Hamas : nous ne reconnaîtrons jamais Israël
Le mouvement islamique, jusqu’à présent silencieux sur la réconciliation, nie avoir assoupli ses positions vis-à-vis d’Israël
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Brisant le silence ayant suivi l’annonce de sa réconciliation avec le Fatah la semaine dernière, le Hamas a déclaré dimanche qu’il ne reconnaîtrait jamais Israël, mais a indiqué qu’il ne ferait pas obstacle aux négociations entre l’OLP et l’Etat juif.
Le Hamas et le Fatah ont convenu le 23 avril de mettre en œuvre l’accord de réconciliation signé au Caire en 2011, prévoyant la formation d’un gouvernement intérimaire de technocrates dans les cinq semaines, suivie d’élections législatives et présidentielles à Gaza et en Cisjordanie dans les six mois.
Dans un premier temps , le seul commentaire officiel du Hamas après
l’ « accord de Gaza » a été un communiqué laconique annonçant que l’unité était « une réalisation nationale et un carrefour important dans l’histoire palestinienne. »
Mais les déclarations ultérieures du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a affirmé qu’un gouvernement d’union qu’il dirigerait reconnaîtrait Israël, ainsi que des déclarations similaires attribuées au porte-parole du gouvernement du Hamas Taher Nunu par le Washington Post, ont poussé le Hamas à prendre la parole dimanche.
« Mes pseudo-citations dans un journal américain sont fausses, et je les démens catégoriquement », a affirmé Nunu à l’agence de presse palestinienne Qudsnet. « La question de la reconnaissance d’Israël par le Hamas est vouée à l’échec… et vise principalement à affaiblir les positions de notre mouvement sur Israël. »
Nunu a affirmé qu’il envisageait un recours juridique contre le Washington Post pour son « faux article ».
Le porte-parole du Hamas Sami Abu Zuhri était plus préoccupé par des appels réclamant la démission du Premier ministre de Gaza Ismaël Haniyeh. Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a présenté sa démission à Abbas vendredi, dans l’attente d’une décision présidentielle.
« Nous ne parlons pas de démission, mais plutôt d’un nouveau gouvernement qui sera formé dans seulement cinq semaines », a déclaré Abu Zuhri à l’agence de presse Quds, affiliée au Hamas. « Le gouvernement d’Ismaël Haniyeh est prêt à céder le pouvoir au moment où le nouveau gouvernement sera formé. »
En ce qui concerne la reconnaissance d’Israël, Abu Zuhri a fait la distinction entre le gouvernement palestinien – chargé des affaires intérieures – et l’OLP (dont le Hamas ne fait pas partie), dont le rôle comprend la négociation avec Israël.
« Nous reconnaissons que l’acceptation d’Abbas de l’occupation est sa position traditionnelle. Il n’y a là rien de nouveau. La position du Hamas est inébranlable quant à la non-acceptation de l’occupation sous quelle forme que ce soit. En tout état de cause, les négociations sont du ressort de l’OLP ; le gouvernement n’a pas à y participer », a ajouté Abu Zuhri.
Sheikh Hassan Youssef, un responsable du Hamas en Cisjordanie, qui a déclaré la semaine dernière au Times of Israel que la réconciliation palestinienne servirait le processus de paix, s’est empressé de clarifier dimanche que le Hamas ne reconnaîtrait jamais Israël.
« La question de la reconnaissance n’est pas discutable aussi longtemps qu’[Israël] occupera notre terre », a déclaré Youssef au site Internet du journal du Hamas Al-Resalah. Il a précisé que l’OLP était en charge des négociations et de la politique étrangère palestinienne, ajoutant que « le Hamas n’est pas responsable de ses relations avec Israël. »