Israël en guerre - Jour 492

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« Un scientifique nucléaire iranien est presque impossible à remplacer »

Mohsen Fakhrizadeh était au cœur des efforts stratégiques du régime au même titre qu'Imad Mughniyeh et Qassem Soleimani, indique Amos Yadlin, ex-chef des renseignements de Tsahal

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Mohsen Fakhrizadeh sur une photo non datée. (Autorisation)
Mohsen Fakhrizadeh sur une photo non datée. (Autorisation)

Mohsen Fakhrizadeh, le scientifique nucléaire iranien de haut rang qui a été assassiné vendredi à proximité de Téhéran, était tellement au cœur du programme secret d’armement nucléaire de la République islamique qu’il sera difficile de le remplacer par quelqu’un d’égale importance, a déclaré l’ancien chef des services de renseignements militaires israéliens.

« Il ne fait aucun doute qu’il était la source principale de l’autorité, de la connaissance et de l’organisation de ce programme », affirme le commandant Amos Yadlin, aujourd’hui à la retraite.

Le programme nucléaire iranien comporte deux volets : un volet ouvert qui produit des matières fissiles que Téhéran prétend être à usage civil (bien qu’elles puissent être utilisées pour des armes nucléaires), et un volet secret consacré à la militarisation, a expliqué M. Yadlin, lors d’un briefing à la presse organisé dimanche par le groupe Media Central.

« Il n’y a pas de dégâts à la partie du programme concernant l’enrichissement et les matières fissiles [avec la mort de Fakhrizadeh]. Les dommages causés au programme secret d’armement sont énormes, mais ne peuvent être mesurés car personne ne connaît exactement la portée, la profondeur et ce que les Iraniens font secrètement. »

Fakhrizadeh est mort vendredi dans une opération élaborée que l’Iran impute à Israël, bien que personne n’en ait revendiqué la responsabilité. Des responsables américains anonymes ont déclaré au New York Times qu’Israël était derrière l’attaque, mais les responsables à Jérusalem sont restés muets, les ministres de haut rang affirmant qu’ils n’avaient aucune idée de qui a tué le scientifique.

Interrogé sur la valeur pratique de l’assassinat de scientifiques nucléaires iraniens – une pratique dont Israël a été accusé, en particulier entre 2010 et 2012 – M. Yadlin a indiqué qu’il existe différentes écoles de pensée au sein de l’establishment de la défense israélienne.

Amos Yadlin. (Gideon Markowicz/Flash90/File)

« À un extrême, il y a ceux qui disent que lorsque vous avez affaire à un système, il est toujours très utile de lui couper la tête. Et il y a ceux qui disent que pour tout leader il y a un remplaçant et que les cimetières sont pleins de gens qui étaient irremplaçables », a-t-il dit.

En fait, a-t-il précisé, on pourrait argumenter que le meurtre de scientifiques iraniens pourrait causer plus de dégâts que de bénéfices, car il crée de la colère et une soif de vengeance, et pourrait motiver les Iraniens à travailler encore plus dur pour prouver au monde que ces assassinats n’ont pas atteint l’objectif fixé, à savoir mettre fin au programme nucléaire du régime.

Mais M. Yadlin, qui en 1981 était l’un des pilotes ayant bombardé le réacteur nucléaire de Saddam Hussein à Osiraq et qui est aujourd’hui directeur exécutif de l’Institut des études de sécurité nationale à Tel Aviv, a également affirmé que certaines personnes sont si importantes que leur élimination en vaut la peine, malgré les répercussions négatives.

Il a cité Fakhrizadeh, qui était également un général du Corps des gardiens de la révolution islamique, ainsi que l’ancien numéro deux du Hezbollah Imad Mughniyeh (assassiné en 2008) et le chef de la force al-Qods Qassem Soleimani (assassiné en janvier 2020) comme des dirigeants de haut rang qui ont été d’une valeur inestimable pour leurs organisations respectives.

Cette photo de l’agence de presse semi-officielle Fars montre les lieux de l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh à Asbard, une petite ville de l’est de la capitale de Téhéran, le 27 novembre 2020. Insert : Mohsen Fakhrizadeh. (Crédit : Agence de presse Fars via AP)

« Ce sont des gens que vous pouvez [nominalement] remplacer, mais leurs compétences, leurs connaissances, leur leadership et la façon dont ils ont su mener un effort stratégique ne peuvent pas vraiment être remplacés », a-t-il expliqué.

Au cours des trois dernières décennies, l’Iran s’est engagé dans deux efforts stratégiques, a poursuivi M. Yadlin : obtenir l’hégémonie au Moyen-Orient en établissant une présence en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen, et se rapprocher le plus possible d’une capacité d’armement nucléaire sans pour autant franchir le seuil qui déclencherait une opposition internationale.

« Ces deux efforts ont été menés par Qassem Soleimani et Mohsen Fakhrizadeh, et [les Iraniens] souffrent sans doute de leur disparition. »

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