Turquie : des milliers de personnes, dont Erdogan, sur écoute
Selon la presse gouvernementale turque, ces écoutes remontent à partir de 2011
Des milliers de personnes ont été placées sur écoute depuis trois ans en Turquie, parmi lesquelles le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, le chef des services secrets et de nombreux journalistes, a rapporté lundi la presse gouvernementale.
Selon les deux quotidiens Yeni Safak et Star, les téléphones de ces personnalités ont été espionnés sur ordre de policiers ou de magistrats proches de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, à laquelle M. Erdogan a déclaré la guerre en l’accusant d’être à l’origine d’un scandale politico-financier sans précédent qui éclabousse son régime.
L’existence de ces « bretelles » a été découverte par les procureurs récemment nommés par le gouvernement pour prendre en main la direction des enquêtes anti-corruption à l’origine du scandale, après une vague de purges historiques dans la justice et la police.
Le quotidien Star a chiffré à près de 7 000 le nombre de personnes écoutées.
Parmi les personnalités visées figurent, outre Erdogan et le chef de l’agence turque de renseignement (MIT) Hakan Fidan, un de ses fidèles, plusieurs ministres, de nombreux conseillers, des membres de l’opposition, des hommes d’affaires, des responsables d’ONG et des journalistes, écrivent les deux journaux.
Ces écoutes ont été mises en place à partir de 2011 dans le cadre d’une enquête ouverte sur une prétendue « organisation terroriste », selon les deux médias.
Cette information intervient alors que le Parlement turc débat actuellement d’un projet de loi controversé du gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002, destiné à renforcer les pouvoirs du MIT, notamment en matière d’écoutes téléphoniques administratives.
Depuis la révélation mi-décembre d’enquêtes anti-corruption visant des dizaines de proches du pouvoir, Erdogan accuse ses ex-alliés de la confrérie Gülen de manipuler ces dossiers pour le déstabiliser à la veille des élections municipales du 30 mars et présidentielle d’août 2014.
Les proches de Gülen démentent catégoriquement ces affirmations.
Outre des purges massives dans la police et la justice, le Premier ministre a fait adopter deux lois qui renforcent le contrôle d’internet et de l’institution judiciaire, dénoncées en Turquie et à l’étranger comme autoritaires et liberticides.