Tsahal a découvert le plus grand tunnel d’attaque creusé sous la bande de Gaza
Le massif réseau souterrain débouchant non loin du passage Erez atteint 50 m de profondeur par endroits et est suffisamment large pour permettre le passage de véhicules
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
L’armée israélienne a révélé dimanche avoir découvert « le plus grand tunnel » creusé par le groupe terroriste palestinien du Hamas sous la bande de Gaza et débouchant à seulement quelques centaines de mètres de son territoire, près du poste-frontière d’Erez.
Le tunnel, dont environ quatre kilomètres ont été découverts par Tsahal, descend à une cinquantaine de mètres sous terre à certains endroits et semble suffisamment large pour permettre le passage de véhicules. Il ne pénètre pas en territoire israélien.
Un photographe de l’AFP qui a été autorisé à s’y rendre a constaté qu’il était d’une dimension suffisante pour faire circuler de petits véhicules.
L’un des puits a été découvert à 400 mètres seulement du point de passage d’Erez, qui, jusqu’à l’attaque du Hamas le 7 octobre, facilitait la circulation des civils palestiniens en Israël pour le travail et les soins médicaux.
« Le Hamas a constamment et délibérément investi d’énormes quantités d’argent et de ressources dans des tunnels terroristes qui n’ont qu’un seul but : attaquer l’État d’Israël et ses résidents », a déclaré le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l’armée israélienne.
« Ce réseau stratégique de tunnels d’attaque (…) a été creusé intentionnellement près d’un point de passage [qui est lui] destiné à permettre aux habitants de Gaza de se rendre en Israël pour y travailler et y recevoir des soins médicaux », a-t-il ajouté.
« Pour le Hamas, attaquer le peuple d’Israël continue d’être une priorité par rapport au soutien apporté au peuple de Gaza », a-t-il estimé.
L’armée a indiqué qu’au cours des dernières semaines, l’unité d’élite Yahalom du Corps du Génie Militaire et la Brigade Nord de la Division de Gaza ont utilisé des « moyens technologiques et de renseignement avancés » pour découvrir le réseau de tunnels « stratégique », le scanner et le débarrasser de toutes les menaces potentielles.
Une carte visualisée par le Times of Israel montrant le tracé du tunnel n’a pas été autorisée à la publication.
Le tunnel est équipé d’un système de canalisation, d’électricité, de ventilations, d’égouts, de réseaux de communication et de rails. Le sol est en terre compactée, les murs sont en béton armé et l’entrée est un cylindre métallique dont les parois ont une épaisseur de 1,5 centimètre. Dans certaines parties du tunnel, les troupes ont trouvé des portes blindées, qui, selon l’armée, étaient destinées à empêcher les troupes israéliennes d’entrer.
Tsahal a indiqué que le tunnel était propice à la circulation de véhicules et que « de nombreuses armes » appartenant au Hamas avaient été trouvées à l’intérieur.
« Sa largeur indique qu’il était destiné à être utilisé pour des raids à bord de véhicules contre des civils dans les communautés frontalières de Gaza », a déclaré le commandant de la brigade nord de la Division de Gaza, le colonel Haïm Cohen, dans une déclaration vidéo.
Le colonel Cohen a précisé qu’aucune des ramifications n’avait pénétré en territoire israélien.
Au cours des combats en cours à Gaza, le Hamas a mené plusieurs attaques contre les troupes à partir du réseau de tunnels, selon Tsahal. Il a ajouté qu’il y a quelques jours, plusieurs hommes armés du Hamas ont été tués à l’intérieur du tunnel.
L’armée a déclaré que l’incursion terrestre à Gaza a fourni « beaucoup d’informations sur le projet de tunnels terroristes du Hamas ».
Avec cette annonce, Tsahal a également publié des images obtenues dans la bande de Gaza montrant des ingénieurs du Hamas en train de construire le tunnel. Les images montrent des membres du groupe terroriste palestinien utilisant des équipements spécialisés pour creuser le tunnel.
Selon l’armée, la construction du tunnel a impliqué une équipe de dizaines de terroristes du Hamas « venus spécialement pour sa construction de Khan Younès [dans le sud de la bande de Gaza] vers le nord de la bande de Gaza ».
Tsahal a indiqué que le projet de tunnel était dirigé par Muhammad Sinwar, le commandant de la brigade sud du Hamas, et frère du chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar.
L’armée a précisé que les matériaux utilisés pour construire le tunnel « n’ont jamais été vus jusqu’à présent dans les tunnels tactiques du Hamas ». Les tunneliers utilisés pour la construction ont été introduits clandestinement dans la bande de Gaza.
Selon les estimations militaires, le Hamas a investi des millions de dollars dans son réseau de tunnels à travers la bande de Gaza.
« Depuis le début de la guerre, et ces derniers jours, l’armée israélienne s’est efforcée de localiser et de détruire des dizaines d’itinéraires de tunnels d’attaque, dans le cadre du démantèlement systématique de l’infrastructure du Hamas », a affirmé Tsahal.
Surnommé « le métro de Gaza » par les militaires israéliens, le dédale de galeries a d’abord servi à contourner les restrictions sécuritaires imposées par Israël après la féroce prise de pouvoir du Hamas dans ce territoire en 2007.
Des centaines de galeries ont été creusées sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler personnes, marchandises, armes et munitions entre Gaza et le monde extérieur.
Dans une étude publiée le 17 octobre, l’Institut de la guerre moderne de l’académie militaire américaine West Point évoque 1 300 galeries sur 500 kilomètres.
La semaine dernière, l’armée a également annoncé que les soldats avaient découvert plus de 800 puits de tunnel dans la bande de Gaza depuis le lancement de l’incursion terrestre et que 500 avaient d’ores et déjà été détruits.
L’armée a également procédé avec succès à un essai visant à injecter de l’eau de mer dans les tunnels d’attaque du Hamas dans la Bande de Gaza. Cette opération vise à détruire le réseau souterrain de passages et de cachettes du groupe terroriste palestinien et à faire sortir ses terroristes du sol.
Répondant aux craintes soulevées que cette tactique risquait de nuire aux otages, dont certains seraient détenus dans des tunnels du Hamas, le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré lors de sa propre conférence de presse jeudi que l’armée opérait sur la base des renseignements dont elle disposait concernant l’endroit où elle pensait que les otages étaient détenus et qu’elle ne prendrait pas de mesures susceptibles de leur nuire.
Tsahal combat le Hamas dans la bande de Gaza depuis la fin du mois d’octobre. La guerre a éclaté après le massacre perpétré par le groupe terroriste le 7 octobre, lorsque quelque 3 000 terroristes ont fait irruption en Israël depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime, tuant 1 200 personnes et s’emparant de plus de 240 otages de tous âges, pour la plupart des civils.
En réponse à cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire du pays et la pire contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas de Gaza et de mettre fin à son règne de 16 ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre.
Plus de 18 800 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. Selon les estimations de l’armée israélienne, 5 000 membres du Hamas auraient été tués dans la bande de Gaza, auxquels s’ajoutent plus de 1 000 terroristes tués en Israël lors de l’assaut du 7 octobre.
Il resterait 128 otages à Gaza – dont certains ne sont plus en vie – après que 105 civils ont été libérés des geôles du Hamas au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre. Quatre otages avaient été libérées avant cela, et une soldate avait été secourue par l’armée israélienne. Les corps de huit otages ont également été retrouvés et trois otages ont été tués par erreur par l’armée vendredi.
Tsahal a confirmé la mort de 21 des personnes encore détenues par le Hamas, grâce à de nouveaux renseignements et découvertes obtenus par les troupes opérant à Gaza.
L’AFP a contribué à cet article.