Le ministre sortant accuse le gouvernement d’affaiblir les relations avec les Etats-Unis
Pour Avi Gabbay, le pouvoir fait taire les dissidents, la démission de Yaalon a été pour lui le coup de grâce, il exhorte Netanyahu à “reprendre ses esprits”
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
Le ministre sortant de l’Environnement Avi Gabbay (Koulanou) a lancé vendredi une attaque cinglante contre le gouvernement israélien, l’accusant de détruire sa relation avec les Etats-Unis et de réduire au silence les dissidents sur tous les sujets, de l’accord sur le gaz à la conduite de l’armée.
Vendredi matin, Gabbay avait annoncé qu’il démissionnait de son poste pour protester contre l’accord de coalition avec Yisrael Beytenu et la nomination d’Avigdor Liberman au ministère de la Défense.
Le ministre, qui n’est pas député, a déclaré aux journalistes qu’« il n’était pas facile pour moi de faire partie du gouvernement, un gouvernement qui a entièrement bouleversé la relation avec la plus grande puissance mondiale. »
« Cette semaine, un an après ma nomination, est arrivée la pilule que je n’ai pas pu avaler : la destitution de Yaalon et la nomination de Liberman sont une mesure inhabituelle, même en politique. J’exhorte le Premier ministre à reprendre ses esprits avant qu’il ne soit trop tard, de se rappeler que la sécurité est la sécurité et de se fier aux personnes, au leadership, et pas simplement aux tanks et aux avions », avait déclaré Gabbay.
Critique féroce de la convention sur le gaz offshore, Gabbay a lié l’accord, qui a été révisé après une demande de la Haute cour de justice, au débat public sur la moralité de l’armée israélienne.
« Il a été difficile pour moi de voir les divisions nationales et les attaques contre notre armée, a-t-il déclaré. L’accord sur le gaz a aussi été un défi pour moi. J’ai vu comment la plus grande décision économique de la dernière décennie a été basée sur l’ignorance. Il y a une ligne claire reliant l’accord gazier aux attaques contre l’armée : le but est d’affaiblir les serviteurs publics et de les empêcher d’exprimer leurs opinions. »
Vendredi dernier, l’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon (Likud) avait démissionné, citant un « manque de confiance » en Netanyahu, après que ce dernier ait proposé son poste à Liberman dans le cadre des négociations de coalition. En quittant son poste, il a promis de revenir en politique.
Vendredi, Yaalon a salué la décision de Gabbay de démissionner.
« Tous mes respects à Avi Gabbay, qui prouve qu’il y a une autre voie, a écrit Yaalon sur Twitter. Nous ne devons pas abandonner. »
Fondateur du parti Koulanou, Gabbay n’est pas député, et a été nommé au ministère de l’Ecologie en tant que candidat externe par le ministre des Finances, Moshe Kahlon, qui a publiquement soutenu les efforts du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour l’extension de sa coalition.
Kahlon a déclaré vendredi qu’il avait informé le Premier ministre qu’il détiendrait le portefeuille environnemental. Le dirigeant du parti Koulanou a dit que Gabbay l’avait informé jeudi soir de sa décision, et l’a remercié dans un communiqué pour son « partenariat » et son aide à la fondation de Koulanou.
Dans un communiqué publié vendredi matin et annonçant sa décision, Gabbay avait déclaré que les « récentes mesures politiques et le remplacement du ministre de la Défense sont, à mon avis, un acte sérieux qui ignore ce qui est le mieux pour la sécurité de l’Etat et entraînera une grande polarisation [sociale] parmi la population. »
« C’est une ligne dont je ne peux être partenaire, et est assez fondamentale à mes yeux pour que je ne puisse plus continuer au servir » au sein du gouvernement, a-t-il déclaré.
La semaine dernière également, la députée Orly Levy-Abekasis avait quitté le parti Yisrael Beytenu en raison des négociations de coalition, affirmant que son parti n’avait pas fait de demandes sur les sujets sociaux pendant les négociations. Levy-Abekasis restera à la Knesset en tant que candidate indépendante.
Netanyahu et Liberman ont signé mercredi l’accord de coalition, renforçant la coalition de 61 sièges, la majorité minimale à la Knesset, avec les cinq sièges du parti de droite, tout en réduisant l’opposition à 54 sièges, bien que le parti HaBayit HaYehudi ait menacé de retenir la nomination de Liberman si ces demandes pour améliorer le partage de renseignements entre ministres sur les sujets de sécurité n’étaient pas remplies. La nomination de Liberman comme ministre de la défense sera votée lundi pendant la plénière de la Knesset.
Netanyahu a déclaré que l’arrivée de Liberman, tenant d’une ligne dure qui a fait référence au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas comme à un terroriste, n’affectera pas les efforts de paix, traitant ainsi des craintes que cette action n’entrave les efforts diplomatiques avec les Palestiniens.
Pendant la cérémonie de signature mercredi à la Knesset, Netanyahu a promis de rechercher de nouvelles « opportunités » pour un accord de paix avec les Palestiniens.
« Israël a besoin de stabilité gouvernementale s’il doit faire face aux défis qui nous attendent, et pour tirer parti des opportunités qui nous attendent », avait déclaré Netanyahu, aux côtés d’un Liberman facétieux, aux journalistes. « A côté des menaces et des dangers, il y a aussi des opportunités. Je suis déterminé à faire avancer le processus de paix. Je suis déterminé à faire tous les efforts pour parvenir à un accord ».
En plus de la nomination de Liberman comme ministre de la défense, la députée Sofa Landver, membre du parti Yisrael Beytenu, reprendra son rôle de ministre de l’intégration des immigrants, qu’elle occupait entre 2009 et 2015.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.