Un point sur les nouveaux vaccins contre Omicron dans la course aux variants
Selon un épidémiologiste de l'université Bar-Ilan, les vaccins renforceront la protection même si le virus a déjà changé depuis qu'ils ont été mis au point

Les responsables de la santé aux États-Unis et au Royaume-Uni ont approuvé la distribution de vaccins dont les capacités de lutte contre l’Omicron sont renforcées, et Israël devrait suivre le mouvement.
Au Royaume-Uni, la Medicines and Healthcare products Regulatory Agency a approuvé samedi le nouveau vaccin de Pfizer et celui de Moderna le mois dernier. Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention ont approuvé les deux vaccins réajustés jeudi.
Israël n’a pas annoncé de calendrier pour les nouvelles injections, mais étant un pays favorable au vaccin, il devrait être établi très prochainement.
Est-ce que les personnes qui doivent encore recevoir leur vaccin contre le COVID feraient mieux de patienter, afin de pouvoir recevoir l’un des nouveaux vaccins améliorés ? Si Omicron évolue encore depuis la conception des nouveaux vaccins, ces derniers seront-ils utiles ? Le Times of Israel s’est entretenu avec l’épidémiologiste Michael Edelstein, professeur à la faculté de médecine de l’université Bar-Ilan à Safed et ancien haut fonctionnaire de Public Health England, l’agence exécutive du ministère de la Santé basé à Londres.
« Nous sommes optimistes et pensons que les vaccins conçus spécifiquement pour Omicron présenteront des avantages au cours des prochains mois, même s’ils ont été conçus pour les « anciens » variants d’Omicron », a déclaré Edelstein lors d’un entretien sur les nouveaux vaccins, les vaccins pour enfants et la prévention du COVID.
Il a ajouté qu’il y avait toujours une « course » entre les nouveaux vaccins et les nouveaux variants, ce qui signifie que pour réussir à combattre le COVID, il faudra produire de nouveaux vaccins mis à jour plus rapidement que les nouveaux variants qui apportent des changements importants au virus. Mais il s’est montré optimiste. Il a commenté : « Nous avons parcouru un long chemin en termes de compréhension de la maladie, de son mode de propagation, de la manière de la prévenir et de la traiter, et de la manière d’équilibrer les risques individuels et collectifs que la maladie présente par rapport à la possibilité de continuer à vivre, travailler et voyager. »
Times of Israel : Les vaccins évoluent, et l’Amérique et le Royaume-Uni ont approuvé des vaccins qui ont été réajustés pour mieux affronter les variants. Ils ont été mis au point pour les premières souches d’Omicron, mais depuis leur conception, de nouveaux sous-variants d’Omicron sont apparus. Seront-ils encore utiles ?
Edelstein : Nous n’avons pas encore réalisé de tests pour déterminer si les vaccins adaptés aux premiers variants d’Omicron fonctionnent bien contre les variants ultérieurs, mais nous avons des raisons d’être optimistes. Dans le cas de l’immunité naturelle, la guérison face aux premiers variants d’Omicron semble en effet générer une forte protection contre les variants ultérieurs. C’est ce que nous avons constaté à partir de données révisées par des confrères au Portugal, qui ont permis de déterminer dans quelle mesure le fait d’avoir été infecté par le premier variant d’Omicron protégeait les personnes contre les variants ultérieurs. Par conséquent, nous pouvons être optimistes et penser que les vaccins spécifiques à Omicron offriront des avantages dans les mois à venir, même s’ils ont été conçus pour les « anciens » variants d’Omicron.

Que savons-nous aujourd’hui des avantages des troisième et quatrième doses de vaccin ? Elles sont souvent considérées comme des rappels, mais elles semblent remplir une fonction différente en termes d’immunité. Pouvez-vous l’expliquer ?
À mesure que la pandémie a progressé, il est devenu évident que la troisième dose, bien qu’initialement considérée comme une protection « supplémentaire », est en fait essentielle pour tirer tous les bénéfices des vaccins. Ce n’est qu’avec la troisième dose que nous obtenons une protection proche de la protection maximale contre les formes graves de la maladie – et les avantages de la prévention des formes graves de la maladie sont durables.
La quatrième dose, c’est une autre histoire. Elle renforce la protection à la fois contre les infections et les formes graves de la maladie, mais l’augmentation de la protection supplémentaire est de courte durée. Les responsables de la santé en Israël affirment que les quatrièmes doses ont sauvé des vies et ils ont raison – elles ont été administrées à des populations vulnérables à des moments où la circulation du virus était très élevée, et ce renforcement temporaire a donc sauvé des vies. Mais la protection supplémentaire ne dure que cinq mois environ.

Si tel est le cas, est-il juste de parler des troisième et quatrième doses comme des « rappels » ?
La seule raison pour laquelle nous parlons de la troisième dose comme d’un rappel est que la dose de vaccination initiale, sur la base de ce que nous savions au moment du lancement initial, était de deux injections. Aujourd’hui, nous connaissons l’importance de la troisième injection, et certains experts en vaccins pensent que nous devrions en fait parler de la troisième injection comme faisant partie du régime initial, et seulement des injections suivantes comme étant des rappels.
Quel que soit le nom que l’on donne à la troisième injection, je pense qu’il est important d’insister sur son efficacité et d’exhorter toute personne éligible qui ne l’a pas encore reçue à le faire.
Certaines personnes en Israël qui sont éligibles pour une autre dose se demandent si elles doivent attendre. Elles voient le déploiement de vaccins spécifiques à un variant aux États-Unis et ailleurs, et pensent qu’il serait peut-être judicieux de reporter leur prochaine dose jusqu’à ce que ces vaccins arrivent en Israël.
Si nous savions exactement quand arriveront les vaccins les plus récents et à qui ils seront attribués, on aurait pu affirmer qu’il est judicieux d’attendre, mais en réalité, nous ne savons rien de tout cela. Toute personne à haut risque, en raison de son profil d’âge ou de ses antécédents médicaux, doit s’assurer de recevoir les vaccins recommandés à temps, sans attendre. Pour ces personnes, attendre serait une stratégie risquée.
Qu’en est-il des adultes qui ne sont pas considérés comme étant à haut risque ?
Pour les autres, il s’agit d’une décision plus personnelle, et il est difficile de prévoir les avantages et les inconvénients de cette stratégie. Le virus continue de circuler et vous ne savez pas quand vous serez exposé. Pour ceux qui présentent un risque moins élevé, on peut essayer de calculer le moment optimal pour se faire vacciner à nouveau, mais un tel calcul fait appel à beaucoup de spéculations.
Cet été, Israël a approuvé les vaccins COVID pour les enfants à partir de six mois, ce qui signifie qu’à l’exception des très jeunes bébés, tout le monde est désormais éligible. Sur la base de ce que nous savons aujourd’hui, quelles sont vos idées sur les vaccins pour enfants ?
Le bénéfice individuel pour les enfants n’est pas aussi clair que pour les adultes, car la gravité du COVID est moindre chez les enfants. Toutefois, il convient de rappeler qu’il y a toujours des enfants qui tombent gravement malade. En outre, la vaccination des enfants permet aux écoles et aux jardins d’enfants de continuer à fonctionner en cas de futures vagues. La vaccination des enfants réduit également le risque qu’ils infectent d’autres personnes plus vulnérables de leur entourage.

Les experts soulignent que les vaccins font partie d’une stratégie plus large de prévention du COVID qui comprend également d’autres mesures. En Israël, cela s’est traduit par une recommandation de porter des masques à l’intérieur lorsque les cas étaient élevés. Que savons-nous aujourd’hui des masques et des autres mesures ?
Il a été démontré que les masques réduisent la transmission lorsqu’ils sont portés correctement – en particulier, ils réduisent le risque que des personnes infectées, qui peuvent ne pas savoir qu’elles sont atteintes de la maladie, infectent d’autres personnes. Cela est particulièrement vrai à l’intérieur et c’est pourquoi, dans les hôpitaux, où de nombreuses personnes vulnérables se trouvent dans un espace clos, le port du masque reste obligatoire.
La circulation de l’air est importante et peut contribuer à atténuer les risques d’infection. Des fenêtres ouvertes peuvent aider dans les espaces intérieurs. À l’extérieur, les risques d’infection sont réduits, mais ne sont pas éliminés. Lorsque des personnes sont à proximité les unes des autres, même à l’extérieur, il peut y avoir un risque d’infection.
Quelle est votre évaluation générale de l’impact des vaccins sur la pandémie ?
Près de deux ans après leur apparition, les vaccins ont eu un impact considérable sur la pandémie en réduisant la transmission et le risque de forme grave de la maladie, même s’ils n’ont pas été la solution magique que certains espéraient. Les nouveaux vaccins revus et corrigés contribueront à mieux protéger contre les nouveaux variants, même si nous assistons à une sorte de course entre les vaccins et les nouveaux variants. Nous avons beaucoup progressé dans la compréhension de la maladie, de son mode de propagation, des moyens de prévention et de traitement, et de l’équilibre à trouver entre les risques individuels et collectifs que présente la maladie et la possibilité de continuer à vivre, à travailler et à voyager.