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Turquie : la présidente de l’Union des médecins libérée mais condamnée

3 ans de prison pour Sebnem Korur Fincanci pour « propagande au nom du PPK » suite à ses demandes publiques d’examiner l’usage d’armes chimiques contre les Kurdes par la Turquie

Sebnem Korur Fincanci, le chef de l'Association médicale turque, prend la parole devant le parlement à Ankara, en Turquie, le 4 février 2022. (Crédit : Burhan Ozbilici/AP)
Sebnem Korur Fincanci, le chef de l'Association médicale turque, prend la parole devant le parlement à Ankara, en Turquie, le 4 février 2022. (Crédit : Burhan Ozbilici/AP)

La présidente de l’Union des médecins de Turquie (TTB), Sebnem Korur Fincanci, a été condamnée mercredi à deux ans et huit mois de prison pour « propagande terroriste » mais libérée de prison par un tribunal d’Istanbul, ont rapporté les médias et ONG turcs.

Mme Fincanci avait été arrêtée le 26 octobre pour avoir réclamé une enquête sur des accusations d’emploi d’armes chimiques par l’armée turque dans le nord de l’Irak contre des combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

La médecin, âgée de 63 ans, dénonçait depuis le début un procès « politique ». Elle encourait jusqu’à sept ans et demi de prison.

Elle devrait quitter dans la journée la prison pour femmes de Bakirkoy, à Istanbul.

Médecin légiste de formation, elle avait été arrêtée puis détenue à Ankara, avant d’être transférée à Istanbul.

Les accusations d’emploi d’armes chimiques par l’armée turque dans le nord de l’Irak, relayées par des médias prokurdes et des élus de l’opposition, avaient suscité l’ire des autorités turques, qui ont dénoncé une campagne de « désinformation ».

Le PKK est considéré comme une organisation « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux.

L’une des avocates de Mme Fincanci, Meric Eyuboglu, a stigmatisé devant la cour un réquisitoire préparé d’avance, « avant même la première audience et répété » depuis par le procureur, preuve selon elle « que les droits à un procès équitable ont été constamment bafoués ».

Une dizaine de pays occidentaux, dont la France, les Etats-Unis et l’Union européenne avaient dépêché des représentants à l’audience, a rapporté l’un d’eux à l’AFP.

« Une affaire politique »

Sebnem Korur Fincanci, qui comparaissait pour la troisième fois devant la Haute Cour criminelle d’Istanbul, a dénoncé « une affaire à motivation politique visant le TTB, les valeurs démocratiques et la liberté d’expression ».

« Ce n’est pas une affaire juridique, c’est une affaire politique (qui) vise à détruire le TTB, nos principes démocratiques et la volonté de promouvoir le droit de la société », a-t-elle répété mercredi, selon des propos rapportés sur Twitter par l’association d’avocats MLSA qui suivait le procès.

Des médecins parlent devant des manifestants tenant une bannière sur laquelle on peut lire « Ne touchez pas à mon syndicat – Liberté pour Sebnem » devant le palais de justice d’Istanbul, où se déroule le procès du chef du principal syndicat médical de Turquie, Sebnem Korur Fincanci, accusé de terrorisme, le 11 janvier 2023. (Crédit : OZAN KOSE / AFP)

Accusant ses juges de « trahir leur pays et son peuple pour leur propre bénéfice », Mme Fincanci a cité devant la cour le poète français René Char: « Obéissez à vos porcs qui existent/ Je me soumets à mes dieux qui n’existent pas/ Nous restons gens d’inclémence ».

Des poursuites séparées ont été engagées par le même procureur contre les 11 membres du comité exécutif de l’Union des médecins pour « appartenance à une organisation terroriste ». Leur procès a été renvoyé au 8 février.

Mme Financi avait expliqué lors de ses précédentes comparutions refuser de préparer sa défense « car ce que j’ai fait n’est pas un crime et fait partie de mon travail de médecin ».

« Si je suis une terroriste, de quelle organisation terroriste suis-je membre: la Human Rights Foundation (une ONG basée à New York) ou Physicians for Human Rights (une autre ONG)? », avait-elle lancé aux juges.

Son arrestation fin octobre avait déclenché des manifestations à Istanbul.

Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch avaient réclamé à plusieurs reprises « l’acquittement et la libération immédiate » de Mme Fincanci.

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