Un chorégraphe israélien prend le conflit avec les Palestiniens à bras le corps
Ce spectacle choc présenté en création au festival d'Avignon, sera ensuite donné à Tel Aviv, avant une tournée internationale
Le chorégraphe israélien Arkadi Zaides crée au festival de théâtre d’Avignon « Archive », un solo dansé où il intériorise dans son propre corps la violence du conflit israélo-palestinien, et dont le spectateur ne sort pas indemne.
Un écran montre des images vidéo chaotiques, tremblées. Ces images ont été prises comme autant de témoignages par des Palestiniens des territoires occupés en butte à des agressions de la part des résidents israéliens des implantations, dans le cadre d’un projet de l’association des droits de l’Homme B’Tselem en 2007. L’association leur a confié des caméras, pour qu’ils filment leur quotidien.
On y voit des résidents des implantations mettant le feu à un champ, d’autres faisant la chasse à des moutons et leur berger, des enfants israéliens jetant des pierres, d’autres enfants ivres pour la fête juive de Pourim cognant sur les portes de maisons palestiniennes. Des soldats mettent en joue une manifestation, ou sont postés en embuscade.
Arkadi Zaides, seul sur scène devant l’écran, réplique les mouvements, d’abord lentement, puis de plus en plus vite, jusqu’à la transe. Il est le soldat en embuscade, l’enfant qui jette la pierre, le colon ivre de haine qui traite de « nazi » un manifestant israélien opposé à la colonisation.
« J’intériorise tous ces gestes, qui finissent par former une sorte de vocabulaire. De leur accumulation nait une intensité » explique Arkadi Zaides. Le public sort silencieux, secoué, de ce concentré de violence.
Arkadi Zaides, né en 1979 au Belarus a émigré en Israël avec sa famille en 1990. Formé à la prestigieuse Batsheva Dance Company, dont sont issus nombre d’interprétés contemporains, il prend conscience de la situation des Palestiniens d’Israël lors d’ateliers avec des jeunes de villages arabes.
Tendre un miroir
« C’est comme cela que ce cheminement a débuté, il y a 6 ou 7 ans », explique-t-il. » J’ai pris conscience des inégalités de traitement, y compris en Israël. J’ai décidé que si je devais rester dans ce pays, je devais répondre à la question la plus cruciale dans cette société, et y mettre toute mon énergie ».
Il a ainsi été le premier à mettre ensemble quatre danseurs israéliens, juifs et arabes, dans « Quiet ».
« Archive », où il se met directement en jeu, vise à « montrer à ma communauté le conflit à travers mon propre conflit intérieur », explique-t-il.
La projection des vidéos dans un musée de la banlieue de Tel Aviv a provoqué de vifs débats, certains lui reprochant de montrer des images filmées d’un seul côté. « Le projet nous tend un miroir de nous même, et ce n’est pas facile », reconnaît-il. « C’est ce que nous ne voulons pas voir, mais je pense précisément que nous devons l’affronter ».
« Je pense que je travaille aussi pour ma propre communauté. Je me préoccupe des deux côtés du conflit, je ne pense pas qu’il y ait de gagnant dans ce projet », ajoute-t-il.
Ce spectacle choc présenté en création au festival d’Avignon, dans le sud de la France, sera ensuite donné à Tel Aviv en septembre, avant une tournée internationale.
Le sursaut de violence ces derniers jours en Israël « le déprime » d’autant qu’il avoue ne pas avoir de solutions à offrir, « tant la situation est complexe ».
« Questionner mon propre comportement, tenter d’interroger ma propre communauté, et d’élargir le débat sur ce que nous pouvons faire en faveur d’une situation plus calme me paraît à ce stade la seule solution ».
La danse israélienne commence à « s’emparer du débat, mais pas suffisamment », souligne-t-il. « Faire une pièce sur le conflit n’est pas suffisant, il s’agit d’être en relation avec la situation sociale et politique, d’avoir un cheminement dans la durée ».
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