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Un ancien gardien d’Auschwitz, 70 ans plus tard : « Je suis sincèrement désolé »

Reinhold Hanning, 94 ans, accusé de complicité de 170 000 meurtres, a "honte" de ne rien avoir fait pour empêcher les crimes

L'ancien gardien d'Auschwitz Reinhold Hanning pendant son procès à Detmold, en Allemagne, le 28 avril 2016. (Crédit : AFP / POOL / Bernard Thissen)
L'ancien gardien d'Auschwitz Reinhold Hanning pendant son procès à Detmold, en Allemagne, le 28 avril 2016. (Crédit : AFP / POOL / Bernard Thissen)

Un ancien gardien d’Auschwitz jugé en Allemagne a évoqué vendredi, pour la première fois depuis la fin de la guerre, son passé dans ce camp d’extermination, se disant « sincèrement désolé ».

« J’ai honte d’avoir laissé cette injustice se produire et de ne rien avoir fait pour l’empêcher […] Je suis sincèrement désolé », a déclaré Reinhold Hanning, aujourd’hui âgé de 94 ans, devant le tribunal de Detmold, où il est jugé depuis le 11 février pour « complicité » dans la mort d’au moins 170 000 personnes entre janvier 1943 et juin 1944, selon l’agence de presse DPA.

Cet homme n’avait jamais évoqué jusqu’ici, même auprès de ses proches, son rôle dans ce funeste camp situé en Pologne, symbole de la machine de mort nazie.

Un peu plus de soixante-dix après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale et la libération des camps nazis, l’ancien SS a aussi confié dans un texte, lu par ses avocats à l’audience, n’avoir « jamais pu parler de son expérience à Auschwitz avec d’autres personnes. Ni à ma femme, ni à mes enfants, ni à mes petits-enfants ».

Ouvrier, engagé à 18 ans dans la Waffen SS, parti combattre dans les Balkans puis sur le front russe, Hanning avait été transféré début 1942 à Auschwitz. Membre de l’unité SS Totenkopf, il était affecté au camp de base Auschwitz-I, tout en surveillant à l’occasion la rampe d’arrivée des déportés de Birkenau (Auschwitz-II).

Les rails de chemin de fer qui mènent au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne (Crédit photo : Serge Attal/Flash90)
Les rails de chemin de fer qui mènent au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne (Crédit photo : Serge Attal/Flash90)

« Un cauchemar »

Il encourt une peine de trois à 15 ans de prison, une menace essentiellement symbolique vu son âge.

« Personne n’a jamais su dans ma famille que j’ai été à Auschwitz. Je ne pouvais simplement pas en parler », écrit-il dans ce document de 22 pages consulté par l’AFP et dans lequel il reconnaît avoir eu connaissance des meurtres de masses perpétrés dans ce camp.

« J’ai essayé toute ma vie de refouler cette époque. Auschwitz a été un cauchemar. J’aurais souhaité ne jamais y avoir été », conclut l’auteur de ce texte.

Dans ce document, il évoque sa jeunesse, son entrée dans les Jeunesse hitlériennes à 13 ans, son arrivée dans la SS et son affectation au régiment « Der Führer », une blessure à la tempe pendant des combats près de Kiev.

Décoré pour ses états de service au front, il est ensuite envoyé à Auschwitz : « à l’époque, je ne savais pas ce qu’était Auschwitz. Je savais seulement qu’on pouvait y effectuer une sorte de service administratif », écrit le nonagénaire, sobrement vêtu à l’audience, portant une veste de costume et un pull gris.

Mais rapidement, la terrible réalité s’impose : « des gens étaient abattus, gazés et brûlés. Je pouvais voir comment les cadavres étaient transportés […]. Je percevais les odeurs d’incinération. Je savais que l’on brûlait des cadavres », écrit-il.

« Nous savions […] qu’une grande partie des gens qui arrivaient en train étaient tués », poursuit le nonagénaire. « On voyait ce qui se passait mais on ne pouvait pas vraiment en parler avec les camarades », affirme l’ancien SS.

Deux fois, assure-t-il, il a demandé à retourner au front mais a essuyé des refus : « on m’a dit que je ne sortirai pas d’ici et qu’il valait mieux de ne pas déposer une nouvelle demande ».

Entre gardiens, « il n’y avait aucune camaraderie, telle que je l’ai connue au front », relate l’ancien soldat, qui sera finalement envoyé à Oranienbourg, au nord de Berlin, où il sera fait prisonnier par les Britanniques.

Le témoignage de l’accusé n’a pas convaincu les représentants des victimes. « Ce n’est pas une déclaration de culpabilité mais une explication du point de vue du spectateur », a critiqué Christoph Heubner, vice-président exécutif du Comité international d’Auschwitz.

Reinhold Hanning est le troisième accusé dans le cadre d’une vague de procédures entamées contre des hommes aujourd’hui très âgés, à la suite de la condamnation en 2011 de John Demjanjuk, ex-gardien de Sobibor, puis de celle l’an dernier d’Oskar Gröning, ex-comptable d’Auschwitz.

Un autre ancien SS doit encore être jugé prochainement à Neubrandenburg.

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