Un éditeur US supprime les stéréotypes antisémites d’un roman de Georgette Heyer
Contrairement à celle des Britanniques, cette nouvelle édition de « The Grand Sophy » change le nom et la description de l'usurier pour se défaire des propos injurieux pour les Juifs
JTA — L’éditrice américaine de Georgette Heyer, considérée comme la toute première romancière historique, a modifié des passages de l’un de ses ouvrages contenant des stéréotypes juifs.
Le New York Times a indiqué la semaine dernière que l’éditeur Sourcebooks avait travaillé avec un panel de lecteurs et d’experts pour adapter The Grand Sophy, publié en 1950, en amont de la publication de nouvelles versions de plusieurs ouvrages de l’auteure cette année.
Les livres de Heyer – qui ont également été les pionniers du genre de romance de la Régence et ont inspiré des légions d’auteurs, dont la romancière juive Julia Quinn, auteure de « Bridgerton » – se sont vendus à des millions d’exemplaires dans le monde entier. Dans The Grand Sophy, le personnage principal a maille à partir avec un vil usurier nommé Goldhanger, un « individu mince et basané, avec de longues boucles grasses, un nez sémitique et un regard flatteur ».
La nouvelle édition de Sourcebooks supprime les détails sur l’apparence de l’usurier qui ont été associés à des stéréotypes antisémites et change le nom du personnage en Grimpstone. Il est maintenant décrit comme un « individu mince avec un regard doucereux ».
Cette nouvelle édition se débarrasse également d’une référence disant que les Juifs ont les « cordons de la bourse » très serrés.
« Nous ne voulons pas que les jeunes de 25 ans soient rebutés en découvrant Heyer », explique au NYT le vice-président senior et directeur de la rédaction de Sourcebooks. Sourcebooks n’a pas répondu à une demande de la Jewish Telegraphic Agency demandant davantage de détails sur les modifications apportées au texte..
La succession Heyer a demandé à Mary Bly, romancière et spécialiste de la littérature, d’écrire les introductions aux nouvelles versions. Mais la succession de l’auteur ne voulait pas qu’elle fasse mention des passages injurieux ou des modifications, ce que n’a pas accepté Bly, qui a quitté le projet.
Le site Internet de la succession Heyer indique que l’éditeur au Royaume-Uni, Penguin Random House, a décidé de « laisser les livres tels que l’auteur les a écrits ».
« Ils n’approuvent pas les propos ou les représentations contenues dans certains de ces ouvrages, mais encouragent les lecteurs à considérer les œuvres de manière critique, dans leur contexte historique et social », peut-on lire dans un communiqué.
L’œuvre de Heyer est le dernier en date concerné par le débat autour de la retouche des textes anciens pour les adapter aux normes linguistiques contemporaines. Les livres de Roald Dahl et d’Agatha Christie ont, à ce titre été modifiés, cette année.
Sourcebooks a acheté les droits de titres de Heyer en 2007 et vendu plus de deux millions d’exemplaires de ses ouvrages, mais le Times a indiqué que l’éditeur souhaitait attirer un lectorat plus large.
L’adaptation par Netflix de « Bridgerton » en 2020, l’une des séries les plus regardées du géant du streaming, a ravivé l’intérêt pour le genre romantique de l’époque de la Régence.