Un webinaire de l’UNESCO contre l’antisémitisme suite à la pandémie
Selon l'un des intervenants, l’implication des jeunes permettra de mieux lutter contre le phénomène, qui a encore augmenté suite à la pandémie
Le 23 juin dernier, les secteurs Éducation et Sciences sociales et humaines de l’UNESCO ont organisé un webinaire sur le thème de l’antisémitisme – qui a connu une recrudescence suite à la pandémie decoronavirus.
Plusieurs responsables internationaux y ont participé : Ahmed Shaheed, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion ou de conviction (Maldives), Günther Jikeli, Professeur de la Chaire Erna B. Rosenfeld de l’Institut pour l’étude de l’antisémitisme contemporain, Université de l’Indiana à Bloomington (Etats-Unis), Vanessa Hites, Corps diplomatique juif du Congrès juif mondial (Chili), et Pamela Malewicz, Sous-Secrétaire pour les droits humains et le pluralisme culturel, à Buenos Aires (Argentine).
Selon Günther Jikeli, la récente hausse de l’antisémitisme n’est pas une coïncidence. « L’antisémitisme est souvent un sentiment ou une façon de penser latente. Les situations de crise et d’incertitude, telles que celle que nous connaissons actuellement, sont particulièrement propices au déclenchement de l’antisémitisme, les Juifs étant blâmés pour ce qui se passe », a-t-il affirmé.
Ahmed Shaheed, auteur du premier rapport de l’ONU sur l’antisémitisme (Combattre l’antisémitisme pour éliminer la discrimination et l’intolérance fondées sur la religion ou la conviction) a affirmé que, durant la pandémie, « il y a eu de nombreux signalements de violences et de discrimination (…) et d’autres formes d’impact disparate sur les minorités, y compris sur les personnes d’origine asiatique, les réfugiés, les demandeurs d’asile, les migrants et les minorités religieuses, ainsi que sur d’autres groupes exposés à la stigmatisation et à la discrimination, tels que les personnes LGBTQ. Cela inclut une prolifération accrue des théories complotistes et de la recherche de boucs émissaires, faisant le lien entre la pandémie de COVID-19 et la haine antisémite, antimusulmane, antichrétienne, antiroms, et ainsi de suite. »
Afin de lutter contre le phénomène, Pamela Malewicz a expliqué que sa ville de Buenos Aires « avait adopté une approche holistique, travaillant en étroite collaboration avec des institutions culturelles et des musées comme le musée de la Maison d’Anne Frank et de l’Holocauste à Buenos Aires, avec la société civile, les communautés juives ainsi que des groupes de jeunes, afin de combattre les formes passées et présentes de l’antisémitisme ».
Vanessa Hites a elle appelé à l’implication des jeunes. « Les jeunes ont une réelle opportunité de façonner le monde post-COVID. Non pas en adoptant des comportements lâches, à l’abri de leurs écrans ou dissimulés au sein de grandes foules, mais en assumant un rôle actif, en s’exprimant et en engageant un dialogue avec des décideurs plus chevronnés », a-t-elle déclaré.
Fin juin, un rapport des chercheurs du centre Kantor, de l’université de Tel Aviv, rappelait que la pandémie actuelle « a libéré une vague mondiale unique d’antisémitisme ».