Israël en guerre - Jour 643

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Un système d’alerte avertit les déserteurs haredim des actions de Tsahal à leur encontre

"L'État d'Israël veut détruire la religion juive", a affirmé le chef de la hotline ; bloquer l'application de la loi peut constituer une "entrave à la justice" selon l'ancien avocat en chef de Tsahal

Un manifestant ultra-orthodoxe échappant un policier lors d'une manifestation décriant le recrutement d'ultra-orthodoxes dans l'armée israélienne, devant le centre de recrutement de Tsahal, à Tel HaShomer, au centre d'Israël, le 6 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Un manifestant ultra-orthodoxe échappant un policier lors d'une manifestation décriant le recrutement d'ultra-orthodoxes dans l'armée israélienne, devant le centre de recrutement de Tsahal, à Tel HaShomer, au centre d'Israël, le 6 août 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

La Faction de Jérusalem, un groupe extrémiste ultra-orthodoxe, a mis sur pied ce qu’elle a appelé un « système d’alerte national ». L’objectif est de pouvoir mobiliser la communauté à chaque fois que Tsahal tentera d’appliquer la loi visant les haredim réfractaires à la conscription.

Des tracts distribués par la hotline anti-enrôlement « Am Kadosh » (Nation Sainte) du groupe exhortent le public à s’y inscrire. Les personnes enregistrées recevront une alerte à chaque arrestation pour « évasion » d’un étudiant de yeshiva.

« Les ravisseurs arrivent », peut-on lire sur les tracts en lettres d’un rouge vif, dans un langage semblant comparer les réfractaires faits prisonniers aux otages israéliens détenus à Gaza.

La hotline accueille les appelants avec un message audio indiquant qu’à « chaque fois que la police militaire se présentera pour arrêter ceux qui, parmi nos chers jeunes hommes, ont reçu une convocation militaire mais refusent de s’enrôler dans l’armée de la destruction, un message sera envoyé sur le téléphone des personnes inscrites, à tout moment de la journée ».

La Faction de Jérusalem, groupe extrémiste ultra-orthodoxe comptant quelque 60 000 membres, est considérée comme l’une des factions haredi les plus conservatrices. Elle organise régulièrement des manifestations houleuses contre la conscription des étudiants des yeshiva.

Les récentes mesures visant à enrôler des membres de la communauté ultra-orthodoxe auparavant exemptés sont en réalité des actes entrepris par l’État pour « détruire la religion juive », a déclaré le directeur de la hotline Yehuda Bloy au Times of Israel, mercredi.

Un prospectus distribué par la Faction de Jérusalem annonce un service d’alerte notifiant les étudiants de yeshiva des opérations d’application de l’armée israélienne contre les déserteurs. (Crédit : Sam Sokol/Times of Israel)

L’enrôlement des haredim séculariserait cette communauté religieuse, et provoquerait « la disparition des yeshivot sur la Terre d’Israël », a-t-il indiqué, affirmant à tort que 40 % des étudiants des yeshivot Hesder, qui conjuguent étude de la Torah et service militaire, finissent par s’éloigner de la religion.

Cette dernière initiative d’Am Kadosh intervient dans le sillage du lancement, le mois dernier, d’une campagne de la police militaire visant à emprisonner toute personne ayant ignoré les ordres de mobilisation de la dernière série d’appels. Même si cette communauté inclut une majorité de réfractaires, aucun Haredim n’a été arrêté au cours de l’opération.

La hotline de Bloy s’inscrit dans un écosystème en plein essor, constitué d’organisations ultra-orthodoxes et visant à encourager la fuite des étudiants des yeshivas devant l’enrôlement. Ces organisations avaient été critiquées pour avoir prétendument violé une loi interdisant l’incitation à la désertion.

Dans un enregistrement obtenu au début de l’année par le Times of Israel, un opérateur de la hotline conseille à un jeune haredi ayant reçu une convocation militaire de « la froisser comme une boule de falafel et la jeter à la poubelle ».

Le nouveau « système d’alerte national » pourrait également s’avérer illégal, a expliqué Tomer Naor, avocat du Mouvement pour un gouvernement de qualité, au Times of Israël.

L’avocat Tomer Naor du Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël s’exprime devant la commission Constitution, Droit et Justice de la Knesset, le 31 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Désobéir à une convocation militaire est contraire à la loi et constitue une infraction pénale. À ce titre, toute personne tentant d’entraver la mise en œuvre de mesures émanant des autorités militaires et des forces de l’ordre israéliennes est considérée comme auteur à part entière de l’infraction, et est donc soumis aux dispositions de la loi pénale », a poursuivi Naor, appelant la police à « ouvrir immédiatement une enquête ».

Si l’intention d’Am Kadosh « ne se limite pas à fournir des conseils juridiques à la suite d’un événement, mais consiste également à notifier en temps réel la survenue d’une action coercitive afin de pouvoir empêcher son exécution, alors cette intention est problématique », a convenu le colonel (rés.) Ran Cohen Rochverger, ancien avocat en chef de la défense militaire de Tsahal.

« Une action visant ostensiblement à perturber l’exécution d’une procédure prévue par la loi peut même être considérée, dans certaines circonstances, comme un délit d’entrave à la justice. »

Mercredi, dans un courrier destiné à la procureure générale Gali Baharav-Miara, le député du parti Yesh Atid, Vladimir Beliak, a déploré le fait que ce « phénomène s’était étendu et n’avait pas été traité », ajoutant qu’il s’agissait « d’un phénomène grave, qui déshonorait Tsahal et le système judiciaire ».

Beliak, joignant à son courrier des photos des tracts d’Am Kadosh annonçant son « système d’alerte national », a accusé le groupe de « proposer son aide pour échapper au service militaire ».

Des soldats ultra-orthodoxes sont enrôlés dans l’armée dans un centre de conscription de Tsahal, le 28 avril 2025. (Crédit : Armée israélienne)

« J’espère que la procureure générale pourra nous donner une réponse appropriée. Nous continuerons à utiliser tous les outils à notre disposition pour garantir le respect de la décision de la Haute Cour [mettant fin aux projets d’exemptions des hommes haredi] et des directives de la Procureure générale sur la question essentielle du recrutement des étudiants de yeshiva », a signalé Beliak au Times of Israël.

Bloy, interrogé sur la légalité de ses activités, a répondu que « tout était légal ». Selon lui, l’objectif du système d’alerte est  de mobiliser le public haredi « pour qu’il apporte renfort et soutien à un homme arrêté », plutôt que d’essayer d’empêcher son arrestation.

« Je n’ai pas dit qu’ils devaient prendre des mesures spécifiques contre la police, ni quoi que ce soit de ce genre », a-t-il poursuivi. Il a également insisté sur le fait que son organisation n’essayait pas de persuader les gens de ne pas s’enrôler, violant ainsi la loi. « Tous ceux qui nous contactent, tous ceux qui s’inscrivent », a-t-il ajouté, ont déjà été convaincus par leurs propres rabbins de s’opposer au service militaire.

Environ 80 000 hommes haredi âgés de 18 à 24 ans sont aujourd’hui éligibles au service militaire et ne n’ont pas intégré les rangs de l’armée. Tsahal a déclaré faire face à une pénurie de main-d’œuvre et avoir actuellement besoin de quelque 12 000 nouveaux soldats, dont 7 000 de combat.

Au total, moins de 2 000 haredim se sont enrôlés depuis le début du cycle de recrutement en cours, l’été dernier. À la fin du mois de mai, seuls 1 212 – 5 % – des 24 000 hommes ultra-orthodoxes ayant reçu une première convocation depuis juillet 2024 ont ouvert une procédure d’enrôlement.

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