Un « test de reniflement » de l’Institut Weizmann peut prédire un réveil du coma
L'étude de l'institut israélien a été publiée dans la revue "Nature" ; tous les patients présentant des lésions cérébrales ayant réagi au test ont fini par reprendre conscience
Des scientifiques de l’Institut Weizmann affirment avoir mis au point un « test de reniflement » qui permet de prédire si une personne inconsciente est susceptible de se réveiller.
L’étude, qui a examiné si les patients réagissaient aux odeurs par une légère modification de leur flux d’air nasal, a été menée par les scientifiques en collaboration avec des collègues de l’hôpital de réadaptation Loewenstein, en Israël.
Selon les résultats, publiés dans la revue Nature, tous les patients inconscients atteints de lésions cérébrales qui ont répondu au « test de reniflement » mis au point par les chercheurs ont repris conscience au cours des quatre années de l’étude.
Les scientifiques pensent que ce test simple et peu coûteux peut aider les médecins à comprendre plus précisément le degré de lésion cérébrale d’un patient et dans quelle mesure la personne est consciente ou inconsciente. Les tests de diagnostic actuels ont une marge d’erreur importante – jusqu’à 40 % des cas – et peuvent donc conduire à un diagnostic incorrect, a déclaré l’Institut Weizmann dans un communiqué.
L’étude souligne également le rôle primordial que l’odorat, « la partie la plus ancienne du cerveau », joue dans l’organisation du cerveau humain et son rôle dans la mesure précise de l’intégrité cérébrale globale, ajoute le communiqué.
Après un traumatisme crânien grave, les patients peuvent tomber dans le coma, une phase où leurs yeux restent fermés et où ils n’ont pas de cycles sommeil-éveil. Un coma dure généralement environ deux semaines, après quoi le patient peut soit connaître une amélioration rapide et reprendre conscience, soit subir une détérioration conduisant à la mort, soit entrer dans un état défini comme « trouble de la conscience ».
Lorsque les yeux s’ouvrent spontanément, mais qu’il n’y a pas de preuve que les patients sont conscients d’eux-mêmes ou de leur environnement, on diagnostique alors un « état végétatif ».
L’outil de diagnostic de référence pour évaluer le niveau de conscience est l’Echelle de récupération du coma (version révisée), qui examine les réponses à divers stimuli, notamment les mouvements des yeux pendant la poursuite d’un objet, la rotation de la tête vers un son et la réponse à la douleur. Comme le taux d’erreurs de diagnostic peut atteindre jusqu’à 40 %, il est recommandé de répéter le test au moins cinq fois.
« Les erreurs de diagnostic peuvent être critiques, car elles peuvent peser dans la décision de débrancher ou non les patients des appareils de maintien des fonctions vitales », a commenté le Dr Anat Arzi, qui a dirigé les recherches. En ce qui concerne le traitement, « si l’on juge qu’un patient est inconscient et ne ressent rien, les médecins ne peuvent pas lui prescrire les analgésiques dont il pourrait avoir besoin ».
Le « test de conscience » mis au point par les chercheurs – en collaboration avec le Dr Yaron Sacher, chef du service de rééducation des traumatismes cérébraux à l’hôpital de rééducation Loewenstein – repose sur le principe selon lequel le flux d’air nasal change en réponse à l’odeur ; par exemple, une odeur désagréable entraînera des reniflements plus courts et moins profonds. Chez l’homme en bonne santé, la réaction au reniflement peut se produire inconsciemment à la fois pendant l’éveil et le sommeil.
L’étude a porté sur 43 patients atteints de lésions cérébrales à l’hôpital de réadaptation Loewenstein.
Réaction au reniflement
Les chercheurs ont brièvement placé des bocaux contenant diverses odeurs sous le nez des patients inconscients, notamment une odeur agréable de shampoing, une odeur désagréable de poisson pourri ou aucune odeur.
Dans le même temps, les scientifiques ont mesuré avec précision le volume d’air inhalé par le nez en réaction aux odeurs. Chaque bocal a été présenté au patient dix fois dans un ordre aléatoire pendant la session de test, et chaque patient a participé à plusieurs sessions de ce type.
Étonnamment, tous les patients qui ont été classés comme étant dans un « état végétatif », mais qui ont réagi au test de reniflement ont ensuite repris conscience, même si ce n’était que de façon minime », a indiqué M. Arzi dans le communiqué. « Dans certains cas, le résultat du test de reniflement était le premier indice de la reprise de conscience de ces patients – et cette réaction a été observée des jours, des semaines et même des mois avant tout autre signe. »
De plus, la réaction aux odeurs a permis de prédire avec une précision d’environ 92 % qui survivrait pendant au moins trois ans, selon la déclaration.
« Le fait que le test de reniflage soit simple et potentiellement peu coûteux le rend avantageux », a-t-il ajouté. « Il peut être effectué au chevet des patients sans qu’il soit nécessaire de les déplacer – et sans machine compliquée. »