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Un fidèle d’Erdogan devient chef du parti au pouvoir et du gouvernement

Binali Yildirim, ingénieur en construction navale, a occupé le poste de ministre des Transports pendant presque 12 ans sans discontinuer

Le ministre des Transports Binali Yildirim, un fidèle du président Recep Tayyip Erdogan, devait être formellement élu dimanche à la tête du parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie et consacré nouveau Premier ministre, renforçant l’emprise de l’homme fort du pays sur l’appareil d’Etat.

La principale mission du prochain chef du gouvernement sera de mener à bien le projet de changement constitutionnel voulu par M. Erdogan pour présidentialiser le régime politique turc.

Le congrès extraordinaire du Parti de la justice et du développement (AKP) s’est ouvert à 07H00 GMT sous le thème « la marche heureuse se poursuit ! » et le vote des délégués qui ne laisse la place à aucun suspense devait intervenir vers 13H00 GMT en faveur de M. Yildirim, 60 ans, candidat unique.

Des milliers de militants exaltés se sont massés à l’intérieur et à l’extérieur d’une salle de sports de la capitale turque où se tient ce congrès, a constaté l’AFP.

Debout, l’assistance a écouté un message d’Erdogan dans lequel il a affirmé que ses liens avec le parti qu’il a fondé en 2001 et dirigé jusqu’en 2014 avant d’être élu à la magistrature suprême n’ont jamais été rompus.

« Le jour où j’ai prêté serment comme président, mes liens juridiques ont été coupés, mais mes liens de cœur avec vous n’ont jamais et ne seront jamais coupés », a indiqué le chef de l’Etat pourtant censé être neutre, selon la Constitution.

Les cadres de l’AKP ont aussi fait allégeance à leur chef.

« L’AKP est le parti de Tayyip. Cette formation n’a qu’un seul leader qui est Tayyip Erdogan », a lancé Bekir Bozdag, le ministre de la Justice, lors d’un discours.

D’importantes mesures de sécurité ont été mises en place pour cet événement et des centaines de policiers ont été déployés alors que la Turquie a été frappée ces derniers mois par des attentats meurtriers attribués à la rébellion kurde et le groupe de l’Etat islamique (EI).

Immédiatement après sa nomination par son parti, M. Yildirim a assuré qu’il n’y aurait aucun désaccord avec le chef de l’Etat. Il succédera à Ahmet Davutoglu, qui a annoncé son départ à la suite de tensions croissantes avec M. Erdogan.

Personne n’est irremplaçable

Lors d’un discours d’adieu, avec un brin de rancœur, M. Davutoglu a réaffirmé que son départ ne relevait pas de son « choix » tout en soulignant que « personne n’est irremplaçable dans ce mouvement » et en lançant un message d’unité.

Ministre des Transports presque sans discontinuer depuis 2002, Binali Yildirim a été le maître d’œuvre des grands projets d’infrastructure voulus par M. Erdogan.

Les milliers de kilomètres d’autoroutes, le troisième aéroport d’Istanbul, le troisième pont entre les rives asiatique et européenne d’Istanbul, le tunnel sous le Bosphore, le train à grande vitesse, tous ces projets ont été menés par cet ingénieur en construction navale, né en 1955 à Erzincan (est), une province de l’Anatolie profonde qui a contribué à porter l’AKP au pouvoir en 2002.

M. Davutoglu devrait remettre sa démission dans la foulée de l’élection de M. Yildirim qui sera chargé par le président de former un nouveau cabinet, dès dimanche soir.

L’arrivée à la tête du gouvernement d’un homme très loyal au président permettra à ce dernier d’asseoir son autorité sur l’exécutif et de tourner la page Davutoglu, avec lequel des dissensions ont affleuré, notamment sur le conflit kurde, qui a repris l’été dernier, et sur la négociation d’un accord conclu en mars avec les Européens visant à réguler le flux de migrants vers l’Union européenne.

« M. Yildirim pourrait être le dernier Premier ministre de Turquie (…) Il n’occupera qu’un rôle d’adjoint du président Erdogan dans le système (présidentiel) qu’il veut établir », a commenté le politologue Gökhan Bacik.

Le président turc a multiplié les sorties en direction de Bruxelles, plongeant dans l’incertitude un accord d’exemption de visa pour les citoyens turcs voulant se rendre dans l’espace Schengen, un élément central du pacte plus large sur les migrants.

La perspective de voir M. Erdogan renforcer encore son pouvoir inquiète ceux qui l’accusent de dérive autoritaire.

Dernier signe d’une polarisation croissante: le Parlement turc a adopté vendredi un amendement à la Constitution levant l’immunité des députés prokurdes, alors que le pays vit au rythme des combats sanglants entre les forces de sécurité et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

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