Un terroriste libéré après 20 ans pour un attentat en Israël accueilli en héros
"J'ai fait mon devoir de Palestinien car nous devons libérer au plus vite la terre de Palestine," a dit Abdallah Abou Jaber, 46 ans, reçu avec des fleurs en Jordanie où il vit
Un Jordanien d’origine palestinienne auteur d’un attentat à la bombe à Tel-Aviv est arrivé mardi dans son pays après avoir passé 20 ans derrière les barreaux d’une prison israélienne.
Abdallah Abou était entré illégalement en Israël pour commettre, le 28 décembre 2000, un attentat à la bombe contre un autobus à Tel-Aviv, qui avait fait 13 blessés. Il avait été arrêté le lendemain.
« Nous sommes très heureux de la libération de ce héros, membre du Fatah et de la Brigade des Martyrs d’al-Aqsa », branche armée du Fatah de Mahmoud Abbas, a déclaré à l’AFP Younes Abou Sil, membre du Conseil national Palestinien (CNP) de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) qui se trouvait sur place.
Il « a passé 20 ans en prison pour avoir mené une opération visant à venger la mort de milliers de Palestiniens », a-t-il ajouté.
Après avoir franchi le pont cheikh Hussein reliant le nord-est d’Israël au royaume hachémite, Abdallah Abou Jaber, 46 ans, a été reçu avec des fleurs et des cris de joie par les membres de sa famille.
Portant sur une épaule un keffieh palestinien à damier noir et blanc et un jordanien à damier rouge et blanc sur l’autre épaule il a affirmé : « Il y a vingt ans, j’ai effectué un voyage non pas de tourisme mais de résistance », a-t-il dit.
« J’ai fait mon devoir de Palestinien car nous devons libérer au plus vite la terre de Palestine », a encore ajouté le terroriste, originaire de Baqaa, le plus grand camp de réfugiés palestiniens de Jordanie, situé à 20 km au nord d’Amman.
Il a par ailleurs lancé un appel à mettre fin à la division au sein des Palestiniens entre le parti laïc Fatah et le mouvement terroriste islamiste du Hamas.
« Les divisions nous séparent y compris dans les prisons. Nous devons nous unir pour faire face à l’ennemi sioniste », a-t-il insisté avant de faire le V de la victoire.
Quelque 2,2 millions de réfugiés palestiniens sont enregistrés en Jordanie auprès des Nations unies.
Un député jordanien, Ahmad al Sarahnah, a indiqué à l’AFP que 23 Jordaniens étaient actuellement en prison en Israël.
La moitié des 10 millions de Jordaniens est d’origine palestinienne.
Le ministère jordanien des Affaires étrangères a par ailleurs annoncé mardi qu’Israël avait retiré les charges pesant contre deux Jordaniens s’étant infiltrés à la mi-mai dans l’Etat hébreu et qu’une procédure était en cours pour les remettre aux autorités jordaniennes.
« Les autorités israéliennes ont décidé de retirer les charges contre les citoyens jordaniens Mussab Daajah et Khalifa Onouz et mettre fin à leur arrestation », a indiqué mardi le ministère jordanien.
« La procédure pour aboutir à leur libération est en cours afin de les remettre aux autorités jordaniennes », ajoute-t-on de même source.
Mais, selon un communiqué du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien, les deux hommes « seront poursuivis » en Jordanie. Conformément aux principes « de réciprocité sécuritaire et diplomatique entre Israël et la Jordanie, les deux hommes ont été transférés aux autorités sécuritaires jordaniennes », précise l’agence de sécurité.
Selon le Shin Bet, « le 16 mai, deux citoyens jordaniens âgés de 37 et 27 ans, sans permis d’entrée, en possession de couteaux et de corde, avaient été arrêtés par l’armée et la police israélienne (dans la région du parc de) Gilboa (Galilée) et transférés au Shin Bet. »
Le Shin Bet ajoute qu’il « s’est avéré, selon (son) enquête, que les deux hommes projetaient de se rendre à Jérusalem pour y mener une attaque au couteau contre des soldats israéliens sur l’esplanade des Mosquées ».
Le 25 mai, le ministère jordanien avait convoqué l’ambassadeur d’Israël à Amman pour protester contre les détentions des deux Jordaniens.
Ces arrestations ont eu lieu tandis qu’Israël et les Palestiniens étaient engagés depuis début mai dans l’une des plus importantes escalades de violences de ces dernières années. Plusieurs manifestations réclamant l’expulsion de l’ambassadeur israélien avaient eu lieu ces dernières semaines en Jordanie, pays ayant conclu un traité de paix avec Israël en 1994.