Un activiste pro-implantations condamné à 4 mois de détention administrative
Ariel Danino a été arrêté alors que les attaques violentes de résidents d'implantations juifs contre les Palestiniens de Cisjordanie se multiplient depuis le 7 octobre
Ariel Danino, militant influent du mouvement des implantations, a été placé en détention administrative pour quatre mois. L’ordre a été officiellement signé dimanche par le ministre de la Défense Yoav Gallant.
L’ordonnance – qui permet aux autorités de détenir un suspect en dehors de toute inculpation, pour des périodes indéfinies et renouvelables – aurait été approuvée par le Shin Bet, sur la « base de l’existence probable d’un danger pour la sécurité de l’État/la sécurité publique ».
L’ordonnance est valable du 29 octobre 2023 au 28 février 2024.
Danino a été arrêté samedi soir dans l’avant-poste illégal de Kumi Ori, près de l’implantation d’Yitzhar, dans le nord de la Cisjordanie, par la police des frontières et des agents du Shin Bet, dont certains étaient masqués.
Selon le site d’information en ligne d’extrême droite Kol Hayehudi, les forces de l’ordre ont bloqué les accès à l’avant-poste pendant l’interpellation.
Des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux ont donné à voir Danino en train de faire le signe de la victoire alors qu’il était installé à l’arrière d’un véhicule des forces de l’ordre suite à son arrestation.
הזיה: כוחות גדולים של המחלקה נגד יהודים בשב"כ, ימ"ר ש"י ומג"ב פשטו עכשיו על יצהר כשרובם רעולי פנים ועצרו את אריאל דנינו תושב שכונת קומי אורי. חסמו את הכבישים בישוב בלי צו ובלי כלום. השוטרים סירבו להגיד לדנינו במה הוא חשוד>> pic.twitter.com/pKqPvwOZW9
— אלחנן גרונר (@elchangr) October 29, 2023
On ignore le détail des motifs qui ont justifié la mise en détention de Danino.
Dimanche après-midi, le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a fustigé cette décision sur X (anciennement Twitter).
« La détention administrative de citoyens pionniers qui se mettent en première ligne, pour le peuple et le pays, et sont traités comme des ‘ennemis’ doit cesser », a écrit Ben Gvir, chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit. « Il faut faire la différence entre un proche et un ennemi. »
La détention administrative est surtout utilisée pour les Palestiniens soupçonnés de terrorisme. D’ailleurs, un millier d’entre eux sont actuellement détenus à ce titre.
Elle a été utilisée à plusieurs reprises envers des suspects de terrorisme juifs israéliens ces dernières années.
Elle est habituellement mise en œuvre lorsque les autorités disposent de renseignements reliant un suspect à un crime, mais qu’elles n’ont pas suffisamment de preuves pour porter plainte devant un tribunal.
Son utilisation contre des résidents d’implantations extrémistes est devenue plus courante ces derniers temps, car nombre d’entre eux conservent leur droit de garder le silence et refusent de coopérer aux enquêtes. Par ailleurs, la police arrive souvent tardivement sur les lieux de crimes contre les Palestiniens en Cisjordanie et ne parvient que rarement à recueillir des preuves.
Selon le groupe opposé aux implantations La Paix Maintenant, les résidents d’implantations extrémistes d’Yitzhar et des implantations et avant-postes environnants ont été impliqués dans des dizaines d’attaques contre des Palestiniens ces dix dernières années.
Samedi, un Palestinien de 40 ans, Bilal Muhammed Saleh, aurait été abattu d’une balle dans la poitrine par un résident d’implantation non loin du village d’As-Sawiya, à environ 15 kilomètres au sud de Yitzhar.
Selon Haaretz, Saleh faisait partie d’un groupe qui récoltait des olives dans les environs du village, près de Naplouse, lorsqu’ils ont été attaqués par des résidents d’implantations. Un certain nombre d’oliveraies auraient été attaquées dans la région.
Le résident d’implantation auteur du coup de feu mortel est un soldat de Tsahal en permission, accouru depuis l’implantation voisine de Rehelim avec des membres de sa famille un peu avant la fusillade.
D’autres attaques de résidents d’implantations contre des Palestiniens de Cisjordanie ont eu lieu depuis les massacres perpétrés par le Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre dernier, au cours desquels quelque 1 400 personnes ont été tuées et 230 pris en otages, ce qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Dimanche, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a dénoncé la recrudescence « absolument inacceptable » des violences des résidents d’implantations depuis le déclenchement de la guerre à Gaza et déclaré que le Premier ministre Benjamin Netanyahu « avait la responsabilité de contrôler les résidents d’implantations ».
« Il s’agit d’un problème permanent. Avec le temps, le gouvernement israélien va sans doute en faire plus. Nous attendons une prise en charge appropriée de la question des résidents d’implantations extrémistes qui se livrent à ce type de violences », a déclaré Sullivan à CNN.