Un leader juif norvégien qualifie le vote syndical « d’antisémite »
Ervin Kohn explique que le vote ne l' "intéresse pas autant que ne l'intéressent les moyens de réaliser la paix"
Lors d’une réprimande rare, le chef de la communauté juive de Norvège a indiqué que l’antisémitisme était à l’origine de l’adoption par un syndicat local d’une résolution recommandant vivement le boycott d’Israël.
Ervin Kohn, président de la communauté juive d’Oslo, a expliqué que le vote organisé la semaine dernière par l’Assemblée de la confédération norvégienne des syndicats « est antisémite dans la mesure où il pointe le doigt sur Israël ».
« Néanmoins », a-t-il dit à JTA dans une interview cette semaine, « il ne m’intéresse pas autant que ne m’intéressent les moyens de réaliser la paix ».
La Confédération, connue au niveau local comme LO, représente plus de 900 000 employés syndiqués du pays – plus d’un quart de la population active adulte. Ses délégués ont voté en faveur du boycott à 193 voix contre 117.
« Dans la mesure où le dialogue et les résolutions n’ont eu que peu d’effets, il doit donc y avoir un effort livré pour assurer le boycott international d’Israël aux niveaux économique, culturel et universitaire pour atteindre ces objectifs », dit la résolution.
Les leaders de la petite communauté juive de 800 personnes citent rarement l’antisémitisme pour expliquer la prévalence des attitudes anti-israéliennes en Norvège. Toutefois, « la vaste majorité des gens en Norvège s’intéressent à l’existence d’un Israël sûr, en sécurité, démocratique », a indiqué Kohn.
Ces dernières années, LO a appelé à boycotter plusieurs institutions israéliennes variées, dont le syndicat Histadrout et les entreprises « qui profitent de l’occupation des terres palestiniennes », comme l’a établi l’organisation dans une résolution de 2013. Virtuellement, tous les acteurs majeurs des secteurs industriel et économique israéliens ont des accords avec les implantations ou des bureaux qui y sont installés, ce qui a contribué à considérer les appels lancés par LO comme un boycott total de l’économie israélienne.
Un responsable du gouvernement norvégien a affirmé que le cabinet avait pris ses distances avec ce vote, disant qu’il ne représente pas la position officielle défendue par la Norvège.
Le ministre des Affaires étrangères Børge Brende a écrit sur Twitter : « Le gouvernement norvégien s’oppose vivement à la décision du syndicat norvégien : #boycott d’#Israël. Nous avons besoin de plus de coopération et de dialogue, pas du boycott ».
Le président de LO, Hans-Christian Gabrielsen, a dit qu’il était défavorable à l’adoption de cette résolution, selon l’agence de presse Sputnik.
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien a qualifié le vote de « discriminatoire ».
Jonathan Greenblatt, président de l’ADL (Anti-Defamation League) a écrit dans un communiqué vendredi que le vote de LO « ne reflète pas seulement un biais profond envers Israël et son mouvement syndical actif mais vient également saper les efforts visant à rassembler les Israéliens et les Palestiniens. Un vote en faveur de BDS (boycotts, divestment and sanctions) est un vote contre la légitimité de l’état juif ».