Ukraine: deux oligarques juifs russes visés par les sanctions britanniques
Londres a sanctionné 3 oligarques proches du Kremlin et 5 banques russes pour "frapper la Russie très fort" et se dit prêt à aller plus loin en cas de nouvelle escalade militaire
Le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président français Emmanuel Macron sont convenus mardi de continuer à « travailler de concert » pour sanctionner des intérêts russes, après la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des régions séparatistes en Ukraine, a indiqué Downing Street.
Lors d’un entretien téléphonique au cours duquel M. Johnson a informé le président français sur les sanctions adoptées par le Royaume-Uni, « les dirigeants sont convenus de la nécessité de continuer à travailler de concert pour cibler des individus et entités russes finançant l’approche agressive du président Poutine » en Ukraine, a déclaré un porte-parole dans un communiqué.
A cette occasion, M. Johnson a réitéré que la reconnaissance par Vladimir Poutine de l’indépendance de régions prorusses constituait « une grave violation du droit international » et qu’en envoyant des troupes dans l’est du pays, « il avait déchiré les accords de Budapest et de Minsk », a-t-il poursuivi.
Pour les deux dirigeants, « les actions de la Russie ne menacent pas seulement la souveraineté de l’Ukraine, mais sont aussi une attaque flagrante contre la liberté et la démocratie », a ajouté le porte-parole.
Le Royaume-Uni a sanctionné mardi trois oligarques proches du Kremlin et cinq banques russes pour « frapper la Russie très fort », se disant prêt à aller plus loin en cas de nouvelle escalade militaire.
Deux des trois oligarques sont de la même famille, tous deux juifs. Il s’agit de Boris et Igor Rotenberg.
Boris Rotenberg est copropriétaire de SGM Group, la plus grande entreprise de construction et d’infrastructure de Russie. Igor Rotenberg est un milliardaire impliqué dans le forage, les infrastructures et l’immobilier.
Il leur sera interdit d’entrer en Grande-Bretagne et il sera interdit à toutes personnes et entités britanniques de traiter avec eux.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré que les sanctions prises à l’encontre des oligarques et de cinq banques russes constituaient « le premier barrage » de mesures prises en réponse aux actions du Kremlin en Ukraine.
De son côté, l’Union européenne, dont ne fait plus partie le Royaume-Uni, a aussi approuvé un « paquet de sanctions » contre la Russie, « à l’unanimité », a indiqué le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.
Washington isole la Russie
La « première tranche » de sanctions économiques annoncée mardi par Washington vise pour sa part à couper la Russie de l’accès aux financements occidentaux, et des mesures supplémentaires sont « sur la table » en cas d' »escalade » russe en Ukraine, ont averti les Etats-Unis.
Washington a attaqué sur trois fronts: la dette souveraine, le financement des dépenses militaires à travers deux banques publiques, et cinq oligarques proches du président russe Vladimir Poutine.
« Nous mettons en place de vastes sanctions sur la dette souveraine russe. Cela signifie que nous coupons le gouvernement russe du financement occidental », a déclaré le président américain Joe Biden lors d’une allocution.
Russia's decision to order troops into parts of eastern Ukraine is "the beginning of a Russian invasion," President Biden said Tuesday as he announced a new set of sweeping sanctions targeting Russia's ability to do business with the West. pic.twitter.com/ex1v102Ev3
— NPR (@NPR) February 23, 2022
« Avec nos alliés, nous avons coupé le gouvernement russe, la Banque centrale russe et les fonds souverains russes de tout nouveau financement en provenance des Etats-Unis et de l’Europe », a détaillé le conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Daleep Singh.
« Le Kremlin ne peut plus lever de fonds aux Etats-Unis ou en Europe et sa nouvelle dette ne peut plus être négociée sur les marchés financiers américains ou européens », a-t-il détaillé.
Cette mesure pourrait peser sur la valeur du rouble, et renchérir le coût pour les consommateurs russes des produits importés.
Deux banques publiques russes, Vnesheconombank (VEB) et Promsvyazbank (PSB), sont également visées. La première est la « tirelire » du Kremlin, selon Daleep Singh. Quant à PSB, elle est « cruciale pour le secteur de la défense », a précisé le département au Trésor.
Concrètement, « ces banques ne peuvent plus effectuer de transactions avec les Etats-Unis ni avec l’Europe (…) et leurs actifs dans nos systèmes financiers respectifs seront gelés », a dit Daleep Singh.
Washington s’attaque aussi aux « élites » russes, et cible cinq proches du président Vladimir Poutine et leurs familles, qui voient leurs avoirs aux Etats-Unis gelés et sont exclus du système financier américain.
Sanctions supplémentaires
Ces actions « lancent le processus de démantèlement du réseau financier du Kremlin et de sa capacité à financer des activités déstabilisatrices en Ukraine et dans le monde », a déclaré la secrétaire au Trésor Janet Yellen, citée dans le communiqué.
Elle a évoqué la possibilité de sanctions supplémentaires « qui auront un impact grave et durable sur l’économie russe », en écho à Joe Biden qui a menacé la Russie de nouvelles mesures « si elle poursuit son agression ».
L’ensemble du secteur bancaire russe pourrait ainsi être visé, et un responsable américain a notamment cité les grandes banques Sberbank et VTB.
Une exclusion de la Russie du système international Swift, essentiel pour les échanges bancaires internationaux, fait aussi partie des options.
Quant à des contrôles à l’exportation qui arrêteraient le flux de composants high-tech vers la Russie, il s’agit d’un « élément-clé de nos potentielles sanctions », a souligné un responsable américain.
Joe Biden a par ailleurs assuré avoir « travaillé avec l’Allemagne pour (s’)assurer que Nord Stream 2 n’avancera pas, comme je l’ai promis ».
L’Allemagne a annoncé mardi la suspension du projet de gazoduc Nord Stream 2, qui n’avait pas encore été mis en service.