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Un critique d’Abbas meurt après une « arrestation violente » des policiers de l’AP

La famille de Nizar Banat dit que ce dernier a été violemment battu lorsqu'il a été emmené en détention, jeudi ; l'UE se dit "choquée et attristée" suite à la mort de l'activiste

Nizar Banat, un Palestinien de Cisjordanie résidant à Hébron, qui a été arrêté par les services de sécurité de l'Autorité palestinienne pour avoir critiqué la reprise des liens avec Israël. (Capture d'écran : Facebook)
Nizar Banat, un Palestinien de Cisjordanie résidant à Hébron, qui a été arrêté par les services de sécurité de l'Autorité palestinienne pour avoir critiqué la reprise des liens avec Israël. (Capture d'écran : Facebook)

Un éminent critique de l’Autorité palestinienne est mort jeudi, en début de matinée, après son arrestation par les forces de sécurité de l’AP, que sa famille a décrit comme une « arrestation violente ».

Nizar Banat, âgé de 44 ans, et qui vivait à Dura, à proximité de Hébron, était connu pour ses vidéos sarcastiques diffusées sur les réseaux sociaux où il évoquait la corruption et les fraudes présumées des dirigeants de l’AP. Sa page Facebook comptait plus de 100 000 abonnés.

Dans un communiqué qui a confirmé la mort de Banat, le gouverneur de Hébron, Jibril al-Bakri, a fait savoir qu’une unité de la police de l’Autorité palestinienne était entrée au domicile de Banat au petit matin avec un mandat d’arrêt.

« Durant son arrestation, son état médical s’est détérioré et il a été immédiatement évacué vers l’hôpital public de Hébron pour y être pris en charge. Les médecins qui l’ont examiné ont été dans l’obligation de prononcer sa mort », a commenté al-Bakri.

Selon al-Bakri, le bureau du procureur public de l’Autorité palestinienne a d’ores et déjà ouvert une enquête sur le décès de Banat.

La famille du défunt, qui affirme avoir été à ses côtés pendant l’arrestation, accuse les forces de sécurité de l’AP de l’avoir battu avec violence. Selon ses proches, l’arrestation a eu lieu vers 3h30 du matin et les agents ont d’abord commencé à frapper Nizar à coups de matraque alors qu’il était encore endormi.

« Les coups ont duré environ huit minutes consécutives. Vous veniez pour le tuer ou quoi ? », s’est exclamé le cousin de l’activiste décédé, Mohammad, s’adressant aux journalistes palestiniens réunis autour du domicile de Banat à Dura.

Un porte-parole d’al-Bakri a refusé de s’exprimer davantage sur le sujet. « Nous n’allons pas épiloguer sur ce dossier. Le procureur enquêtera sur l’incident », a-t-il dit.

L’Union européenne, le plus fort soutien de l’Autorité palestinienne, a dit avoir été « choquée et attristée » par la mort de Banat.

« Nous pensons à sa famille et à ceux qu’il aimait. Une enquête entière, indépendante et transparente doit être menée immédiatement », a indiqué l’Union européenne dans un communiqué.

L’activiste avait déjà été placé en détention par les forces de sécurité palestiniennes en vertu de la loi controversée sur le crime en ligne qui a été adoptée par l’AP en 2018 et qui permet des arrestations arbitraires pour « diffamation » sur internet contre les institutions du gouvernement. Les groupes de défense des droits de l’Homme affirment que l’AP abuse de cette législation, l’utilisant de manière inconsidérée pour arrêter ses opposants politiques.

Au mois de décembre, Banat avait été arrêté par les policiers qui l’avaient gardé en détention, contrevenant à une ordonnance du tribunal, pendant plus de 24 heures avant de le libérer, sans aucune explication.

Banat avait été également candidat sur une liste parlementaire indépendante qui avait été présentée dans le cadre des élections palestiniennes, qui ont été récemment annulées. Abbas avait annoncé l’organisation du tout premier scrutin palestinien depuis quinze ans au mois de janvier.

Des policiers à cheval déployés à Ramallah, en Cisjordanie, pour faire respecter les mesures contre le coronavirus, le 23 mars 2019. (Crédit : AP Photo/Nasser Nasser)

Mais les élections ont été annulées par Abbas fin avril – un mois seulement avant qu’elles n’aient lieu. Le chef de l’Autorité palestinienne a déclaré avoir pris cette décision parce qu’Israël avait refusé que le vote se tienne notamment à Jérusalem-Est. Ses critiques – et notamment Banat – avaient accusé Abbas de redouter une défaite face à ses adversaires au sein du Fatah et face au groupe terroriste du Hamas.

Après cette annulation, Banat avait appelé à ce que l’Union européenne cesse sans délai de verser des aides à Abbas, ce qui lui avait valu des condamnations de la part des dirigeants de l’AP. Et, plusieurs jours plus tard, des hommes armés non-identifiés avaient ouvert le feu sur sa maison.

La mort de Banat a entraîné une vague d’indignation sur les réseaux sociaux palestiniens.

« L’Autorité palestinienne tue Nizar Banat, activiste dans la défense des droits de l’Homme, critique de Mahmoud Abbas et candidat au Parlement dans les élections qui ont été récemment annulées. La seule raison pour laquelle il a été tué, c’est parce qu’il critiquait ouvertement la corruption de l’AP », a écrit sur Twitter Fadi Elsalameen, lui-même activiste anti-corruption et critique d’Abbas.

La Cisjordanie a connu une recrudescence du nombre d’arrestations d’activistes opposés à l’Autorité palestinienne depuis le récent conflit de onze jours qui a opposé Israël et le Hamas à Gaza. Les combats ont fait perdre aux dirigeants de l’AP, à Ramallah, davantage de soutien public tandis que le Hamas, de son côté, a gagné en popularité.

Mardi, la police de l’Autorité palestinienne a arrêté Issa Amro, un autre important activiste de Hébron. Il a été placé en détention en raison d’un post publié sur Facebook dans lequel il avait accusé les responsables de l’Autorité palestinienne de corruption. Amor a été relâché dans l’attente d’une audience sur son dossier avec le procureur public de l’AP.

Selon le groupe juridique palestinien Avocats pour la Justice, au moins 23 Palestiniens ont été appréhendés en Cisjordanie par l’Autorité palestinienne entre le mois de mai 2020 et le mois de mai 2021 pour « raisons politiques ». 20 autres ont été arrêtés pour avoir utilisé « leur droit à la liberté d’expression », a ajouté le groupe de défense des droits de l’Homme.

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