Trump choisit Mike Huckabee, pro-implantations, comme prochain ambassadeur en Israël
L'ex-gouverneur de l'Arkansas s'est souvent rendu en Israël depuis 1973 ; il a critiqué Joe Biden pour la modération militaire qu'il prônait dans la guerre à Gaza et il s'oppose au nationalisme palestinien
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a annoncé mardi sa décision de nommer l’ancien gouverneur de l’Arkansas et soutien de longue date du mouvement pro-implantations, Mike Huckabee, au poste de prochain ambassadeur des États-Unis en Israël.
« Il adore Israël et le peuple d’Israël, et réciproquement, le peuple d’Israël l’adore. Mike travaillera sans relâche au retour de la paix au Moyen-Orient! », a déclaré Trump dans un communiqué.
La nomination de Mike Huckabee, 69 ans, requiert la confirmation du Sénat, où les républicains auront la majorité.
Huckabee est un ardent défenseur d’Israël au sein de la communauté chrétienne évangélique et un opposant notoire aux droits LGBT+. Il est le premier non-Juif à être nommé à ce poste depuis James Cunningham, qui avait été choisi pour assumer cette fonction en 2008 au sein de l’administration du président George W. Bush.
Au cours d’un entretien accordé à la Radio militaire, mercredi matin, Huckabee s’est dit « incroyablement honoré » que Trump lui ait demandé d’assumer cette fonction.
« Je suis convaincu que le peuple d’Israël mérite un pays sûr et tout ce que je pourrai faire pour y parvenir sera un grand privilège pour moi », a-t-il ajouté.
« C’est une occasion extraordinaire de pouvoir représenter mon pays dans un pays que j’aime depuis ma première visite en juillet 1973 », a-t-il expliqué.
« Avec les dizaines et les dizaines de voyages que j’ai effectués en Israël, avec les dizaines de milliers d’Américains que j’ai emmenés voir le pays, je ne peux pas vous dire à quel point c’est une joie de pouvoir servir à ce poste », a-t-il ajouté.
En effet, Huckabee avait pris la tête de nombreuses visites touristiques au sein de l’État juif au fil des années – faisant fréquemment la promotion de ces voyages de découverte sur des sites d’information conservateurs.
Au mois de décembre, il avait été au kibboutz Kfar Aza, l’une des communautés proches de la frontière de Gaza qui avait été détruite lors du pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre 2023 – les hommes armés, ce jour-là, avaient massacré plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, et ils avaient kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.
Mike Huckabee avait dit que cette marche au sein du kibboutz – où des dizaines de résidents avaient été assassinés lors de l’attaque sanglante du Hamas – avait ressemblé à « un coup de poing » qui avait renforcé sa détermination à exprimer sa solidarité avec le peuple israélien.
Il avait aussi déclaré, dans le passé, que les liens entre Israël et la Cisjordanie étaient plus forts que les liens des Américains entretiennent avec Manhattan, justifiant la revendication par l’État juif de ce territoire. Il avait participé à une cérémonie de pose de première pierre, en 2018, au sein de l’implantation d’Efrat, avant la construction d’un nouveau complexe résidentiel.
Lors d’une visite effectuée en 2017 dans l’implantation de Maale Adumim, Huckabee avait déclaré aux journalistes : « Il y a certains mots que je refuse d’utiliser. La Cisjordanie n’existe pas – c’est la Judée-Samarie. Il n’y a pas de colonies – ce sont des communautés, des quartiers, des villes. L’occupation n’existe pas ».
Évoquant le sujet lors de son entretien avec la Radio militaire, mercredi matin, Huckabee a d’ailleurs déclaré que l’annexion de la Cisjordanie était « bien sûr » une possibilité – mais il a souligné qu’il n’était pas en charge de la politique.
« Comme vous le savez, j’ai souvent visité la Judée-Samarie », a fait remarquer le futur envoyé, utilisant le terme biblique désignant la région de la Cisjordanie, un terme privilégié par la droite de l’échiquier politique.
Le pressant davantage, les journalistes lui ont demandé si une annexion de la Cisjordanie serait envisageable pendant le second mandat de Trump – la station n’a pas diffusé l’enregistrement du moment où les journalistes lui posaient explicitement la question.
« Bien sûr. Ce n’est pas moi qui serai en charge de la politique ; j’exécuterai la politique qui sera décidée par le président mais ce dernier a déjà démontré au cours de son premier mandat qu’il n’y a jamais eu un président américain qui ait été plus utile pour asseoir la souveraineté qui est celle d’Israël – depuis le déménagement de l’ambassade, la reconnaissance du plateau du Golan, et Jérusalem comme capitale, personne n’a fait plus que le président Trump et je m’attends à ce que ça continue », a répondu Huckabee.
Interrogé sur la possibilité de reconstruire des implantations israéliennes à Gaza, Huckabee a indiqué qu’il n’avait pas eu le temps de réfléchir à la question, répétant que son rôle ne sera pas de définir une politique mais de la mettre en œuvre.
Plus récemment, Huckabee s’était aussi distingué par ses critiques à l’encontre du président américain sortant, Joe Biden, qui a exercé des pressions sur Israël afin que le pays modère sa campagne menée dans le cadre de la guerre contre le groupe terroriste palestinien à Gaza.
« Si vous êtes pro-israélien, comment pouvez-vous être pro-Biden ?… Parce que l’administration Biden a clairement indiqué qu’elle ferait des concessions au Hamas », avait dit Huckabee lors d’une interview accordée à News Nation au mois de mars.
Huckabee est également un adversaire acharné du nationalisme palestinien. « Je dois faire attention en disant cela parce que cela rend les gens vraiment furieux, mais un Palestinien, ça n’existe pas », avait confié Huckabee, ancien pasteur de l’église baptiste, à un rabbin du Massachusetts en 2008, selon le New Yorker. « C’est un outil politique utilisé pour essayer d’arracher des terres à Israël ».
Dans la même veine, en 2015, il avait indiqué au Washington Post que : « L’idée que les Palestiniens ont une longue histoire, une histoire qui remonterait à des centaines ou à des milliers d’années, n’est pas vraie ».
Huckabee a également une opinion très tranchée sur l’ennemi juré d’Israël, l’Iran, « un serpent », a-t-il dit, auquel il est impossible de faire confiance et qu’il faut « tuer ».
Huckabee avait été gouverneur de l’Arkansas de 1996 à 2007. Il n’avait pas réussi à obtenir l’investiture républicaine en vue des élections présidentielles en 2008 et en 2016.
Sa fille, Sarah Huckabee Sanders, est l’actuelle gouverneure de l’Arkansas. Elle avait été attachée de presse de Trump à la Maison Blanche de 2017 à 2019.
David Friedman, qui a été ambassadeur de Trump en Israël lors de son premier mandat, a annoncé qu’il était « ravi » du choix de Huckabee à son ancien poste.
Le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar lui a adressé ses « félicitations ». « En tant qu’ami de très longue date d’Israël et de notre capitale Jérusalem, j’espère que vous vous sentirez comme à la maison », a-t-il assuré dans un message sur X.
Le ministre israélien d’extrême droite Bezalel Smotrich a lui assuré sur X que M. Huckabee était « un partisan du processus de colonisation ». « Je n’ai aucun doute qu’avec lui, nous renforcerons la sécurité d’Israël et notre contrôle sur tous ses espaces », a ajouté le ministre des Finances, également chargé de la gestion civile en Cisjordanie.
Le maire du Conseil régional de Samarie, Yossi Dagan, s’est entretenu avec Huckabee après l’annonce de la nouvelle et l’a félicité pour sa nomination.
« Les États-Unis ont gagné et l’État d’Israël aussi. Mike Huckabee est un vrai leader, un homme intelligent », a commenté Dagan dans un communiqué qui a souligné la coopération du candidat avec le mouvement pro-implantations.
Israël Gantz, qui dirige le Conseil de Yesha (principale organisation représentant les implantations), a « remercié » dans un communiqué le président élu Trump pour son « bon choix » concernant Mike Huckabee, un « vieil ami des implantations » israéliennes.