Un rédacteur d’Al-Jazeera, « complice d’espionnage » avec Morsi ?
Le ministre égyptien de l'Intérieur accuse des journalistes d'Al-Jazeera d'avoir fait courir des rumeurs pour aider les Frères Musulmans
Le ministre égyptien de l’Intérieur a accusé dimanche un rédacteur en chef d’Al-Jazeera d’avoir aidé les Frères musulmans à faire fuiter des informations sur la sûreté de l’Etat, une affaire pour laquelle le président islamiste destitué Mohamed Morsi comparaît actuellement.
Ces accusations interviennent à la veille de la reprise du procès de trois journalistes d’Al-Jazeera, incarcérés en Egypte depuis trois mois et accusés de soutenir les Frères musulmans et d’avoir « diffusé de fausses nouvelles » faisant croire à une « guerre civile dans le pays ».
Selon le ministre, le secrétaire de M. Morsi, Amine El-Serafi, est parvenu à faire sortir des documents « portant sur l’armée, son armement et le déploiement des troupes, autant d’informations touchant à la sécurité nationale ».
Il les a ensuite remis à Ibrahim Mohammed Hilal, présenté par le ministre Mohammed Ibrahim comme un rédacteur en chef d’Al-Jazeera membre des Frères musulmans, qui, selon lui, a fait en sorte que ces documents contenant des informations secret-Défense parviennent à des responsables étrangers, avec la complicité d’un ressortissant palestinien.
Doha et Le Caire sont à couteaux tirés depuis la destitution et l’arrestation de M. Morsi, grand allié du petit émirat gazier. Les nouvelles autorités en Egypte accusent le Qatar de soutenir les Frères musulmans, notamment via sa chaîne satellitaire Al-Jazeera, dont l’antenne égyptienne a été définitivement fermée, tandis que le Qatar reproche au Caire sa sanglante répression des manifestants pro-Morsi – au moins 1 400 morts selon Amnesty International.
M. Morsi est poursuivi au total dans quatre affaires, tandis que sa confrérie des Frères musulmans est désormais considérée comme une « organisation terroriste » par les autorités.
Dans son procès pour « espionnage », le parquet accuse M. Morsi et ses 35 co-accusés, dont des dirigeants des Frères, d’avoir comploté notamment avec le mouvement islamiste palestinien Hamas et la République islamique d’Iran pour déstabiliser l’Egypte.
Ils encourent la peine de mort. Les avocats de la défense ont demandé la récusation des juges et une cour d’appel examinera la requête le 9 avril.