Tsahal intensifie ses raids en Cisjordanie pour éviter un nouveau front
Le Times of Israel a accompagné un bataillon de réservistes lors d'un raid nocturne à Beit Furik, pour arrêter 12 Palestiniens recherchés, dont six membres du Hamas
BEIT FURIK, Cisjordanie – Il était à peine 2 heures du matin mardi quand une centaine de soldats se sont mis en route vers une ville palestinienne dans le nord de la Cisjordanie, certains à pied et d’autres dans un convoi de véhicules blindés.
Ce raid nocturne, comme beaucoup d’autres menés en Cisjordanie ces dernières semaines, visait à arrêter des membres présumés du groupe terroriste du Hamas ainsi que d’autres Palestiniens accusés d’être impliqués dans des activités terroristes, consistant principalement à lancer des pierres et des cocktails Molotov sur des véhicules israéliens circulant dans la région.
Cette opération s’inscrit dans le cadre de la guerre menée par Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza, qui fait l’objet d’une grande attention de la part des médias, mais les tensions en Cisjordanie restent vives.
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Tsahal a indiqué que, depuis le 7 octobre, ses troupes ont arrêté environ 2 000 Palestiniens recherchés en Cisjordanie, dont plus de 1 100 affiliés au Hamas. Le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne (AP) signale qu’au cours de la même période, environ 200 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués par l’armée israélienne et, certains, par des habitants des implantations.
À bord d’un véhicule de transport blindé, le Tigris – une Ford F-550 reconditionnée – Arik Pupov, un major de réserve et commandant adjoint du 8109e bataillon de réserve de la brigade régionale de Samarie, a expliqué au Times of Israel que l’opération prévue était plus importante que de coutume.
« Nous allons procéder à 17 arrestations ce soir, c’est beaucoup », a expliqué Pupov alors que nous roulions vers Beit Furik, juste au sud de Naplouse, depuis la base de la Brigade régionale de Samarie. « Nous allons essayer de procéder aux arrestations le plus rapidement possible, avec le moins de frictions possible, et de ramener tous les suspects pour qu’ils puissent être interrogés. »
Certains des suspects interpellés ont été libérés quelques heures plus tard après avoir été interrogés par les enquêteurs du Shin Bet. D’autres ont été incarcérés pour leur implication dans des actes de terrorisme.
Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Alors que nous arrivions à la première des 17 maisons à fouiller, les troupes sont descendues des véhicules blindés et sont entrées dans le bâtiment pour y arrêter le Palestinien recherché. Ils sont ressortis quelques minutes plus tard, penauds, avec une nouvelle information surprenante.
« Commandant, le père dit que son fils vit en Turquie depuis cinq ans », a expliqué un soldat à Pupov.
Les troupes n’avaient aucun moyen de savoir si le père du suspect mentait ou si les informations qu’il leur avait fournies étaient inexactes. Les soldats ont laissé à la famille un avis demandant au suspect de se rendre à la police pour être interrogé s’il tant est qu’il se trouve dans le pays.
Alors que nous nous dirigions vers une deuxième adresse, deux jeunes Palestiniens ont jeté des pierres sur le véhicule blindé, mais ils ont été ignorés par les soldats.
« Il y a parfois des émeutes, mais le fait que nous soyons nombreux les en dissuade », explique Pupov. « En général, c’est lorsque nous procédons à une ou deux arrestations avec des forces réduites que nous sommes confrontés à des émeutes ».
Selon les responsables militaires, compte tenu du nombre élevé de morts palestiniens au cours du mois dernier, le nombre d’attaques terroristes contre des Israéliens en Cisjordanie a été remarquablement faible depuis un mois et demi, si l’on compare les chiffres à ceux de la vague de terrorisme qui a déferlé sur la région au cours des deux dernières années.
Selon les estimations de l’armée, la grande majorité des 200 Palestiniens tués depuis le 7 octobre ont été abattus par les troupes lors d’affrontements survenus à l’occasion de raids d’arrestations. D’après les données consultées par le Times of Israel, environ 60 % d’entre eux, étaient en possession d’une arme à feu ou d’un engin explosif. Tsahal a connaissance d’au moins trois cas de Palestiniens non impliqués tués par des troupes ces dernières semaines, et de plusieurs cas d’assassinat de Palestiniens perpétrés par des résidents d’implantations. Ces derniers cas sont toujours en cours d’investigation.
« Quand on procède à des centaines d’arrestations chaque nuit, c’est une question de statistiques. Par rapport au nombre d’opérations, le [nombre de morts] est très faible », a expliqué Pupov.
Il a ajouté que « depuis le début de la guerre, nos opérations sont plus soutenues », notant que les bataillons de réserve sont beaucoup plus nombreux. « Nous procédons à de nombreuses arrestations, ce qui était beaucoup plus difficile à réaliser avec les bataillons de l’armée permanente, dont les effectifs sont beaucoup plus limités ».
« Comme nous disposons d’un grand nombre de réservistes, nous avons plus de liberté pour arrêter tous ceux qui sont recherchés depuis des années », a-t-il ajouté.
Le chauffeur expérimenté de Pupov nous a conduits à travers les routes étroites de Beit Furik, serpentant entre les maisons où les suspects sont censés être détenus par les troupes du 8109e bataillon.
Un suspect est sorti d’une maison les yeux bandés et les mains attachées dans le dos. Les soldats vérifient sa carte d’identité pour s’assurer qu’elle correspond à la liste qui leur a été fournie par le Shin Bet, et il est embarqué à l’arrière du Tigris pour se rendre à une autre adresse.
Les raids à Beit Furik se sont déroulés sans incident majeur. Mais l’irruption de dizaines de soldats armés dans la maison d’un Palestinien au beau milieu de la nuit pour appréhender l’un des membres de la famille n’est jamais une expérience agréable.
Quand les troupes ont pénétré dans l’une des maisons dans la ville, la mère du suspect s’est mise à hurler. Le suspect a refusé de se soumettre aux soldats et a dû être traîné de force vers l’extérieur.
« Doucement, doucement, les gars », disait l’un des soldats à son partenaire pendant qu’ils emmenaient le détenu jusqu’au véhicule blindé.
« Comme vous pouvez le constater, les choses ne se passent pas toujours bien. Comme il a refusé [de nous accompagner], nous avons dû faire usage d’un peu de force », a expliqué Pupov.
Alors que l’homme recherché était embarqué à bord du Tigris, sa mère continuait à crier aux soldats depuis une fenêtre. « Ne lui répondez pas, allons-y », a déclaré l’un des soldats.
En quittant Beit Furik, les soldats ont embarqué deux autres détenus pour les emmener au Shin Bet, ce qui laissait peu ou pas de place à l’arrière du Tigris, dans lequel cinq soldats ont également dû se serrer.
L’un des détenus, qui venait d’être opéré de la jambe, souffrait par qu’il était écrasé à l’arrière du véhicule. Les soldats ont déplacé les autres détenus pour que l’homme blessé à la jambe soit un peu plus à l’aise pendant le court trajet de retour vers la base de la brigade régionale de Samarie.
Un soldat a demandé à l’homme en arabe : « Vous allez bien ? ». L’homme a répondu : « Comme ci, comme ça ».
Au petit matin, 12 des 17 Palestiniens recherchés avaient été arrêtés à Beit Furik. Selon Tsahal, six d’entre eux seraient des membres du Hamas, parmi lesquels un responsable haut placé dans la région de Naplouse. Les troupes ont laissé des lettres aux familles des cinq autres, les appelant à se rendre.
Tsahal affirme avoir des chefs d’accusation contre toutes les personnes qu’elle appréhende, et qu’elle ne se donnerait pas la peine de détenir ni d’interroger des personnes qui ne sont pas soupçonnées de quoi que ce soit. La plupart des personnes arrêtées ces dernières semaines sont des membres du Hamas, tandis que les autres, selon Tsahal, sont des membres d’autres groupes terroristes ou des « instigateurs » impliqués dans des émeutes.
« En fin de compte, la principale menace ici est constituée par les tirs d’armes à feu et les explosifs, contre les civils juifs et arabes », a déclaré Pupov. « Les habitants de la ville veulent le calme. Notre objectif est de maintenir l’ordre ici – qu’il s’agisse des Juifs ou des Arabes – afin que la vie quotidienne ne soit pas perturbée ».
« Parce que nous sommes en guerre, nous voulons surtout que [la Cisjordanie] reste une zone calme, et ne pas risquer l’ouverture d’un autre front », a-t-il ajouté.
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