Un homme interpellé après l’agression d’un Israélien dans le métro parisien
Le suspect a été arrêté et placé en garde à vue mercredi soir pour "violences commises en raison de l'appartenance à une race ou une religion"

Un jeune homme de 17 ans a été interpellé après l’attaque contre Yogev B. un étudiant israélien lundi dans le métro parisien, pour laquelle les enquêteurs soupçonnent un mobile antisémite, a indiqué jeudi à l’AFP une source judiciaire.
Le jeune homme a été arrêté et placé en garde à vue mercredi soir pour « violences commises en raison de l’appartenance à une race ou une religion », a-t-on précisé.
Selon Le Point, ce suspect, qui réside dans un foyer éducatif de l’Oise et est déjà connu des services de police, a été identifié grâce à la vidéosurveillance de la RATP.
La victime, un étudiant israélien âgé d’une trentaine d’années en échange universitaire avec HEC, avait été agressée lundi matin par deux hommes alors qu’il parlait en hébreu au téléphone dans une rame de métro bondée en raison des grèves à la station Château d’eau (ligne 4), dans le Xe arrondissement.
« Il a été secouru par des passagers », a précisé à l’AFP une source policière. La victime a été hospitalisée et souffre d’une fracture du nez et d’une plaie ouverte au visage, selon cette même source.
תקיפת הסטודנט הישראלי בצרפת | חבר הפרלמנט הצרפתי מאיר חביב כתב בפייסבוק: "התקיפה הזו היא סימפטום לאנטישמיות החדשה והאולטרה-אלימה שמשתוללת בשכונות על רקע האיסלאמיזם, שנאת ישראל ותיאוריות הקונספירציה. אין הוכחה טובה מזו שאנטי-ציונות היא האנטישמיות החדשה"@yoavz pic.twitter.com/epKY9sDE8j
— כאן חדשות (@kann_news) December 10, 2019
Cinq jours d’interruption totale de travail (ITT) lui ont été prescrits, selon la source policière.
La sûreté régionale des transports (SRT) est chargée de l’enquête. Elle cherche notamment à identifier un deuxième suspect qui aurait accompagné l’homme interpellé, selon une source policière.
« Alors qu’il laissait un message vocal en hébreu à son père sur WhatsApp, l’étudiant, en échange universitaire à HEC, a été brutalement roué de coups – au point d’en perdre connaissance – par deux individus d’origine africaine en plein milieu d’une rame de métro bondée au niveau de la station Château d’eau à 6h55 du matin. Transporté en état de choc et en sang à l’Hôpital de Lariboisière, il a dû avoir plusieurs points de suture au visage, son nez est cassé et son visage couvert d’hématomes, » avait écrit mardi Meyer Habib, un député français juif (UDI), dans une publication Facebook.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait téléphoné mardi à l’étudiant. « Je ne peux penser à aucune autre raison que la langue hébraïque », peut-on entendre Yogev dire sur haut-parleur dans une vidéo publiée par Netanyahu.
« Les policiers, je dois dire, sont très surpris. Ils ne comprennent pas pourquoi un Premier ministre et un député m’appellent. Pour eux, il s’agit d’un incident normal », avait-il déclaré.
En réponse, Netanyahu avait déclaré : « Pour nous, ce n’est pas un incident normal et nous ne sommes pas prêts à l’accepter. » Le Premier ministre avait souhaité à Yogev un prompt rétablissement, « à la fois physique et mental », et lui avait dit qu’il pouvait appeler à tout moment.
Castaner avait annoncé mercredi dernier la création au sein de la gendarmerie d’un « office national de lutte contre la haine », lors d’une visite du cimetière juif alsacien de Westhoffen (nord-est) où 107 tombes juives ont été profanées.

L’Assemblée nationale a par ailleurs adopté début décembre une proposition de résolution LREM soutenue par le gouvernement, mais qui a entraîné un record d’oppositions de « marcheurs », certains craignant qu’elle empêche toute critique de la politique d’Israël ou « hiérarchise les haines ».
La résolution reprend la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), déjà validée par le Parlement européen et 20 pays dont 16 de l’UE, et appuyée par Emmanuel Macron en février devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Le président avait alors affirmé vouloir élargir la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme.
Malgré des plans de lutte et un arsenal législatif important, la France, où vit la plus grande communauté juive d’Europe, est en effet confrontée à une résurgence des actes antisémites : 541 faits antisémites y ont été recensés en 2018, soit une poussée de 74 % des menaces et violences visant des juifs, selon les statistiques du ministère de l’Intérieur.
En revanche, les faits anti-musulmans ont atteint leur plus faible niveau depuis 2010 avec une centaine répertoriés, tandis que les actes à caractère raciste et xénophobe – hors actes anti-musulmans et antisémites – ont eux continué de décroître (d’un peu plus de 4 % après près de 15 % en 2017).