Un « plan partial en faveur d’Israël » : Pompeo clarifie ses propos
Le secrétaire d'Etat américain a déclaré que le caractère partial du plan n'est simplement pas une réalité : ceux qui pensent qu'il l'est ignorent "les éléments réels contenus"

WASHINGTON — Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a clarifié les propos qu’il avait prononcés alors qu’il se trouvait en compagnie de leaders de la communauté juive, affirmant que l’impression d’un plan de paix biaisé en faveur d’Israël était « inexacte ».
Le Washington Post a révélé l’existence dimanche d’un enregistrement d’une rencontre officieuse qui a eu lieu, la semaine dernière, entre Pompeo et la CoP (Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations).
« Je comprends pourquoi les gens peuvent penser qu’il s’agit d’un accord que seuls les Israéliens pourront aimer », a-t-il dit selon le journal. « Je comprends cette perception. J’espère juste qu’on laissera la place à l’écoute et qu’on la laissera s’installer un peu », a-t-il ajouté.
Au cours d’un entretien accordé mardi au Sinclair Broadcast Group, il a clarifié ses commentaires.
« Je comprends pourquoi certains pourraient être inquiets d’un plan proposé par cette administration – sans savoir réellement ce qu’il contient – (pourquoi) ils pourraient le percevoir comme fondamentalement partial », a dit Pompeo à Sinclair. « Et je le notais très précisément parce que ce n’est justement pas vrai ».
Le plan, qui doit être encore révélé, a été préparé par une équipe dirigée par Jared Kushner, haut-conseiller du président Donald Trump et également son gendre juif.
« Je pense qu’il y aura beaucoup de choses que les gens apprécieront dans ce plan, j’en ai la certitude », a dit Pompeo. « Notre idée est de présenter une vision et de continuer à avancer vers la résolution définitive d’une situation très, très difficile ».
Toutefois, Pompeo a conservé dans ses propos le même scepticisme que celui qu’il avait montré dans ses remarques initiales, où il avait fait une évaluation sombre des chances de réussite du plan, reconnaissant que certaines parties pouvaient être « inexécutables », qu’elles pouvaient échouer ou qu’elles pouvaient être rejetés tant par les Israéliens que par les Palestiniens.
Le plan a été reporté de manière répétée et les propos de Pompeo ont été tenus vingt-quatre heures avant l’effondrement des négociations de coalition et la décision prise d’organiser de nouvelles élections au mois de septembre – un élément qui devrait, selon de nombreux observateurs, retarder encore la date de lancement de la proposition de paix.
Pompeo a noté pour sa part qu’il « nous a fallu plus de temps pour sortir notre plan que je ne l’avais pensé à l’origine – c’est le moins qu’on puisse dire ».
Après la publication des propos de Pompeo, dimanche, le président Donald Trump a été interrogé sur le scepticisme de Pompeo, disant aux journalistes aux abords de la Maison Blanche : « Il pourrait avoir raison ».
« Quand Mike dit ça, je comprends ce qu’il dit parce que la plupart des gens pensent que c’est impossible. Je pense qu’on peut y arriver. Mais, comme je le dis souvent, on verra bien ce qu’il va se passer », a dit Trump, ajoutant qu’il était désolé de la situation en Israël qu’il a qualifiée de « pagaille ».

« Bibi a été élu. Puis, tout à coup, il va falloir recommencer tout le processus électoral jusqu’au mois de septembre ? C’est ridicule. Nous n’en sommes pas heureux », a-t-il dit, recommandant vivement à Israël de « se ressaisir ».
Pompeo, qui a précisé penser avoir vu « tous les détails de ce que nous allons déployer », a dit que le plan était « très détaillé ». Il a néanmoins reconnu que certaines parties de la proposition pourraient paraître « inexécutables ».
Les propos tenus par Pompeo sont les plus sincères qui aient été prononcés par un membre de l’administration Trump sur les difficultés que la proposition – surnommée par le président américain « l’accord du siècle » – risque de rencontrer. Il a exprimé l’espoir que les parties en lice le prendront en considération.

« Trois choses sont certaines, chacun trouvera un élément à haïr dans la proposition », a-t-il noté. « Et tout le monde trouvera, je le pense – ce sera également le cas des Palestiniens – un élément qui permettra de dire : ‘C’est une base pour construire quelque chose’. Et la grande question, c’est de savoir si nous aurons suffisamment de latitude pour avoir un débat réel sur comment construire tout ça. »
Les Palestiniens ont d’ores et déjà rejeté le plan de paix et expliqué qu’ils n’assisteraient pas au sommet organisé au Bahreïn, affirmant que la rencontre sera éminemment partiale en faveur d’Israël.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rompu les liens avec l’administration Trump à la fin 2017 après sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur Etat.
Pompeo a également dit qu’une fois que le plan sera révélé, « il reviendra aux Israéliens et aux Palestiniens de le mettre en oeuvre ».
« Les Etats-Unis ne dirigeront pas ce lancement », a-t-il précisé.
« Nous ne nous faisons aucune illusion sur le fait que, lorsque nous allons révéler le plan, personne ne va dire : ‘dites-moi où il faut aller pour la cérémonie de signature’, » a-t-il dit. « Ça ne fonctionne pas comme ça ».
« J’espère quand même que tout le monde le consultera avec attention et se dira qu’il contient au moins une lueur d’espoir pour tout un chacun », a-t-il dit.