Tsahal va former des femmes à la conduite de tanks
La décision intervient alors que les soldats religieux gagnent en importance dans les unités de combat et que les ultra-orthodoxes doivent s'enrôler
Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel
L’armée a franchi une étape importante concernant les femmes puisqu’elles pourront désormais faire partie du Corps blindé.
Dans les prochains mois, l’armée prévoit de commencer la formation de recrues féminines pour conduire des tanks. Ces soldates seront susceptibles en cas d’urgence d’être appelées au front, mais surtout de les déployer, au moins initialement, à titre d’instructrices de combat et sergentes, a fait savoir le site de Tsahal lundi.
« Sur le plan cognitif, physiologique, mental, les femmes sont aussi aptes à la tâche que les hommes, » a déclaré le général Yigal Slovik, à la tête des ressources humaines pour les forces terrestres de Tsahal, sur le site Internet de l’armée. « Et pourtant, pendant des générations de recrutement, l’armée israélienne a manqué 50 % de ces effectifs de qualité. »
La décision intervient alors que l’angoisse et les frictions sur la question du service féminin de l’armée vont crescendo, tandis que les soldats religieux ont pris de l’importance dans les unités de combat et que les soldats ultra-orthodoxes doivent s’enrôler en nombre.
En mars, la Knesset a adopté la loi sur le « partage du fardeau », qui appelle à l’incorporation de jeunes hommes ultra-orthodoxes à partir de 2017, dans des proportions qui devront être déterminées par l’armée et par le ministère de la Défense. Si le quota n’est pas atteint, ceux qui n’ont pas été exemptés du service – 1 000 étudiants par an – devront faire face à des sanctions économiques et éventuellement pénales.
La décision de recruter les ultra-orthodoxes, ou haredim, a déjà obligé l’armée à modifier ses normes. Cette année, pour la première fois, l’armée a annoncé qu’elle allait adhérer à l’interprétation haredi des lois de l’année sabbatique, ce qui a incité certains agriculteurs à prétendre que le ministère de la Défense leur avait « déclaré la guerre », mais qui permet aussi à des soldats haredi de pouvoir prendre leurs repas avec le reste des troupes dans les mêmes réfectoires.
En outre, tandis que le rôle des femmes dans l’armée augmente – depuis que la Cour suprême a statué en 1995 qu’Alice Miller devait être autorisée à entrer dans l’école de pilotage de l’Armée de l’Air israélienne – les frictions entourant leur intégration se multiplient.
Le chant en public, par exemple, a été un sujet houleux, plusieurs soldats religieux choisissant de désobéir aux ordres de l’armée et de quitter, par exemple, des événements dans lesquels les femmes ont le droit de chanter sur scène.
Le Rav Elyakim Levanon, qui dirige la Yeshiva Hesder d’Elon Moreh [système qui combine à la fois la période militaire et celle consacrée aux études juives] aurait affirmé à Radio Kol Hai en 2011 que si les soldats de sexe masculin étaient forcés de s’asseoir à des cérémonies pendant lesquelles des femmes chantaient seules sur scène, les rabbins instruiraient les soldats à quitter la salle « même s’il y a un peloton d’exécution à l’extérieur ».
En s’adaptant à cette réalité, l’armée a créé plusieurs bataillons ultra-orthodoxes entièrement sans femmes et, en même temps, a poussé les femmes vers des rôles différents, y compris dans l’unité mixte Karakal, le corps d’artillerie, la direction du renseignement, l’armée de l’air (comme les pilotes de chasse) et autres.
Le plan d’intégration du Corps blindé, si l’autorisation a bien lieu, exigera la formation de soldates comme commandantes de tanks. Ces femmes, après une période de formation de huit mois, seront prêtes à faire partie de tanks dans lesquels le conducteur, le chargeur et le tireur sont des hommes.
L’intégration convenable, a expliqué Slovik, serait de traiter les femmes d’égal à égal comme ce qui a été fait lors de l’opération Bordure protectrice à Gaza, où les soldats religieux combattants de Yeshivot Hesder ont tous servi tous sous la direction d’hommes.
En outre, les forces terrestres de Tsahal ont ouvert tous les postes au sein du corps d’artillerie aux femmes, y compris l’unité Skylark dédiée aux drones, qui est devenue une partie de plus en plus centrale des forces armées, d’ailleurs très demandée cet été – en Cisjordanie, pour les recherches des trois adolescents assassinés, ainsi que dans la bande de Gaza.
Les forces terrestres visent également à former en 2015 une compagnie de combat ultra-orthodoxe au sein de la Brigade Givati et à accroître la présence des haredim à l’échelon arrière, au sein des troupes de soutien au combat dans la division du Commandement central de Judée-Samarie.
Dans son interview, Slovik a noté que « dans le monde entier, les femmes représentent 2 à 3 % du nombre total des combattants. Dans l’armée israélienne, elles constituent 3 %, mais notre aspiration est de voir ce chiffre augmenter ».