Un député prône la séparation des Arabes et des Juifs dans les maternités
Bezalel Smotrich a déclaré qu'il n' « appréciait » pas la compagnie des Arabes parce qu'ils sont des « ennemis »

Mardi, sur Twitter, le député de Habayit HaYehudi, Bezalel Smotrich, a soutenu la séparation entre les mères arabes et les mères juives dans les maternités des hôpitaux israéliens.
« Ma femme n’est vraiment pas raciste, mais après avoir donné naissance, elle veut se reposer plutôt que d’avoir un Hafla » – une fête de masse souvent accompagnée par de la musique et la danse – « comme les Arabes le font après leur naissance ».
Le Tweet faisait suite à une information diffusée à la radio israélienne qui indiquait que les hôpitaux séparaient les mères arabes et juives dans les maternités quand les mères le demandaient.
Suite aux réactions négatives à son Tweet, Smotrich est allé plus loin, en écrivant : « Il est naturel que ma femme ne veuille pas se coucher [dans un lit] à côté d’une femme qui vient de donner naissance à un bébé qui pourrait vouloir l’assassiner dans vingt ans ».
Il a ensuite ajouté que « les Arabes sont mes ennemis et voilà pourquoi je n’aime pas être à côté d’eux ».
Sa femme, Revital, a plus tard déclaré sur la Dixième chaîne qu’elle avait « mis un obstétricien arabe à la porte de la salle [d’accouchement]. Je veux que des mains juives touchent mon bébé et je ne me sens pas à l’aise d’être couchée dans la même chambre qu’une femme arabe ».
« Je refuse d’avoir une sage-femme arabe parce que pour moi l’accouchement est un moment juif et pur », a-t-elle expliqué.
Les législateurs ont critiqué les commentaires de Smotrich, y compris le député Abd al-Hakim Hadj Yahya de la Liste arabe unie, qui a envoyé une lettre au président de la Knesset, le député Yuli Edelstein, le suppliant de suspendre immédiatement Smotrich.
« Ce genre d’incitation au racisme affecte une population entière, et en tant que telle, ne peut être ignorée », a écrit Yahya dans sa lettre officielle.
« Les remarques de cet homme nuisent directement au statut de la Knesset. Pour cette raison, il est demandé au président de la Knesset de démettre immédiatement le député transgresseur de ses fonctions ».

Le président du parti Yesh Atid, Yair Lapid, a comparé les remarques racistes de « certains membres de la Knesset » à celles qui étaient fréquentes en Allemagne dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale.
« Des membres de la Knesset répandent des commentaires ouvertement racistes du genre de ceux que l’on pouvait trouver dans l’Allemagne des années 1930. C’est dangereux. »
Yoel Hasson de l’Union sioniste a réagi aux déclarations de Smotrich. « Certains de nos meilleurs amis sont des Juifs qui célèbrent avec des Haflas particulièrement agréables », a tweeté Hasson. « Je vous suggère d’effacer [votre] Tweet raciste ».
Haim Jelin (Yesh Atid) a également critiqué Smotrich. « Pour autant que vous le sachiez, Dieu a créé tous les êtres humains égaux et non racistes », a-t-il rappelé.
Ahmad Tibi a tweeté cyniquement que « l’esprit de Smotrich plane sur les services de maternité à travers le pays ».
Aida Touma-Sliman (de la Liste arabe unie) a lié les commentaires de Smotrich au racisme contre les communautés Mizrahi ou séfarades en Israël.
« Au-delà de la justification manifeste d’une politique de ségrégation raciale clairement similaire à celle qui existait dans le sud des États-Unis au cours du siècle dernier, Smotrich révèle quelque chose de profond ici », a-t-elle écrit dans un message Facebook.
« Cette tendance raciste dangereuse ne se limite pas à la culture arabe, mais s’étend aux Juifs séfarades, éthiopiens, russes, aux Juifs non-religieux et à tous ceux qui diffèrent de la position [politique] de droite ».
Le chef de parti de Smotrich, le ministre de l’Education Naftali Bennett, a également exprimé son mécontentement, en sous-entendant que les commentaires de Smotrich étaient racistes.
Il a cité un passage de la Mishna, la première compilation écrite des traditions juives orales, affirmant que « tout être humain créé à l’image de Dieu est favorisé », et soulignant avec ses propres mots que le texte parle de « tous les êtres humains, Juifs ou Arabes ».
Il a lié son Tweet à un message qu’il avait posté en 2015, où il a décrit un Shabbat qu’il a passé aux côtés de son père, qui était sur un lit d’hôpital.
« Dans un hôpital, il n’y a pas l’importance de la race, de la religion, de la couleur de peau, de l’orientation sexuelle ou des opinions politiques », avait-il écrit, nommant « Khaled de Umm el-Fahm », qui était couché dans le lit à côté de son père, par exemple. « Tout le monde est humain et chaque être humain est né à l’image de Dieu ».
La radio publique américaine, PRI, basée à Minneapolis, a publié un article en février 2016 soulignant la chute drastique des accouchements à l’hôpital Hadassah, au mont Scopus, à Jérusalem. L’article insistait sur le fait que c’était un indicateur de l’effet néfaste de la violence israélo-palestinienne sur la coexistence.
Le dévouement de l’hôpital à la coexistence, qui lui a valu une nomination au prix Nobel de la paix, a toujours été un principe de la plus haute valeur, selon l’article.
Suite à la montée de la violence depuis le mois d’octobre 2015, selon l’article, les Juives et les Arabes se sont montrées réticentes à donner naissance dans le quartier mixte parce qu’elles ont peur et choisissent souvent de donner naissance dans un environnement plus homogène.
Tous les hôpitaux cités dans le reportage de la radio israélienne, mardi, ont nié procéder à la séparation entre les Juifs et les Arabes dans les maternités, même si certains hôpitaux ont admis que si un patient le leur demandait, ils pouvaient accéder à la demande.
Le ministère de la Santé a également nié l’existence d’une politique de ségrégation, en disant qu’il n’y a « pas de séparation sur une base discriminatoire qui est autorisée dans les hôpitaux. Les lignes directrices du ministère de la Santé indiquent qu’il ne doit pas y avoir de séparation effectuée sur la population – qu’elle porte sur la race, l’origine ethnique, le pays d’origine ou tout autre facteur ».
Smotrich est connu pour ses déclarations (très) controversées.
En août 2015, une ONG israélienne avait déposé une plainte auprès de la commission d’éthique de la Knesset contre lui pour avoir déclaré au cours d’une interview dans laquelle il a affirmé que les gays contrôlent les médias israéliens et l’ordre du jour public.
Un mois auparavant, dans une interview accordée à la chaîne de la Knesset, il a proposé de servir de bourreau, si Israël votait pour la peine de mort pour les terroristes palestiniens.
Cinq mois plus tôt, au cours d’un panel dans un lycée Ramat Gan, Smotrich s’était vanté d’être un « homophobe fier », et avait ajouté que les homosexuels peuvent être « anormaux » dans leurs propres maisons mais qu’ils ne devraient pas « avoir des exigences de l’Etat ».
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.