.
Les parents et les avocats des soldats ont affirmé que les Bédouins avaient menacé et harcelé les soldats quand ils étaient arrivés à la station-service vers 1 heure du matin jeudi dernier, en rentrant de l’enterrement d’Asher Hazut, âgé de 14 ans, qui était décédé après avoir été frappé par la foudre plus tôt cette semaine.
Le père d’un des soldats a déclaré à la chaîne publique israélienne Kan qu’un des Bédouins avait menacé de « poignarder un soldat dans le cœur ».
Les Bédouins ont rejeté les allégations des soldats, déclarant que les soldats avaient commencé la confrontation, leur hurlant qu’ils étaient des « Arabes puants » et disant « mort aux Arabes ».
Un frère de l’employé de la station-service impliqué dans l’altercation a également nié les affirmations du père du soldat selon lesquelles ils avaient menacé les soldats avec un couteau.
« S’il y avait eu des menaces avec un couteau ou une tentative d’attaque, pourquoi n’ont-ils pas appelé la police ou procédé à une arrestation ? Si un tel événement s’était produit, le chauffeur de leur bus… ne les aurait pas appelés, ‘allez, montez vite que nous puissions partir parce qu’ils ont appelé la police’ », a déclaré le frère au journal Maariv.
Les soldats du bataillon religieux Netzah Yehuda de la brigade d’infanterie Kfir, qui opère en Cisjordanie, ont été au cœur de plusieurs polémiques liées à de l’extrémisme de droite et à de la violence contre des Palestiniens.