Ukraine: le président appelle Netanyahu à reconnaître l’Holodomor comme génocide
En 1932 et 1933, l’Holodomor, grande famine en Ukraine, a causé la mort de 2,6 à 5 millions de personnes ; Netayahu a rendu lundi hommage aux victimes
Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, a appelé lundi l’État d’Israël à reconnaître l’Holodomor de 1932-1933 comme génocide du peuple ukrainien, a rapporté l’agence de presse étatique ukrainienne Ukrinform.
« L’Ukraine et Israël entretiennent depuis longtemps des liens historiques étroits », a déclaré Zelensky lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à Kiev.
« Nos peuples ont vécu toutes les tragédies de l’histoire récente : l’Holodomor et l’Holocauste, la Seconde Guerre mondiale, le régime soviétique totalitaire. Je sais que les médias couvrent de manière positive la visite du Premier ministre israélien au Mémorial national des victimes de l’Holodomor. Je comprends à quel point la société ukrainienne accueillera chaleureusement ce geste. J’ai appelé la partie israélienne à reconnaître l’Holodomor comme un acte de génocide du peuple ukrainien. »
Dans le cadre de cette visite, Netanyahu a déposé un panier d’épis de blé au monument consacré aux victimes de l’Holodomor.
En 1932 et 1933, l’Holodomor, grande famine en Ukraine et dans la région du Kouban, a causé la mort de 2,6 à 5 millions de personnes.
Alors que la responsabilité des autorités soviétiques a été reconnue dans ce drame, 24 pays ont, ces dernières années, reconnu l’Holodomor comme un génocide – parmi eux les Etats-Unis, le Brésil, l’Australie, le Canada ou encore l’Italie. La question de reconnaitre ou non le drame comme un génocide fait néanmoins encore débat parmi les historiens. Le Parlement européen a lui reconnu l’Holodomor comme un crime contre l’humanité.
Lundi, Zelensky et Netanyahu ont également visité le mémorial de l’Holocauste en Ukraine. Ils ont rendu hommage aux victimes du massacre de Babi Yar.
Deux monuments se trouvent à Babi Yar, l’un traditionnellement visité par les dignitaires étrangers qui rend hommage à toutes les victimes du nazisme ici, et un autre, doté d’une ménorah géante, érigé spécifiquement en l’honneur des plus de 33 000 Juifs fusillés par les nazis et leurs collaborateurs locaux les 29 et 30 septembre 1941, lors du massacre de Babi Yar, l’exécution la plus mortelle de la Shoah.
« Ce sont tous les moments amers de notre histoire commune, qui devraient nous unir dans l’espoir d’un avenir radieux et de l’impossibilité que de telles tragédies se répètent », a déclaré le président ukrainien.
Netanyahu est le premier dirigeant étranger à se rendre à Kiev depuis l’élection en avril de Zelensky, un ancien acteur sans expérience politique. Sa visite dans le pays a duré deux jours.
Cette visite est la première réalisée par un Premier ministre israélien depuis que Benjamin Netanyahu s’y était rendu lors de son premier mandat en mars 1999.
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« Nos deux pays sont jeunes, mais nos peuples sont anciens », a déclaré Netanyahu, notant que la communauté juive locale s’est formée il y a 1 300 ans. « Nous avons connu des périodes glorieuses dans nos relations, mais nous avons également vécu des périodes de tragédie inimaginable », a-t-il noté, ajoutant que des centaines de milliers de Juifs avaient été assassinés sur le sol ukrainien « par les nazis et leurs collaborateurs ».
En janvier, les deux pays ont signé un accord de libre-échange.
« Israël reste l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Ukraine au Moyen-Orient », a indiqué Zelensky. « Nos échanges commerciaux ont dépassé le milliard d’euros. Ce montant va croître de façon considérable en raison de la signature d’un accord de libre-échange entre l’Ukraine et Israël, qui sera, je l’espère, bientôt ratifié par Israël ».
Netanyahu a assuré que la Knesset s’exprimera dessus après les élections du mois prochain.