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Un musée suisse accepte le « trésor nazi »

En cas d'acceptation, il serait lié par la "déclaration de Washington" qui stipule que les institutions muséales s'engagent à s'efforcer à restituer l'art volé

Des photos diffusées par le parquet d'Augsburg, en Allemagne, le 12 novembre 2013, montrant cinq des 1 500 tableaux volés par les nazis et saisis au domicile de Cornelius Gurlitt à Munich. (Crédit : Lostart.de/parquet d'Augsburg/AFP/File)
Des photos diffusées par le parquet d'Augsburg, en Allemagne, le 12 novembre 2013, montrant cinq des 1 500 tableaux volés par les nazis et saisis au domicile de Cornelius Gurlitt à Munich. (Crédit : Lostart.de/parquet d'Augsburg/AFP/File)

Le Musée des Beaux-Arts de Berne a annoncé lundi qu’il acceptait l’héritage du collectionneur d’art allemand Cornelius Gurlitt, un trésor de plus de 1.000 oeuvres dont certaines, volées à des Juifs par les nazis, seront restituées si possible aux ayants-droit.

Les oeuvres à l’origine litigieuse seront conservées dans un premier temps en Allemagne. Parmi elles, celles ne relevant pas de spoliations nazies seront ensuite transmises à Berne.

Le président de la Fondation du Musée, Christoph Schäublin, a précisé lors d’une conférence de presse à Berlin que son institution allait coopérer avec les autorités allemandes pour déterminer quelles sont les oeuvres volées ou extorquées sous le nazisme en vue de leur restitution aux propriétaires légitimes.

« Le conseil de la Fondation du Musée de Berne a décidé à l’occasion d’une réunion le 22 novembre d’accepter l’héritage » de Cornelius Gurlitt tel qu’il l’a souhaité dans son testament, a annoncé M. Schäublin.

La valeur de cet héritage se chiffre en dizaines de millions d’euros, selon les médias allemands.

La collection de M. Gurlitt, mort en mai à 81 ans, comprend des oeuvres inestimables signées Picasso, Monet ou Chagall, sorties de l’oubli en 2012 lors de leur découverte dans l’appartement du vieillard à Munich (sud), ainsi que d’autres oeuvres retrouvées un peu plus tard dans sa maison de Salzbourg, en Autriche.

Une cousine de Cornelius Gurlitt, Uta Werner, 86 ans, réclame toutefois en justice l’héritage que l’octogénaire a légué au Musée des Beaux-Arts de Berne.

L’accord trouvé entre l’Etat fédéral allemand, le Musée de Berne et la Bavière est « une bonne solution » et « une étape importante » dans le travail que l’Allemagne fait sur son passé nazi, a souligné la secrétaire d’Etat allemande à la Culture, Monika Grütters, au cours de cette conférence de presse.

Elle a également indiqué que l’Allemagne était « prête à la restitution immédiate » de trois oeuvres d’art dont il a été prouvé qu’elles ont été dérobées à des Juifs. Parmi elles figure un tableau de Matisse volé au marchand d’art français, Paul Rosenberg, grand-père de la journaliste française Anne Sinclair.

Cette décision scellera le sort de peintures et croquis inestimables signés Picasso, Monet, Chagall, et de bien d’autres oeuvres de premier plan, sorties de l’oubli en 2012 lors de leur découverte à Munich (sud), dans l’appartement de Cornelius Gurlitt, un vieil homme solitaire et discret.

Décédé en mai à l’âge de 81 ans, ce collectionneur était le fils d’un marchand d’art au passé trouble qui avait été chargé par les nazis d’écouler à l’étranger de l' »Art dégénéré », dont le IIIe Reich avait purgé les musées allemands, et des pièces achetées à bas prix sous la contrainte ou volées à des juifs, dont beaucoup ont péri dans les camps. Gurlitt a légué par testament sa collection au Musée des Beaux-Arts de la capitale helvétique.

Mise au secret

« Si j’étais un parieur, je dirais que le Musée des Beaux-Arts de Berne va accepter la collection (…) C’est ce à quoi je m’attends », avait affirmé à l’AFP l’avocat londonien Christopher Marinello, représentant des héritiers du marchand d’art français juif Paul Rosenberg — grand-père de la journaliste française Anne Sinclair–, qui avait dû fuir les nazis jusqu’à New York pendant qu’ils confisquaient une partie de ses oeuvres.

Les ayants droit Rosenberg réclament toujours la restitution d’un précieux tableau de Matisse, longtemps considéré comme perdu, qui figurait parmi les 1.280 pièces retrouvées dans l’appartement munichois.

Près de 300 autres avaient également été découvertes dans une résidence du collectionneur à Salzbourg, en Autriche.

Bien que n’ayant jamais été accusé de crimes, le vieillard, dont la collection avait été confisquée et mise au secret, avait passé un accord avec l’Etat allemand prévoyant la restitution des peintures provenant de spoliations, à condition que les ayants droit soient identifiés dans un délai d’un an.

Les oeuvres trouvées à Salzbourg prendraient également le chemin de l’institution de Berne, qui aurait la charge de retracer leur provenance, ajoute Der Spiegel, sans citer ses sources.

‘Avalanche de procès’

L’héritage Gurlitt rehaussera considérablement le prestige du musée, le plus ancien de Suisse. L’intérêt du public pour cette collection est « énorme », assure Stephan Klingen, de l’Institut d’histoire de l’art de Munich.

« Cela constitue une chance de montrer aux gens combien la gestion de l’art et des oeuvres a été problématique après la guerre », a-t-il déclaré à l’agence de presse allemande DPA.

En acceptant ce legs, le musée ouvrira toutefois « la boîte de Pandore et provoquerait une avalanche de procès », avait mis en garde Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial (CJM), qui appelle l’institution à renoncer à cette collection.

Opponents claim US billionaire Ronald Lauder attempted to inappropriately influence the outcome of elections held by European Jewish organizations. (Miriam Alster/Flash90)
Ronald Lauder (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Confirmant cette menace, une cousine de Gurlitt, Uta Werner, 86 ans, a annoncé vendredi vouloir faire valoir ses droits sur l’héritage, estimant — rapport d’expert à l’appui — que le collectionneur souffrait « d’obsessions paranoïaques » de nature à invalider le testament.

Depuis la découverte du trésor de Gurlitt, de nombreux groupes juifs, ainsi que les gouvernements américains et israéliens, ont fait pression sur l’Allemagne afin que soit créé un groupe de travail chargé de dresser un inventaire et de déterminer qui étaient les propriétaires à l’origine.

En cas d’acceptation de l’héritage, le Musée des Beaux-Arts de Berne serait lié par la « déclaration de Washington », signée en 1998, par laquelle les grandes institutions muséales s’engageaient à s’efforcer à restituer l’art volé par les nazis, soulignait M. Marinello.

« Mes clients ont été extrêmement patients avec les autorités allemandes durant tout le processus, mais trop c’est trop ».

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